King Swen m'a montré la voie.
Je voulais écrire un bilan de 2024, mais je ne savais pas trop par quel bout le prendre. Comment résumer une année si dense ? Par où commencer ? Puis est arrivé le discours de Swen Vincke lors des Game Awards 2024. Et là, tout s’est éclairé.
Swen, en remettant le prix du meilleur jeu de l’année, n’a pas seulement parlé de l’industrie du jeu vidéo. Il a livré un message universel, une leçon qui dépasse largement le cadre des développeurs et des studios de jeux vidéo. Son discours m’a fait réfléchir à ce que nous devrions tous garder en tête, peu importe notre secteur ou nos défis : l’importance de créer avec cœur, de travailler avec intégrité, et surtout d’aimer ce que nous faisons.
Revenir à l’essentiel
Swen raconte que l’oracle lui a confié un secret : les prochains grands succès viendront des studios qui se concentrent sur l’essentiel. Faire des jeux qu’ils veulent jouer eux-mêmes. Pas pour les parts de marché, pas pour satisfaire des objectifs arbitraires ou cramer des formules toutes faites. Ces studios se soucient d’abord et avant tout de leur jeu. Ils respectent leurs équipes. Ils respectent leurs joueurs. Et ils savent que si leurs développeurs s’amusent, leurs joueurs s’amuseront aussi.
C’est une vision si simple qu’elle paraît naïve. Trop simple ? Peut-être. Mais est-ce que ce ne serait pas justement cette simplicité que nous avons perdue ?
Quand la simplicité se perd
Dans tant d’industries, on oublie l’essentiel. La peur du risque, la course au profit immédiat, la recherche de contrôle absolu, et l’obsession pour l’optimisation font perdre de vue ce qui compte vraiment. Ces dynamiques, ces structures, influencent les individus, tout comme les choix individuels perpétuent ces systèmes.
Mais si on s’arrêtait ? Si on se posait les bonnes questions, à tous les niveaux :
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Un modèle à suivre
Des entreprises comme Patagonia montrent que cette approche est possible. Elles ont osé se demander : "Est-ce que ce que nous faisons nous rend fiers ?" Et elles ont choisi d’aligner leurs actions avec cette réponse. Cela demande du courage, de l’honnêteté envers soi-même, et une capacité à sortir des sentiers battus.
La clé est dans la passion
Swen résume tout cela en une phrase : "But above all they cared about their game, because they love games."
C’est là que tout commence : aimer ce qu’on fait, pas pour atteindre des objectifs externes, mais parce que ça nous passionne. Revenir à cette envie sincère de créer, d’inventer, de collaborer et d’explorer. C’est peut-être naïf, mais c’est aussi la base de toute innovation et de tout progrès.
Et si on essayait ?
Et si, pendant une heure chaque jour, nous décidions d’être un brin naïfs et bienveillants ? De nous reconnecter à ce que nous faisons, comme si c’était notre jeu. Non pas pour augmenter nos parts de marché ou satisfaire des chiffres, mais simplement parce que nous aimons ça. Parce que ça nous fait vibrer.
Imaginez l’impact que cela pourrait avoir, pas seulement sur nos projets ou nos équipes, mais sur nous-mêmes, sur les autres, et sur le monde.
Alors, que dites-vous ? Et si on essayait ?
N.B.: Cela dit, être naïf et bienveillant est souvent mal interprété, et peut même provoquer des réactions disproportionnées. L’exemple parfait : les polémiques autour du discours de Swen. L’annonce du jeu de l’année a suscité une vague de colère chez certains fans chinois, particulièrement ceux de Black Myth: Wukong, qui se sont livrés à un review bombing contre le jeu de Swen Baldur's Gate 3. (lire ici)
Cela montre à quel point les intentions, même les plus sincères, peuvent être déformées et devenir des foyers de haine sur les réseaux sociaux. Mais ça, c’est une histoire pour une autre fois…
Sr Art Director
6 j.Si bien dit. Je n’avais pas vu l’intervention de Swen Vincke, mais cette réflexion résonne définitivement avec moi cette année. Ce n’est pas naïf, c’est une évidence : les meilleures œuvres naissent d’équipes engagées sur des projets qui résonnent collectivement . C’est tout l’enjeu, de créer un espace propice à la création et de questionner les briefs et les projets qui trop tombent souvent sur la table.