Juste aller au bal des oiseaux
Les oies cendrées, au parloir ! Et cessez-le-feu général sur la ligne de front, ouf !...les oies vont enfin pouvoir souffler un peu en février. Le Conseil d'Etat a remis le gouvernement et les chasseurs à leur place pour la 12ème fois en cassant l’arrêté du 30 janvier 2019 qui autorisait un mois de tir supplémentaire que le Ministère de l’écologie avait négocié avec les chasseurs au nom du Président de la République. Et ce en pleine période de migration nuptiale. Les troupes ont donc déposé les armes, les seyants gilets orange au placard, et plié le fusil. Le quota de plomb dans les pâtures et les marais est largement atteint pour cette saison…environ 8000 tonnes/an. Mais il faut de l'énergie combative de la part de la LPO et des associations en général pour enfin revenir à ce fameux bon sens dont chacun se réclame ! On ne tue pas des oiseaux qui cherchent une copine pour se reproduire ! On se calme, comme on dit dans les instances cynégétiques, on attend patiemment le retour d'automne afin de prélever de façon scientifique un nombre raisonnable d'individus. Maintenant qu'on a reçu en cadeau de Noël des radars hors de prix capables de dénombrer le stock de nature sauvage et frissonnante que dame nature dans sa grande bonté a réservé à notre récréation exclusive, qu’on garde les chasses dites traditionnelles, qu’on a diminué de moitié le coût du permis de chasse...l'odeur de poudre va peut-être laisser place aux précoces senteurs du printemps. On se demande bien pourquoi d'ailleurs nos chères oies migrantes s'acharnent à vouloir chaque année revenir faire une petite visite à ce pays qui les aime tant. C'est sans doute que le bon dieu les a faites comme cela, belles, dodues inconscientes et sans frontières.
Le gouvernement voulait donc prolonger la chasse aux oies le mois de février, les gouvernements précédents tentaient de l’autoriser jusqu’au 10 février après la date de fermeture…et « En même temps » la France prétend être exemplaire en matière de biodiversité, se vante d’accueillir le GIEC de la Biodiversité à Paris fin mars et le Congrès mondial de la nature de l’UICN en 2020 à Marseille. Comme quoi on peut être Européen et s’essuyer les pieds sur la Directive Oiseaux qui dit que les Etats membres ne doivent pas chasser les oiseaux migrateurs de retour sur leurs lieux de nidification.
Qu’importe si les chasseurs sont incapables de distinguer les trois espèces d’oies après le 10 février, s’agissant pour grande partie d’une chasse de nuit.
En fait, ceci est révélateur de la politique environnementale actuelle qui sent bien sur que le vieux monde est trop chaud, que les glaciers sont en pleurs, que la biodiversité mère de toute vie, donc la nôtre, est en mode dégradé. L’Homme ne pourra pas s’extraire de la nature avec de l’intelligence artificielle, des algorithmes ; le vrai disruptif comme on dit joliment aujourd'hui est dans nos cerveaux, dans cette révolution copernicienne angoissante pour les conservateurs que nous sommes tous un peu et enthousiasmante pour ceux qui veulent trouver les ressources ensemble pour rebondir, ce que souhaite vraiment notre jeunesse. La fraternité a pris un coup dans l’aile comme les oies cendrées mais la coopération ça c’est du présent, de l’avenir, du positif. Que la France cocorico devienne un ball-trap et un stand de tir permanent, non ! On veut juste admirer une partie de la beauté du monde qui ne cause aucun dégât à nos cultures, juste aller au bal des oiseaux.
Denis Cheissoux
*Union internationale pour la conservation de la nature
Avocat honoraire
5 ansNécessité fait loi, salutaire décision du CE !
Environmental Consultant / Pelagos Ambassador
5 ansOui...! Hélas..! On n'oubliera pas de le rappeler a la veille des européennes. On constate juste qu'aujourd'hui c'est très très très très négatif pour ce gouvernement. Est-il possible pour lui de se ressaisir....?