Interview du Pr Gérard Ostermann

Comme chaque semaine, je vous présente un de nos intervenants.

Pr Gérard Ostermann | Professeur de Thérapeutique, Médecine Interne, Psychothérapeute, Praticien EMDR Europe

Qu'est-ce qui fait la spécificité du Congrès Mimethys par rapport à d'autres dans ce domaine ?

 C'est toute la différence qui existe entre le miel d'acacia et le miel toutes fleurs !

Dans un monde où l'activité humaine ne cesse de maltraiter l'environnement et malmène l'individu, les crises économiques et sociales se succèdent, comment rester lucide sans être désespéré ? Sans un minimum de liens et d'échanges, nous nous desséchons, comme une plante privée d'eau. L'homme devient un Je au contact du Tu comme le propose Martin Buber ou comme l'écrit Gaston Bachelard : le moi s'éveille par la grâce d'un toi. Ce congrès qui s'inscrit dans une vision écosystémique et constitue une école du regard dans la clinique de la relation.

En quoi ce thème de S'accorder, Cocréer, Transmettre, le lien humain au cœur de la thérapie, est d'actualité aujourd'hui ?

Malgré les vagues et les tempêtes à la surface du monde, le fond de l'océan est tranquille et silencieux. Il est essentiel de nous rappeler qu'il y a en nous aussi un endroit où ça va bien, où l'on peut être en paix. S'accorder, cocréer, cela exige du thérapeute comme du patient de trouver leur équilibre dans le présent de la relation au cœur de la complexité de la relation humaine et du monde qui leur échappe irrémédiablement. La question est de situer la relation : elle est première en apparence, mais elle est seconde en réalité. Ce qui est premier c'est le rapport de chacun des protagonistes avec le flux de la vie ou le flot de la vie et comme le suggère François Roustang il n'y a pas de rencontre entre eux, si ce n'est dans ce flux, chacun y ayant sa place singulière.

De quoi allez-vous parler lors de ce colloque ?

Lier-délier-relier : les gens arrivent avec une pelote de ficelles, de complexités, de nœuds, de différentes choses et il est prudent d'éviter que l'explicatif ne recouvre l'exploratif.  

Au fond l'enjeu de la thérapie c'est de de-sémantiser, de créer de l'espace, de l'entre deux. On est dans la déliaison dans un premier temps et ensuite on retisse du lien à nouveau.  On recrée un lien qui n'est plus un lien à 2 brins (Je-Tu) mais qui est à 3 brins (Nous). C'est l'idée de la Présence ou du Soi qui est derrière, au sens presque Jungien qui fait qu'il y a un 3ème terme qui apparait dans une relation quand elle est vivante.

De l'importance et de la complexité de la Rencontre avec mon ami le Professeur Gérard Reach.

Quel conseil donneriez-vous à un praticien aujourd'hui ? 

Ce n'est en ne voulant rien, en ne pensant rien en ne sentant rien, c'est-à-dire en mettant son vouloir, sa pensée, son sentir, en l'état d'indétermination que le thérapeute ouvre au maximum le champ des possibilités. C'est une manière paradoxale d'inviter le praticien à quitter le stéréotype habituellement utilisé de la relation duelle, agissant comme amplificateur d'une expérience qualifiée d'intérieure ou de psychique.

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