Je crois que j'ai eu un orgasme...

La semaine dernière, il faisait sombre et humide.

Vous me direz, c’était l’heure du diner et nous sommes toujours coincés au milieu de ce printemps déprimant et pluvieux. Jusque-là donc, rien de très anormal.

La journée n’ayant pas été particulièrement  exceptionnelle, mon livre de cave et moi avons pris quelques minutes pour réfléchir à la meilleure façon de se faire plaisir et d’accompagner le confit de canard de Tatie. Tatie nous offre tous les ans à Noël un canard gras qu’elle a structurellement modifié pour le faire passer de sa champêtre basse-cour à de jolis petits bocaux en verre. Je ne suis pas sûr que ce soit très agréable pour le canard, mais nous, on adore ! Le livre de cave n’étant pas très à jour (bouh ! la honte !), une descente de recherche d’inspiration vers la cave s’imposait. Bon, alors, avec ce confit de canard…. un madiran 1998 de chez Berthoumieu… un médoc 2001 des Ormes Sorbets… un Côtes de Gascogne Grande Réserve 2003 de chez Chiroulet peut-être… Tannat, cabernet, merlot ?

Merlot, tannat, cabernet ?

Cabernet, merlot, tannat ?

L’arbitrage était difficile. Le fruit rouge du merlot, la structure puissance du tannat, le classicisme du cabernet sauvignon ? Perdu dans mes pensées profondes, je n’ai pas vu ce con de chat se faufiler dans la pénombre du local. Alors je lui marchais légèrement sur la queue, il produisit ce bruit typique de chat vexé, à mi-chemin entre la panthère africaine et la porte de prison mal graissée. Ça m’a foutu une de ces trouilles ! J’ai cru que j’allais lâcher tous mes flacons ! Le félin étant parti se réfugier du côté des Languedoc, sa capture nécessaire avant expulsion de la cave me conduisit sur le chemin des Terrasses du Larzac. Tiens, L’infidèle 2007. Mas Cal Demoura. C’est pas bête, ça… Syrah, grenache, mourvèdre, carignan, cinsault. On n’était plus vraiment dans le Sud-Ouest mais l’idée était tentante. Le chat, la bouteille et moi sommes donc remontés fissa car le canard avait terminé son passage dans la graisse chaude où il avait rencontré des pommes de terre en tranches. Deux grands verres à vin rouge, un peu de sel de Guérande, du poivre du moulin…

Au premier nez de fruits rouges et de bois fin, mes poils se sont dressés sur ma peau.

A la première gorgée, je me demande si je n’ai pas eu une sorte de micro-orgasme…

Dommage, c’était la dernière.