L'écomodernisme, une nouvelle pensée écologique pour le 21ème siècle

L'écomodernisme, une nouvelle pensée écologique pour le 21ème siècle


Qu’est-ce que l’écomodernisme ?

L’écomodernisme est une nouvelle forme de pensée écologique, décrit par dix neuf chercheurs, universitaires, militants et citoyens du monde entier en 2014. L’écomodernisme repose sur les postulats suivants :

-        L’Homme n’est ni bon ni mauvais, et il est de notre devoir de l’aimer et de le protéger, avant toute chose,

-       Il a développé des outils technologiques extraordinaires qui engendrent la rareté des énergies. Il est responsable de leurs conséquences, et est maintenant capable d’utiliser ces outils pour organiser sa survie dans le respect de la planète. Sa science lui donne le meilleur outil d’analyse critique et d’action

-       L’Homme, dans l’adversité, fait preuve de raison, et qu’il est capable d’avoir un grand sens des responsabilités lorsqu’il est stimulé.

L’écomodernisme est un nouvel humanisme écologique qui veut protéger les hommes et la nature.

En quoi le raisonnement économoderniste est-il différent de l’écologie actuelle ?

Les solutions denses, comme l’agriculture intensive et les énergies fossiles, ont permis de faire vivre 8 milliards d’individus sur Terre. Revenir à des solutions moins denses va de facto augmenter l’emprise de l’homme sur la nature, engendrant un appauvrissement collectif, amener famines et accélérer le réchauffement climatique.

Nous promouvons les solutions denses qui permettent le découplage entre les impacts des activités humaines et la nature. Cette densité permet à l’humanité d’assurer la paix et une relative prospérité pour tous, tout en sauvegardant la nature.

A l’inverse, nous combattons les solutions peu denses promues par l’écologie classique, qui assèchent les finances, créent l’illusion d’avoir agi, et empêchent les investissements dans les solutions définitives qui permettent de stabiliser le changement climatique.

Ainsi, l’écomodernisme affirme qu’il est encore possible, au 21ème siècle, de réconcilier l'entreprise, l'économie et la physique de la Terre.

L’écomodernisme inclut le sens des responsabilités dans ses fondations. Qu’est-ce que cela signifie ?

Le sens des responsabilités est le courage politique nécessaire pour créer les conditions de la réussite du découplage.

Il doit créer le cadre juridique, réglementaire, incitatif, et promotionnel pour accélérer les solutions écologiques et économiques. Les outils technologiques et socio-économiques de l’homme ne se font pas au hasard, l’homme a toujours le choix. L’homme a la capacité de faire ce choix et les orientations avec discernement, responsabilité et sagesse.

Concernant les problèmes auxquels il fait face, l’homme a déjà en mains la plupart des solutions technologiques denses et a le devoir de favoriser l’invention et le développement de celles de demain.

Comment appliquer le concept de densité à l’énergie ?

L’écomodernisme envisage de ne pas développer les énergies extensives, comme le bois, le vent, le soleil, dont l’emprise au sol par unité d'énergie produite est trop forte.

De plus, pour arrêter définitivement les émissions de CO2, l’écomodernisme promeut le basculement des énergies de combustion (déchets, bois, gaz, charbon, pétrole) vers des énergies de fission (uranium et thorium).

En effet, la densité et les réserves permettent d’envisager une prospérité durable à l’échelle de la population mondiale, permettant ainsi d’atteindre des niveaux de décarbonation de 99%, grâce à l'électrification, la production de chaleur et de fuels synthétiques. Les énergies de l'atome, permettront même, à terme, d’envisager de consommer plus de CO2 que l’humanité n’en produit.

Quels sont les impacts économiques de ce basculement ?

L’impact économique est d’une part, la possibilité d’une économie circulaire décarbonée, le multi- recyclage des métaux et plastiques nécessitant beaucoup d’énergie décarbonée.

D’autre part, disposer d’énergie décarbonée abondante permet le découplage presque total du PIB et des émissions de CO2.

Quels sont les conséquences du principe de densité sur l’urbanisme ?

La densité énergétique permet d’obtenir des mégalopoles denses et prospères, permettant d’héberger plus de la moitié de la population mondiale dans seulement 2% de l’espace des Terres, laissant ainsi plus de place aux espaces naturels alentours.

En ce qui concerne l’adaptation climatique, la densité énergétique est essentielle pour obtenir assez d’eau douce, notamment par désalinisation et irrigation. Cela permet l’accès urbain à l’eau potable et à l’hygiène, et l’accès à la nourriture grâce à une agriculture pérenne et stable, qui optimise les terres arables nécessaires. Cela évite ainsi de passer à l’agriculture extensive à base de cheptels dans les zones semi-désertiques.

Quid de l’Homme et de son rapport à la technologie ?

Puisque c’est la Machine qui a engendré l’anthropocène, l’écomodernisme estime qu’il faut changer la Machine et non l’Homme. Il est illusoire et injuste de vouloir changer 8 milliards d’habitants, dont la plupart aspirent à plus de prospérité.

L’écomodernisme est opposé à l’idée de changer l’homme, idée dangereuse, car le 20ème siècle nous a montré que cela mène rapidement à l’autoritarisme. Les changements socio-économiques se font naturellement, suite aux révolutions technologiques.

La prospérité permet d’avoir une marge de manœuvre économique et énergétique pour réagir positivement face aux problèmes posés par le réchauffement climatique et la déplétion pétrolière.

Oui, mais si on produit toujours plus avec un démographie galopante, on ne va pas s’en sortir..

L’écomodernisme affirme que le niveau de vie s’élevant, l’homme aura plus de chance de vivre en paix, car il n’aura pas à se battre pour avoir accès aux ressources.

La marge énergétique, permet de disposer du temps nécessaire pour élever son éducation, et avoir accès à une retraite, modérant ainsi la démographie. Cette démographie atteint un pic puis elle décroit naturellement, à partir du moment où faire des enfants n’est plus la seule solution pour obtenir une aide pour les travaux agricoles forcés, pour la maladie ou la vieillesse.

L’Etat a un rôle majeur pour accélérer cette transition, pilotant avec bienveillance les incitations nécessaires.

La marge énergétique par habitant permet la pérennité du système social et de la prospérité par habitant. Le système social permet la cohésion sociétale, l’augmentation de l’espérance de vie, l’alphabétisation, la baisse de la mortalité infantile et l’égalité homme-femmes. Il permet aussi l’accès à la santé et la retraite, amplifiant le lent déclin démographique, qui permet à son tour de minimiser les impacts de l’homme sur la nature.

Oui, mais il va falloir tout de même faire baisser la consommation des biens, non ?

L’écomodernisme, à l’opposé de l’écologie traditionnelle, affirme que la sobriété est inopérante voire dangereuse.

·       Au niveau économique, elle est inopérante car elle néglige l’effet rebond local comme global.

·       Au niveau climatique, elle est inopérante car elle ne fait que ralentir la Machine sans la transformer, tout en gardant l’ancien monde, ne faisant que retarder vaguement l’échéance climatique.

·       Au niveau social, elle est dangereuse dans un contexte de crise déjà existante, car elle amplifie la dépression, poussant des millions d’habitants vers le chômage de masse, ce qui assèche les finances publiques et empêche ainsi les investissements de décarbonation.

·       Elle sera subie si l’anticipation pour basculer des énergies fossiles vers les énergies fissiles n’est pas suffisante. Le choix sociétal réside dans l’utilisation des ressources fossiles pour apprendre à s’en passer, et non dans la simple réduction de ces énergies sans se préparer à s’en passer.

En résumé, le changement de comportement vers la sobriété, le retour à une économie agraire et extensive de subsistance et le retour à des énergies peu denses sont une régression vers plus d’impact sur la nature, vers l’accélération du réchauffement climatique et vers une désorganisation sociale dangereuse.

Mais l’écomodernisme, prône le gaspillage alors ?

L’écomodernisme ne prône pas le gaspillage, au contraire, il vise l’efficacité, la densité et le recyclage. L’écomodernisme prend également en compte les contraintes géopolitiques, la déplétion pétrolière, et l’effet rebond. C’est la ringardisation d’une technologie qui l’efface du paysage économique, et non la contrainte morale imposée.

Concrètement, comment réussir à mettre en œuvre les solutions écologiques sans se tromper ?

L’homme a le droit à l’erreur et le devoir de changer lorsque ses idées ne fonctionnent pas. Il prône l’empirisme et l’itération comme meilleur guide, pour tester ses propres idées sur le terrain et accepter sans dogme ses erreurs et son ignorance.

Doit-on donc prendre des risques ?

Vue la situation d’urgence, le risque le plus grand est le status-quo engendré par le fameux principe de précaution, prôné par l’écologie classique. Ce principe de précaution est une idée adaptée à un monde qui ne court aucun risque, ce qui est très éloigné de la réalité actuelle.

A l’inverse, le ratio bénéfice/risque est la boussole qui nous permet de prendre les décisions collectives les plus courageuses et raisonnables. L’écomodernisme promeut donc la rupture technologique et la prise de risque rationnelle pour lutter contre le changement climatique.

En conclusion, quelles sont les valeurs profondes de l’écomodernisme ?

L’écomodernisme exige du bon sens, du courage et un grand sens des responsabilités pour inventer un avenir prospère.

La première de ces responsabilités est de mettre en place des solutions intensives, denses, efficaces et décarbonées pour minimiser son emprise sur la nature et l’atmosphère.

La deuxième de ces responsabilités est de faire les choix d’organisation courageux pour y arriver.

Enfin l’écomodernisme fait le choix de l’humanisme, d’utiliser ce qui est bon en l’homme sans vouloir le changer. A l’inverse, il combat une vision écologique d’un homme mauvais, vorace et à rééduquer.

L’écomodernisme fait le pari qu’avec plus de courage et d’engagement, l’humanité a entre ses mains les moyens et la possibilité de sa future prospérité. 

Caroline Boudou

3D-4D imaging & microstructure | scan.analyse.predict.

4 ans

Oui, l'objectif d'un avenir humaniste et progressiste devrait éclairer les choix stratégiques actuels.

Sir John Laurie Bt

Industrial Architect, Liquid Fission enthusiast, Father, Baronet.

4 ans

Bravo !!!

Maxim Romain

President & Co-founder @TIER-Dott

4 ans

Tres bel article Nicolas

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