L’écoconception, un terrain de jeu pour la créativité

L’écoconception est au cœur de l’approche de Studio Formule pour les espaces de travail comme de culture. Si elle est, pour nous, un terrain de jeu créatif, elle permet aussi de fédérer les collaborateurs et l’entreprise autour d’un engagement commun. 

Mais l’écoconception est un apprentissage constant ! Elle invite à se questionner, s’enrichit d’échanges et de partages de bonnes pratiques. On en discute ?

J’ai toujours été très attachée à la notion de bien-être de l’individu dans son environnement. Depuis les cabanes de mon enfance dans la forêt à mes études à Oslo où le soin porté aux intérieurs a été une révélation ! Cela a un impact direct sur mon approche de conception des lieux de travail comme de culture. Aussi la question de l’écoconception me tient-elle à cœur.

Une démarche complexe qui exige beaucoup d’anticipation et de choisir les bons partenaires. Créer de nouvelles pratiques durables est un apprentissage constant et invite à se questionner. C’est pour cette raison que je souhaite ici partager ma démarche, ouvrir le dialogue et échanger sur les bonnes pratiques pour les projets d’aménagement de bureau comme pour les scénographies muséales. 

Pour les scénographes d’exposition, la prise en compte de la dimension écologique n’est pas nouvelle. Depuis quelques années déjà, la question de l’écoconception fait partie des attentes et des critères de jugement des appels d’offres des musées.

Le Studio Formule s’inscrit dans le cadre d’une démarche globale opérée par tous les acteurs de la chaîne de réalisation d’une exposition, permanente, temporaire ou itinérante. Elle s’applique à tous les métiers pratiqués par notre agence : scénographie, conception graphique et architecture intérieure. 

L’écoconception colonne vertébrale de nos projets scénographiques

La dimension écologique est induite dans tous les projets en s’appuyant sur différents leviers.

 Réutiliser l’existant

Pour chacun de nos projets d’exposition temporaire, une analyse de l’existant est réalisée. Objectif : récupérer les ouvrages d’une exposition passée ou d’un stock. À partir des ressources existantes identifiées par la maîtrise d’ouvrage et sur la base de plans et de photographies, nos équipes peuvent inventer une nouvelle expérience de visite. Soit en réutilisant les éléments tels quels, soit en les adaptant pour un nouvel usage.

Par exemple, il y a déjà plusieurs années, pour les expositions « Piaf » ou « Paysage Français », nous avons travaillé à partir des cimaises mobiles et du parc de vitrines mis à disposition par la BNF. Nous avons dessiné un ensemble de vitrines en utilisant les capots en verres existants.

Cela peut s’inscrire dans une programmation d’expositions travaillée en amont. Ainsi, afin de réduire leur impact, l’équipe de Studio Formule avec celle de Studio vaste a conçu simultanément pour le musée du quai Branly - Jacques Chirac la scénographie des trois expositions 2022-2023 « Black Indians de La Nouvelle-Orléans » , « Songlines » et « Ouvrir l’album du monde » .

Nous sommes rodés à l’exercice du réemploi et nous sommes attachés à cette forme de créativité vertueuse !  

Choisir des matières composées de matériaux recyclés et recyclables

Chez Studio Formule, nous sommes constamment à l'affût des nouvelles matières biosourcées et écoresponsables. Nous les sourçons pour pouvoir proposer des matières adaptées au concept scénographique. Il se façonnera en fonction de ces ressources, textiles, matériaux composites, matériaux issus du réemploi (sur site ou hors site). Pour le dispositif itinérant « Le Louvre à la plage / L’archéologie en bulle », nous nous sommes même amusés à concevoir une scénographie entièrement en palettes récupérées et rénovées.

Penser la fabrication autrement 

Le modulaire représente une opportunité pour sa facilité de montage, de démontage et de remontage. Imaginer des systèmes constructifs auto stables et dissociables offre la possibilité de faire évoluer l’exposition en elle-même, de rythmer la scénographie au fil des mois ou de réemployer certains éléments pour les expositions suivantes. 

Nous avons ainsi créé un mobilier entièrement réutilisable pour le Centre des monuments nationaux . Ces structures, autoportantes et autonomes en lumière, ont déjà voyagé de l’abbaye du Thoronet au Château de Rambouillet et à celui de Haroué.

Nous plaçons les assemblages au cœur de la conception. Nous avons travaillé les assemblages mécaniques sans vis ni colle pour optimiser la durée du montage, minimiser la main-d’œuvre et le coût pour les expositions « Grands Singes » au Muséum national d'Histoire naturelle ou encore pour « Espions » à la Cité des sciences et de l'industrie .

Enfin, penser le dimensionnement est incontournable dans la conception. Il s’agit de travailler les structures avec des échelles standards pour une réutilisation simplifiée ; d’adapter les dimensions des mobiliers et cimaises afin de fabriquer en tenant compte des formats bruts des matériaux employés pour éviter des chutes trop importantes. C’est ce que nous avons fait par exemple pour les expositions « Comme en 40 » ou « Dans la Peau d’un soldat », au Musée de l'Armée - Hôtel national des Invalides . 

Jouer avec les supports dédiés au graphisme

Nous envisageons la fabrication graphique de manière raisonnée : recherches de matériaux recyclés, attention portée aux dimensions des plaques dans lesquelles les matières sont découpées, utilisation de typographies économes en encre… Nous évitons autant que possible l’ajout d’un support en intégrant le graphisme directement sur la scénographie.

Anticiper

Être méthodique et s’organiser bien en amont est essentiel pour éviter les aller-retour superflus afin de limiter l’empreinte carbone liée aux transports.

Faire de la veille et partager

C’est un travail d’innovation en continu de chacun. Notre équipe est toujours curieuse des  bonnes pratiques à partager. Ainsi, nous avons suivi avec intérêt l’expérience de nos confrères de l’atelier Agence Scénografia pour la BNF avec un principe de cimaises pérennes et une technique de mise en peinture qui n’altère pas les parois. Bref chez Studio Formule nous avons toujours très envie d’échanger sur ces sujets avec des partenaires et d’autres scénographes.

L’écoconception dans l’aménagement des bureaux : la créativité au service du bien-être 

Ces expériences nous ont beaucoup appris et nous les mettons au service des projets d’aménagement de bureau que nous réalisons. La plupart de nos clients sont convaincus par cette démarche d’écoconception. Pour quelques-uns, encore, il faut expliquer notre approche et la défendre.

D’autres leviers sont ici utilisés  

Rénover en évitant la surcharge de nouvelles matières

Nous regardons comment changer les lieux en conservant au maximum l’existant. Nous privilégions les ressources utilisées plutôt que de revêtir sols, murs et plafonds avec de la matière supplémentaire. Place alors à la créativité pour les transformer, les valoriser et affirmer un style ! Ainsi, pour le siège d’ OGIC que nous avons conçu, le sol initial de l’entrée a été utilisé comme support d’une fresque. Réalisée par l’artiste Nicolas Soulabail inkOj , elle nourrit l’identité et l’image de marque. Au plafond, nous avons choisi de garder la dalle de plafond brute qui signe l’histoire du lieu.

 Être sélectif sur les matériaux

Lorsque nous devons ajouter des matériaux, nous les choisissons en réemploi ou de façon qu’ils s’inscrivent dans un cycle de vie. Par exemple, des dalles de moquette repositionnables pourront, après un premier usage, repartir dans un autre circuit. 

Nous travaillons avec des entreprises locales utilisant des matériaux certifiés. Nous aimons aussi travailler avec de nouveaux matériaux fabriqués avec des composants issus du recyclage. Nous avons ainsi réalisé les crédences de la cuisine d’un espace de travail avec un faux terrazzo de Le Pavé® qui utilise les déchets plastiques pour fabriquer leurs matériaux. 

Nous faisons en sorte de recourir le moins possible à des solvants, de sélectionner des peintures écologiques, des éléments de récupération et des matériaux recyclés. Ces contraintes sont un formidable terrain de jeu pour la créativité. Car le seul domaine où il n’y a pas de réemploi, c’est celui de nos idées pour que chaque lieu soit unique !

Réemployer le mobilier

Il est important de réaliser un travail d’analyse du mobilier de l’entreprise qui peut être conservé dans le cadre d’un déménagement.

La récup’ est le maître-mot et peut réserver de belles surprises. Ainsi, pour le siège d’OGIC, nous avons conçu, pour des bureaux, grâce à notre menuisier, des étagères en plaqué chêne avec le surplus de celles fabriquées pour La Sorbonne !

Si nous devons acheter du neuf, nous sourçons des produits en considérant la provenance, la composition et le mode de production. Mais, le recyclage reste au cœur de notre démarche. Nous avons choisi pour le siège social d’OGIC, des chaises Gravêne faites avec des résidus plastiques. Elles sont originales, confortables et portent les stigmates de ce mode de fabrication avec, dans leur dos, des sortes de spaghettis de plastique fondu !

Transmettre de nouvelles histoires et fédérer

Ces chaises ne plaisent pas à tout le monde et tant mieux ! Cela crée l’occasion d’expliquer d’où elles viennent et l’intérêt du recyclage qui est gravé en elles. Car nous sommes convaincus que la démarche d’écoconception, au-delà d’être vertueuse, enrichit et nourrit l’histoire des espaces que nous aménageons. Elle les rend d’autant plus originaux. Ces matériaux et ces mobiliers ont un passé, un vécu, comme une veste de grand-mère que l’on porte, qui suscite le dialogue, donne du sens et offre une histoire à raconter.

En transmettant un récit singulier et responsable, le lieu permet aussi de fédérer les collaborateurs et l’entreprise autour d’un engagement commun. 

Pour construire un nouveau monde soutenable et désirable, n’est-il pas important que les lieux, de culture, de vie ou de bureau, racontent aussi de nouvelles histoires ?