Interco en fusion : Garder la tête froide grâce aux outils collaboratifs.
Les schémas de coopération intercommunale sont arrêtés depuis le 31 mars dernier entraînant une réduction de 40% du nombre d’EPCI (Etablissement public de coopération intercommunal). Selon la Direction générale des collectivités locales, au 1er janvier 2017 la France comptera 1 265 intercommunalités contre 2 062 aujourd’hui. Ce redécoupage soulève de fortes des inquiétudes chez les élus comme chez les agents. Cependant, cette réforme présente une opportunité historique de réinventer la coopération intercommunale sur la base de méthodes de travail plus collaborative.
A écouter les élus, les fusions issues de la loi NOTRe (Nouvelle Organisation du Territoire de la République) sont loin de faire l’unanimité. Dans de nombreux départements, elle est source de conflits entre les collectivités et le préfet, notamment sur la méthode. Pour les représentants de la Communauté de commune Coeur Lauragais en Haute-Garonne, si la fusion s’apparente à « un mariage forcé imposé aux élus sans aucune concertation », ils réclament surtout au préfet « du répit et plus de temps pour mieux réfléchir à ce projet de coopération intercommunale ». Dans ce contexte, le sénateur Jacques Mézard a présenté au mois de février dernier une proposition de loi pour rallonger d’une année supplémentaire le délai d’entrée en vigueur des nouvelles intercommunalités. Cette proposition de loi a été adoptée au Sénat est actuellement examinée à l’Assemblée Nationale.
Du temps pour réussir la fusion semble être aujourd’hui la principale revendication des élus qui doivent faire face à des défis politiques, territoriaux, organisationnels et managériaux sans précédents.
Sur le plan politique, une fois réglée la question des compétences de la nouvelle structure, l’EPCI devra apprendre à fonctionner avec une assemblée pouvant compter plus de 100 délégués. Ce changement d’échelle est un véritable challenge pour la nouvelle équipe de direction qui devra trouver un processus décisionnel efficace tout en respectant les nouveaux équilibres politiques et territoriaux.
Au niveau territorial, la nouvelle intercommunalité devra veiller à conserver une relation privilégiée avec chacune des communes membres. La marginalisation des plus petites communes et des villes périphériques est un risque réel qu’ont bien compris leurs représentants. Le futur exécutif et les services de l’intercommunalité devront veiller à maintenir un dialogue permanent avec toutes les communes de manière à fédérer les énergies autour du projet communautaire. Cette préoccupation centrale doit se traduire par un exercice quotidien de collaboration et de mise en réseau des élus et des services de toutes les collectivités.
D’un point de vue organisationnel et managérial, de nombreuses questions se posent et sont sources de stress chez les agents. Selon l’AMF (Association des Maires de France) « il y a une réelle inquiétude concernant les problèmes techniques de mise en œuvre en raison des délais trop courts imposés ». Les principaux points de questionnements sont l’organisation du travail sur plusieurs sites géographiques, les incertitudes en termes de carrière et l’harmonisation des outils et des méthodes de travail. Dans les intercommunalités en cours de fusion ces questions sont actuellement discutée. En toile de fond de ces débats se pose le problème de la construction d’une culture commune au sein des services de la nouvelle intercommunalité.
On le voit bien, la communication et la collaboration devront être placées au cœur des réponses apportées par les élus pour réussir la mise en place de la nouvelle collectivité. Les outils collaboratifs numériques proposent des pistes innovantes et économes pour relever ces challenges et poser les bases d’une organisation plus participative. En imaginant un espace numérique de travail qui réunirait les élus, les agents mais aussi les partenaires de la collectivité, les échanges et la communication seraient simplifiées. L’intercommunalité associerait plus facilement les différents acteurs à ces projets tout en limitant des réunions toujours difficiles à organiser sur un vaste territoire. Plus important encore, par la mise en réseau, l’outil numérique deviendrait un trait d’union entre tous les acteurs du territoire permettant l’émergence de méthodes de travail communes.
Le numérique est un vecteur efficace d’intégration territorial dans le cadre des fusions intercommunales. Le sujet mériterait d’être poussé par les élus dans la phase de construction de la nouvelle collectivité. En 2017 il sera déjà trop tard…