Je vous demande de vous arrêter

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Que s'est-il passé le 10 avril 2017 ?

A Rome, Uber s’est vu interdire par un tribunal italien d’exercer ses services dans l’ensemble du pays, exception faite d’Uber Eats, le service de livraison de repas. Le tribunal a considéré que la plateforme de VTC constituait une concurrence illégale pour les taxis. Le groupe californien a 10 jours pour arrêter toutes ses activités en Italie sous peine d’astreinte de 10 000 euros par jour par infraction constatée et 100 euros pour les conducteurs partenaires. Uber va (évidemment) interjeter appel de la décision.

Qu'est-ce que ça veut dire ?

La start-up californienne n’en finit plus de voir son existence contester pays après pays par tout à la fois les tribunaux nationaux et les fédérations ou syndicats locaux de taxis. En disruptant, c’est-à-dire en transformant brutalement, le fonctionnement traditionnel et ancien du transport de personnes tel que les taxis l’exerçaient, Uber s’est fait beaucoup d’ennemis en même temps que la société voyait le nombre de clients se multiplier et qu’elle créait des milliers de nouveaux entrepreneurs individuels, les chauffeurs indépendants. La liste de pays ayant interdit Uber ne cesse de s’allonger tant en Asie qu’en Europe ou en Amérique du Sud : Corée du Sud, Taïwan, Hongrie, Bulgarie, Danemark, Italie, Finlande et Argentine font partie des pays ayant d’une façon ou d’une autre interdit Uber. A cela, il faut ajouter les zones où Uber a rencontré un échec tel que la société en est partie au premier rang desquels la Chine – où la société a perdu plus de 2 milliards de dollars – et certaines des plus grandes villes d’Allemagne.

Pourquoi devrais-je y prêter attention ?

Avec du recul : l’uberisation du travail n’a pas encore trouvé son modèle économique

Uberisation – tiré du nom Uber compte tenu de sa notoriété planétaire – définit le fait d’utiliser les nouvelles technologies pour utiliser ou fournir, selon que l’on est client ou fournisseur, des services à la demande.

Ce schéma qui s’est généralisé à très grande vitesse en moins de 10 ans – Uber a été créé en 2009 seulement – repose notamment sur une très grande flexibilité des ressources humaines fournissant le service. En étant indépendants et non-salariés, contrairement à ce qu’une entreprise classique ferait, les individus fournissant le service coûtent beaucoup moins cher à la plateforme de mise en relation, représentent un coût variable, sont interchangeables et ne sont censés être que des « partenaires » extérieurs bénéficiant d’un apport d’affaires.

Dans ce schéma de fonctionnement, les travailleurs indépendants – les chauffeurs VTC dans le cas d’Uber – bénéficient généralement de couvertures sociales beaucoup plus réduites que s’ils étaient salariés. Cette indépendance rime donc souvent avec précarisation des conditions de travail.

Dans le même temps, le modèle financier de ces plateformes de mise en relation qui transforment des pans entiers de l’économie reposent :

1/ la conquête de tout le marché pour imposer ses conditions ;

2/ le prélèvement d’un pourcentage du chiffre d’affaires généré pour les travailleurs indépendants de l’ordre de 20% à 30% - une logique discutable quand on remarque que le travail fourni pour apporter à un chauffeur une course à 8 euros est le même que celui pour une course à 45 euros vers un aéroport ;

3/ une optimisation fiscale à toute épreuve ;

En outre, ces plateformes mettent en œuvre un marketing agressif à coup de cadeaux financiers en subventionnant les premières commandes des nouveaux clients. En cassant les coûts du côté fournisseurs – les chauffeurs par exemple -, les plateformes comme Uber subventionnent en fait le consommateur pour une activité qui n’est pas rentable en l’état. L’objectif à atteindre pour un groupe comme Uber est de devenir incontournable et d’atteindre une telle économie d’échelle que les profits se font alors jour.

Si les clients de sociétés comme Uber sont contents, c’est parce qu’ils utilisent un service à un coût inférieur à son coût réel tandis que les chauffeurs voient leur situation financière et sociale se dégrader. Un schéma qui constitue une forme de fuite en avant dont la fin est très incertaine, la situation financière d’Uber soulevant régulièrement des questions.

Que s'est-il passé depuis ?

Deux mois après le départ fracassant de son PDG et fondateur, Travis Kalanick, Uber pourrait confier sa direction à une grande figure du capitalisme américain, Jeff Immelt. Apprenez-en plus ici --> http://bit.ly/2v5b0Vh

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