JESUS, GENERATION Y

JESUS, GENERATION Y

C'est une réunion qui sent la fin d'année. Le genre de réunion dans laquelle on est physiquement présent, mentalement déconnecté et professionnellement attentif autant qu'il le faut. On passe en revue avec quelques responsables RH et managers les projets de formation pour l'année suivante. Du classique que l'on concluera par l'intégration de tous les projets dans une matrice dont l'intelligente conception laissera penser qu'un très gros travail amont a été réalisé et non une simple discussion collective à bâtons rompus. Bref, le quotidien bat son plein ce matin là. Mais quel que soit l'état de somnolence active, certains mots ont des capacités de gratouillement garanties. J'entends soudain un participant proposer une conférence avec un sociologue spécialiste de la Génération Y, à l'attention de tous ces managers qui n'en peuvent plus de gérer ces jeunes zappeurs permanents, oublieux des hiérarchies, statuts et fonctions, travaillant sur le mode relationnel du copain de toujours, investis à fond jusqu'au désinvestissement total dès que "ça les saoule", etc. Bien m'en a pris de tendre l'oreille car elle perçoit que l'on me demande mon avis. Mon état d'esprit se prêtant à la plaisanterie potache, je propose tout de go de contacter Jésus, qui n'est pas un maçon portugais spécialisé dans la gestion des apprentis, mais celui qui le premier, sur la croix, fit le fameux signe Y. Le bref silence qui s'ensuivit me convainquit d'avoir fait chou blanc, ce qui me convainquit d'être bref et affirmatif : la génération Y, ça n'existe pas.

S'en suivit un débat plus vif que les échanges précédents, qui me permit de retrouver le calme de l'observation et de constater qu'une participante était en train de téléphoner discrètement, que deux autres consultaient leurs mails, qu'un quatrième envoyait un texto et que deux autres encore suivaient les ventes du jour sur leur tablette. J'en était là de l'observation quand le boomerang de la question initiale me revint sous la forme d'une brusque interpellation : "Et le fait qu'ils soient vissés depuis leur adolescence à des consoles de jeux, ce n'est pas une caractéristique de la génération Y ? nous on jouait aux cartes". La rêverie étant propice à l'imagination, mon esprit n'emprunta pas l'escalier et je pus répondre : "Ils ne sont pas plus vissés à leur console de jeu que vous ne l'êtes avec vos tweets, mails et textos aux consolants du Je". Je vis à quelques hagards regards que certains avaient écouté mais pas entendu, à un sourire qu'il y avait eu une écoute compréhensive et à des mines soudain renfrognées que certains avaient décidé d'oublier aussi tôt ce qu'ils venaient d'entendre. Du coup, on ne me demanda pas de préciser ma pensée, qui était que les comportements de la présupposée génération Y n'étaient jamais que des comportements contemporains, qui touchaient tout le monde, avec la seule différence qu'il s'agit pour les plus jeunes de l'environnement de toujours alors que pour les plus anciens il s'associe à d'autres références. Bref, pas de quoi en faire des généralités générationnelles. Mais les catégorisations ayant pour principale vertu de rassurer ceux qui les bâtissent, il fut décidé que Conférence l'on ferait. Mobilisant mon énergie, je notai sur le jour envisagé que je pourrai disposer de ma journée. Vivement la fin de l'année !


Corine VERSINI

Consultante Développement durable des organisations et des compétences i3L Animatrice APM

6 ans

En effet "l'étiquetage" ne fait pas certainement pas avancer la plus vaste question de la capacité à prendre en compte les différences quelles qu'elles soient dans les équipes

Bénédicte Pagano

Docteure en Psychologie Cognitive, Psychologue du développement Accompagnatrice en Insertion et Transition Professionnelle individuelle et collective

7 ans

j'adore!!!

Pascale Adrienne, BOUTTET

Responsable École de la Deuxième Chance Puy de Dôme

7 ans

Personne ne rentre réellement dans toutes les cases, il faut manager tout le monde sur la base de l'écoute et savoir communiquer au mieux avec chacun. Oui, nous sommes tous humains depuis x millions d'années et nos besoins et comportements ont toujours évolué en fonction de nos besoins et de notre environnement ! De fait, les leviers mangera so that toujours les même mais prennent des formes différentes selon les interlocuteurs. Enfin, oui les jeunes entrants ont des comportements consuméristes vis à vis de leur employeur, en même temps ils savent depuis toujours qu'ils devront régulièrement changer d'employeur. Donc logique...

Christine LANQUETIN ROCCHI

CONSEIL FORMATION - MANAGEMENT-COMMERCE- COMMUNICATION- Chargée de projet

7 ans

Je vous rejoins à 100% . J ai vécu la même situation et je vis la même dans beaucoup de formations. Lundi avec des manager de proximité nous avons eu un débat constructif sur le sujet une fois le débat pose je leur ai fait un jeu simple j ai pris les jolis tableaux qui mettent les gens dans les bases j avais masque les générations et je leur ai demandé de cocher leurs aspirations envers leur n+1 et leurs modes de fonctionnement Puis je leur ai demandé leur âge Une fois terminé nous avons regardé les comportements associés Ils ont pris conscience que beaucoup n étaient pas en phase avec la colonne du tableau et que l on ne rentre pas dans une case Stop aux préjugés l humain est bien plus complexe Les seuls outils qui restent applicable ; communiquer écouter pour comprendre, chercher des solutions . Intelligence collective

Maël LE LAY

Directeur de la formation continue chez CLPS L'enjeu compétences

7 ans

Merci. Merci. Merci. Quid de l’attribut dans 2 générations? Quelle lettre? Cela nous permettra-t-il de faire une étude sociologique de nos aïeux d’il y a 26 générations? À 25 ans la génération, on remonte loin à ce rythme. Ce sont les ethnologues qui seront contents...

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