Êtes-vous un souleveur de pierre?
Plus jeune, j’imagine que vous aimiez prendre une pierre plate, vous positionnez face à l’étendue d’eau, entreprendre la motion du lancer, et battre votre propre record de bonds sur l’eau.
Les ondulations aquatiques, c’est bien beau, mais moi, je préférais soulever des roches dans les petits ruisseaux à l’eau trouble.
Pourquoi?
Pour y chasser l’écrevisse c’t’affaire! En avez-vous déjà vu une? Touché une? Aviez-vous déjà entendu ce mot au moins?
Pendant que d’autres regardaient l’horizon, je préférais me mettre les mains dans l’eau pour découvrir et aussi pour avoir une petite dose d’adrénaline à la vue de cette petite bête dont on n’est jamais vraiment certain et confiant. Défis, challenges, curiosité, apprentissage à la tâche, et surtout compréhension face à une nouvelle problématique.
Ce n’est pas parce que tu soulèves la roche et que tu y trouves quelque chose que tu seras en mesure de mettre la main dessus aussi facilement. Surtout pas dans un environnement qui n’est pas le nôtre. L’écrevisse n’est pas plus folle qu’une autre, elle se sauve et va se cacher sous une autre roche.
Au travail, combien de fois avez-vous été informé d’une problématique, et qu’au même moment vous avez réalisé que cette problématique en soulevait une autre? Pire encore, que la résolution d’une problématique majeure avait engendré de nombreuses petites problématiques que vous n’aviez pas anticipé?
Le merveilleux monde du travail n’est pas linéaire. C’est nous qui le devenons dans nos fonctions et dans notre façon d’aborder les choses.
Parfois, quand certains virent une roche, ils se disent qu’ils auraient mieux fait de ne rien faire ou de ne pas le savoir.
Pourtant, c’est stimulant; c’est décontenançant; ça nous sort de notre zone de confort et ça nous pousse à réfléchir.
La routine, c’est mortel comme vous le savez!
En vieillissant, on se définit et en travaillant, on réalise que notre passé, et surtout notre enfance, ont forgé qui nous sommes aujourd’hui et comment nous réagissons, ou du moins, comment nous approchons les choses, les situations et les événements. Même les plus anodins.
En entrevue face à face, on ne se mentira pas, beaucoup de recruteurs prennent une décision basée sur notre capacité et adaptabilité au changement -connaissent-ils TOUS au moins la portée du changement dont ils parlent…-.
Nos réactions en disent longs sur qui nous sommes, sur ce que nous sommes prêts à faire, et sur notre degré de tolérance au stress.
Pour moi, chaque journée en est une de gestion de changement.
Chaque jour m’amène son lot d’aventures, de surprises, d’histoires à m’en disloquer la mâchoire. Soulever des pierres, j’aime ça!
Chaque jour, je suis appelé à réagir, et mes réactions déclenchent une suite d’événements. Ce qui m’empêche de demeurer statique et immobile, face à une roche sous laquelle il n’y a plus rien depuis longtemps.
Ce qui est bien avec la chasse aux écrevisses, c’est que nous devons nous rouler les manches pour parvenir au résultat escompté. Tout comme nous devons nous rouler les manches au travail lorsqu’un évènement soudain arrive et qu’il faut réagir.
Lancer des pierres sur l’eau me détend 2 minutes, mais après, je dois soulever des roches, et qui sait ce que j’y trouverai. Au moins, j’aurai continué d’avancer de défis en défis.
Je suis un souleveur de roches! Et vous?