Justificatifs Vérifiables : pilier d’un écosystème durable et équilibré

Justificatifs Vérifiables : pilier d’un écosystème durable et équilibré

Préambule

Le développement d’un écosystème d’identité numérique décentralisé en conformité avec les principes de l’Identité auto souveraine (SSI pour Self Sovereign Identity) ainsi que les spécifications du l’EUDI Wallet est réalisé dans un environnement assurant des interactions sécurisées, transparentes et respectueuses de la vie privée pour la gestion d’identités et de justificatifs numériques vérifiables. Trois rôles principaux sont définis au niveau de cet écosystème :

  1. Émetteur : Responsable de l’émission des justificatifs vérifiables.
  2. Détenteur : Dit aussi titulaire du Wallet, est celui qui possède et contrôle ses propres justificatifs.
  3. Vérificateur : Entité qui a besoin de vérifier l’authenticité des informations fournies.

Les émetteurs de justificatifs vérifiables jouent un rôle clé en fournissant la “matière première” de cet écosystème. Pour que l’avenir de la décentralisation soit bénéfique pour les trois acteurs principaux de cet écosystème - émetteurs, détenteurs et vérificateurs - et pour accélérer l’adoption de cette technologie, il est essentiel de développer les justificatifs vérifiables dans un contexte équilibré et durable.

Bien que cette technologie présente un potentiel significatif, son adoption semble freinée par l’absence de modèles économiques viables pour les différentes parties prenantes. Cette publication vise à offrir un décryptage des rôles de chaque acteur et des principaux défis associés à l’implémentation des justificatifs vérifiables.

Pour illustrer ces points, je vous propose une analyse macroscopique de la figure ci-dessous. Celle-ci présente Infogreffe dans le rôle d’émetteur, responsable de fournir des justificatifs concernant une personne morale. Ces justificatifs contiendront des informations spécifiques, telles que les dirigeants de l’entreprise, les bénéficiaires effectifs ou l’adresse de l’entité.

 NB. : L’ARF l’Architecture Reference Framework (ARF) se concentre davantage sur la définition du PID, bien que l’eIDAS2.0 comprend bien aussi la notion d’identité des personnes morales. L’identité numérique de ces dernières fait partie intégrante de la réglementation, leur mise en œuvre n’a pas encore été définie.

Pour les personnes morales en parle de LPID (Legal Person Identification Data). Ils comprennent les attributs de l’identité des personnes morales, comme le n° d'immatriculation au RCS, nom du dirigeant, forme juridique, capital social, etc.


Processus de demande et détention des justificatifs vérifiables 

Comme le montre cette même figure, les entreprises peuvent solliciter ces justificatifs directement auprès d’Infogreffe ou via un fournisseur de QEAA (Qualified Electronic Attestations of Attributes). Une fois ces justificatifs obtenus, le Représentant Légal de cette entreprise devient le détenteur, via son Wallet (Organisation Wallet), de ses propres informations, ayant ainsi la capacité de contrôler les données qu’il partage avec la banque.

 

Vérification des justificatifs vérifiables et protection de la vie privée

Le vérificateur - pour notre cas, il s’agit d’une banque - entité ayant besoin d’informations fiables sur une entreprise, peut alors demander ces justificatifs directement aux détenteurs, sans intervention de l’émetteur. La confiance dans l’authenticité des informations repose sur les signatures numériques qui seront apposées, dans l’écosystème d’une SSI, par Infogreffe (l’émetteur), lesquelles permettent au vérificateur (banque) de confirmer l’intégrité et l’exactitude des justificatifs fournis.

Pour préserver la vie privée, aucun échange direct n’a lieu entre le vérificateur (banque) et l’émetteur (Infogreffe) lors de cette vérification. Infogreffe ne sait donc pas à qui ses justificatifs sont transmis, protégeant ainsi la confidentialité du détenteur (Représentant Légal) du Wallet .

 

Défis de l’adoption de la technologie des justificatifs vérifiables 

1. Les bénéfices pour les vérificateurs - une adoption naturelle

Pour les vérificateurs (banques) qui contrôlent les informations d’identification, les avantages sont immédiatement perceptibles :

Onboarding rapide des clients : La vérification de justificatifs accélère les processus d’inscription et de validation d’identité, réduisant les délais du KYB Onboarding (KYB pour Know Your Business).

Transactions accélérées : En disposant de données vérifiées, les transactions sont plus rapides, limitant ainsi les interruptions et retards dus à des vérifications répétées.

Processus améliorés : La fiabilité des données vérifiées permet aux banques de rationaliser leurs processus internes, optimisant ainsi leur efficacité et leur productivité.

Ainsi, les banques vérificatrices seront naturellement incitées à utiliser cette technologie, car elle améliore directement leurs opérations.

2. Les Défis pour les émetteurs : Un investissement Initial sans incitation évidente

Les émetteurs, quant à eux, se trouvent dans une situation différente. Ce sont eux qui doivent initialement investir pour créer des justificatifs fiables et vérifiables. Cependant, la question clé se pose : quels bénéfices tirent-ils de cet investissement ?

Pour que la technologie des justificatifs vérifiables prospère, il est essentiel que les émetteurs trouvent une motivation économique suffisante à produire ces attestations. Cela implique que les émetteurs doivent être récompensés pour leurs efforts dans la création des justificatifs contenant des données vérifiées de haute qualité.

 3. La solution : rémunérer les émetteurs pour chaque justificatif Vérifié

Une solution potentielle pour résoudre cette asymétrie d’incitation réside dans un modèle de rémunération des émetteurs. En effet, je suis convaincu et je l'espère qu’un modèle où les prestataires délivrant des WaaS (Wallet as a Services) rémunèrent les émetteurs pour chaque justificatif vérifié favorisera l’adoption et la qualité des justificatifs vérifiables.

Les fournisseurs des WaaS peuvent mettre en place un système de monétisation transactionnelle pour ces justificatifs. Concrètement, lorsqu’une banque vérifie un justificatif émis par une autre entreprise (Infogreffe pour le cas de la figure ci-dessus), cette dernière reçoit une compensation financière. Ce modèle crée un cycle économique où les émetteurs seront motivés à produire des justificatifs de qualité, tandis que les vérificateurs profitent d’une expérience de vérification fiable et rapide.

4. Vers un écosystème équilibré et durable

L’avenir de la technologie des justificatifs vérifiables repose sur un écosystème équilibré, dans lequel :

Les émetteurs sont rémunérés de manière juste pour leurs efforts et leur contribution à la production de titres vérifiables.

Les vérificateurs profitent d’une meilleure expérience client grâce à des processus fluides et optimisés.

Ainsi, en équilibrant les incitations pour chaque acteur, cette approche pourrait mener à une adoption plus large de la technologie des justificatifs vérifiables, créant ainsi un modèle commercial durable et un écosystème prospère pour toutes les parties prenantes.

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