Je suis malade et alors ! Manager l’invisible !

Imaginez-vous, un matin comme les autres. Vous êtes en pleine réunion, votre tête tourne soudainement, la pièce semble s’effondrer autour de vous, vous transpirez. Vous vous accrochez à la table, vous priez pour que ça passe. Personne ne le voit, personne ne le sait, mais à l’intérieur, vous êtes en pleine crise. C’est ce que j’ai vécu, encore et encore, pendant des années.

La maladie de Ménière, vous connaissez ? Probablement pas. C’est une maladie invisible. Pas de plâtre au bras, pas de béquille, pas de trace extérieure. Et pourtant, elle est bien là. Elle a bouleversé ma carrière, mes ambitions et ma manière de manager.

J’ai ressenti les premiers symptômes vers 27 ans : des vertiges rotatoires violents, comme si tout tournait à mille à l’heure autour de moi. Chaque crise me clouait sur place, incapable de bouger ou de réfléchir. Pendant 3 ans, je ne savais pas ce que j'avais, et chaque jour au travail devenait une lutte car en plus de ces crises je perdais l’audition et avais le sentiment de vivre dans un bateau.

Pourtant, à cette époque, je n’en ai parlé à personne sauf aux personnes qui m’avaient questionné. Pourquoi ? Par peur d’être perçu comme faible, comme "moins performant". Jusqu’au jour où je n’ai plus eu le choix : 3 mois d’arrêt. Trois mois où j’ai dû accepter une réalité que je voulais fuir.

Quand je suis revenu, j’ai décidé de changer d’approche. J’ai choisi de parler. Pas pour me plaindre, mais pour expliquer. J’ai expliqué à mes collègues, à mes équipes, à mes clients ce que je traversais. Et contre toute attente, ils ont compris.

En partageant mes difficultés, j’ai appris une chose essentielle : la vulnérabilité n’est pas une faiblesse. Elle est une force. Elle humanise. Elle crée des ponts entre les gens.

Ce que cette maladie m’a appris dépasse largement mon cas personnel. Aujourd’hui, je voudrais poser une question simple : comment gérez-vous l’invisible dans vos équipes ?

Car il n’y a pas que la maladie de Ménière. Il y a les maladies invisibles en général, les douleurs chroniques, les troubles anxieux, la charge mentale des aidants… Tous ces combats que l’on mène en silence. En tant que manager, votre rôle est d’être attentif à ces signes qui ne se voient pas toujours.

1. Créez un climat de confiance. Vos collaborateurs doivent sentir qu’ils peuvent parler sans peur d’être jugés. Cela commence par votre propre transparence.
2. Ne jugez jamais sur les apparences. Un comportement inhabituel cache souvent une raison que vous ignorez. Prenez le temps de poser des questions.
3. Soyez flexible. Laissez de la place pour les aménagements nécessaires. Cela peut faire la différence entre une équipe démotivée et une équipe engagée.

J’ai choisi de parler de la maladie de Ménière parce qu’elle est peu connue. Mais mon message va au-delà : chaque personne que vous managez est un être humain avec ses forces, ses failles et ses luttes invisibles. Votre responsabilité, en tant que manager, est de voir l’invisible, de l’écouter, de l’accepter.

PS : Si parmi vous certains sont atteints par la maladie de Ménière, n’hésitez pas à me contacter en privé, je serai ravi d’échanger à ce sujet. En tout cas vous n’êtes pas seuls !