Jusqu'ici...
Sur le chemin du livre à paraitre début 2017 chez Flammarion, co-signé avec Antoine Dreyfus , il y a eu Saint-Etienne-du-Rouvray...
Jusqu’ici…
...Tout va bien. Pas pour le mieux mais bien. Saint-Etienne-du-Rouvray apparait comme une ville en convalescence depuis l’assassinat du père Jacques Hamel, au matin du 26 juillet dans l’église Saint-Etienne, au cœur du centre-bourg historique. Saint-Etienne-du-Rouvray n’a pas le choix. Et doit préserver le « Vivre ensemble ». Ici, on préfère dire « Vivre BIEN ensemble. Si on vit mal, vivre ensemble ça ne veut rien dire ».
Loin de l’image caricaturale décrivant un « village bucolique » dans la campagne, Saint-Etienne-du-Rouvray est une « banlieue rouge » de l’agglomération Rouennaise, à 20 minutes du centre de Rouen en métro. Une municipalité communiste, un « bastion » depuis 1959, qui s’est façonnée sur la diversité, avec près de 30.000 habitants aujourd’hui et qui en comptait plus de 37.000 en 1975. Où le Front populaire fait partie de l’histoire de la ville. Où des immigrés Italiens, Espagnols, Portugais, ont ici construit, reconstruit leur vie, parfois après avoir fuit les dictatures. Où les ouvriers de France ce sont mêlés à ceux arrivés du Maghreb au moment de l’âge d’or industriel des années 60 et 70, dans les usines de métallurgie et de chimie.
Une ville frappée ensuite de plein fouet par la crise économique, marquée par les luttes syndicales, puis la paupérisation de certains quartiers et l’apparition de ghettos. Une ville militante ouvrière, où l’actuel maire, communiste, a été réélu avec un score de 84% dès le premier tour aux municipales de mars 2014. Une majorité communiste, une grosse minorité socialiste, et même quelques membres d’Ensemble et du NPA composent le conseil municipal. Même si l’abstention, ici aussi, grimpe, comme le FN, arrivé en tête du premier tour des régionales en décembre 2015.
Une ville qui se bat pour préserver ses services publics, développer des pôles de dynamisme économique, rénover l’habitat urbain, casser les « cités dortoir », processus entamé au début des années 2000, avec un « projet de ville », toujours à l’œuvre, en cours. Une ville où l’on consulte les « camarades » pour savoir s’ils sont d’accord pour que le maire, Hubert Wulfranc, soit candidat aux prochaines législatives, après la présidentielle. Et où l’on s’étonne lorsque le visiteur s’étonne, parce que c’est normal. Une ville où, comme ailleurs où je suis passé, on demande une reconnaissance effective du vote blanc, même parmi des militants.
Une ville, aussi, où le catholicisme est partie prenante de la vie sociale et prend ses racines dans le progressisme, le PSU, la CFDT et la JOC, plutôt que du côté des traditionnalistes. Où l’église a donné un bout de son terrain pour installer la mosquée.
Ici, il y a eu un séisme, et l’émotion est encore palpable. On sent qu’il faudra du temps. Les bases sont solides, il y a un socle, une histoire collective, une culture de la résistance. Mais l’avenir est un défi, un point d’interrogation.
Journaliste d'information Santé (Hon.)- Past-Président du SAPIG et Vice-président de la FFAP
8 ansBelle vision 💝