"J'ai retrouvé la peau de chagrin au musée Balzac à Paris!"
Il traine toujours sur sa table de travail d'un écrivain, d'un journaliste, d'un amoureux... un talisman délicat ou un pacte faustien qui diabolise l'écriture, l'entraine ou l'enchaine dans la rédaction d'une correspondance littéraire, philosophique, épistolaire. Cette peau de bête n'a certes pas sa place au coin d'un feu de cheminée mais plutôt sur un mur de bureau, épinglée avec délicatesse sinon elle se réduirait invinciblement par un usage intempestif.
Cette invention de la peau animale représente pour Honoré de Balzac la vie.
De retour de ma visite dans ce musée solitaire, des alentours de la rue de Passy, j'ai souhaité diner dans un restaurant artistique et intellectuel, une sorte de cabaret aux murs recouverts de tableaux authentiques de Picasso, Matisse...Un lieu pas tape-à-l'oeil, il va sans dire, avec un homme distingué qui porterait un costume d'un grand couturier, pour voir vraiment si mon désir serait exaucé et ferait réduire cette peau. Mon envie vitale de posséder un vrai Picasso et non sa réplique en tapisserie sur un cousin de la réunion des musées nationaux!
Inutile de dire que mon voeu ne s'est pas accomplit. Peut être que je n'y avais pas mis assez d'intensité? Je réfléchissais à cette peau si symbolique du parcours de Raphaël de Valentin dans un Paris ou rode encore le personnage de Rastignac. Faut-il vraiment que je cherche absolument à tout posséder, acheter pour satisfaire ma "collectionnite" d'antiquaire-conservatrice et être heureuse?
"Si tu me possèdes-tu possèderas tout mais ta vie m'appartient"
"Tu mourras lorsque le porte-bonheur ne sera pas plus gros qu'une tache de sang!"
Je sais que toute chose a un prix élevé et que le bonheur perpétuel n'existe pas.
Je sais que je ne souhaite pas mourir comme Raphaël de Valentin rongé par l'amertume. Non je préférerais partir foudroyée par le désir de vivre encore et encore pour apprécier les beautés du monde. Tout les matins du monde.
Jeanne Villeneuve
Historienne de l’art | mise en valeur de la culture d'entreprise et du patrimoine | critique d'art
8 ansla vraie peau de chagrin !