L’économie du partage
Pour que vous compreniez notre vision, il fallait que nous vous racontions notre histoire.
Le démarrage.
Bioburger est né en 2011, à l’ouverture de notre premier restaurant, passage de Choiseul dans le 2e arrondissement de Paris. À cette époque, tout juste sortis de nos études et grands fans de street food, nous voulions proposer un burger qui soit juste bon, de qualité, servi rapidement, et pas cher. En France, à cette époque, il n’y avait grosso modo que McDo & co qui proposaient des burgers.
Bon et de qualité, pour nous, ça voulait dire à minima Bio. Pourquoi ?
Peut-être un peu par esprit de contradiction vis-à-vis de l’offre existante à l’époque mais surtout parce l’Agriculture Biologique, la Bio, évoquait pour nous une alimentation saine et qualitative.
Pas cher… c’était un peu notre époque bisounours. On pensait qu’on allait arriver à vendre des burgers 100% bio, maison, quali, au même prix que McDo… Et bien même si nous n’y sommes pas tout à fait arrivés, on peut aujourd’hui se dire qu’on a bien fait d’y croire !
On ne s’est pas posé plus de questions au départ. Des burgers bio pas chers, ça a l’air plutôt cool … Allez on se lance ! Comment on ça s’appellera ? Bioburger, évidemment… !
Après quelques prêts étudiants et emprunts auprès de notre entourage bienveillant, des travaux réalisés comme on a pu, notre premier petit restaurant rapide biscornu du passage Choiseul a ouvert le 4 juillet 2011. Burger + frites + boissons, le tout 100% bio à 10 euros, pas mal non ? Le succès est au rendez-vous dès le premier jour, 80 clients à midi, la folie !
Nous avons travaillé pendant 2 ans jusqu’à ouvrir un second restaurant le 9 septembre 2013. Une belle ouverture, cette fois-ci dans un restaurant plus grand, plus visible, et ouvert 7 jours sur 7. Le restaurant est plein tous les midis, une nouvelle réussite, plutôt cool !
Du doute à la création de valeur.
Oui…mais non en fait. C’est bien d’avoir beaucoup de clients, qui viennent, qui reviennent, qui disent du bien de ce que vous faites. Mais si à la fin de ton compte de résultat, il y a un chiffre négatif, c’est moins bien. Ce n’est pas très durable en fait.
C’est à ce moment-là que tu te prends un retour de bisounours dans la figure.
Est-ce vraiment possible de vendre de bons burgers 100% bio, faits maison et pas chers ? La rentabilité n’est pas un gros mot. La rentabilité est une condition sine qua non à tout projet qui se veut pérenne. Or, à ce stade, on n’était pas rentable. C’est à ce moment-là que nous avons eu nos plus gros doutes, mais surtout que l’aventure Bioburger est devenue vraiment intéressante. Comment faire en sorte de tenir notre promesse de bisounours tout en étant rentables ?
On a retroussé nos manches, analysé l’intégralité de notre chaîne de valeur, du sourçing fournisseur à la vente client et avons tout réinventé. Ça nous a pris 4 ans environs. Nous avons innové dans tous les domaines, créé une centrale d’achat, convaincu nos fournisseurs de travailler en direct avec nous, digitalisé notre cuisine, externalisé certaines préparations, mis au point des recettes avec nos partenaires, réalisé nos propres boissons 100% bio, défini des process de fabrication, de préparation, de vente, basculé sur du 100% frais, sur du 100% fait à la demande... C’est à ce moment-là que l’on a vraiment inventé notre boîte. Que l’on a vraiment réalisé ce que l’on voulait faire. Que l’on a compris que la bio nous permettait de proposer un burger plus sain, mais surtout que le burger pouvait être l’icône d’une bio plus cool, plus démocratisée et accessible pour tous.
Ah… mais en fait on a peut-être un rôle à jouer ? Pourquoi on se lève les tous les matins ? Parce que vendre des burgers et des frites bio c’est cool, évidemment… mais peut-être aussi parce que ce que la manière dont on le fait va dans le bon sens ?
Ok, on est maintenant fin 2016, notre business model est enfin rentable et on a créé un super savoir-faire. Quel est le meilleur moyen de s’en servir ? Peut-être que ça va intéresser du monde ? Est-ce que des personnes seront prêtes à mettre de l’argent sur la table pour ouvrir un Bioburger ?
Il faut croire que oui : Le premier restaurant franchisé voit le jour en 2017 et nous ouvrons ensuite deux autres restaurants en propre en 2018. En mai 2019, la deuxième franchise est lancée, la troisième et la quatrième sont prévues d’ici la fin de l’année et d’autres projets sont dans les cartons pour 2020.
« La référence et l’exemple de la restauration responsable. »
En 2018, il s’est passé autre chose, et c’est là où nous voulons en venir. Dans notre pérégrination entrepreneuriale, nous avons réalisé que le 100% bio c’est bien, ça va dans le bon sens, mais ce n’est pas suffisant.
Nous avons réalisé que les entreprises ont une responsabilité essentielle si l’on souhaite pouvoir mener à bien cette fameuse transition écologique. Elles ont notamment un rôle crucial à jouer dans l’innovation, pour faire en sorte que leurs clients puissent participer à cette transition sans pour autant faire plus d’efforts. Attention, nous ne voulons pas dire que tout un chacun ne doit pas se remettre en question et faire évoluer son mode de consommation, d’alimentation, et ce sans aucun effort. Nous pensons en revanche que les entreprises doivent se décarcasser pour proposer les solutions les plus simples et les plus indolores à leurs clients de manière à opérer une transition rapide mais en douceur.
Notre exemple est un cas très concret. Quand un client vient déjeuner chez Bioburger, il se fait plaisir. C’est bon, rapide et pas cher. C’est pour ça que la majorité de nos clients viennent en premier lieu. Mais en plus c’est bio. On a travaillé dur pour faire en sorte que nos clients puissent manger bio sans contrainte, et ça marche. Une grande part des personnes qui viennent chez nous ne sont pas des consommateurs de bio. Et pourtant, les jours où ils viennent chez Bioburger, ils mangent bio et participent, sans effort financier ni temps d’attente supplémentaires, sans trop se poser de questions, à la transition écologique.
Tout ça c’est déjà bien mais on s’est dit que si on voulait vraiment changer les choses il fallait continuer à se creuser les méninges pour aller plus loin, diminuer le plus possible notre impact environnemental et améliorer notre impact social. Cela sans pour autant demander plus à nos clients et en gardant un business model équilibré…
En 2018, nous avons donc décidé que dorénavant l’objectif principal de Bioburger serait d’être la référence de la restauration responsable. Ok, mais un restaurant responsable ça veut dire quoi ? Une infinité de choses et finalement cet objectif nous ne l’atteindrons certainement jamais puisque l’on pourra toujours faire mieux. Mais on a bien envie de relever le challenge !
À nous maintenant d’avoir des idées, de tester, d’oser pour construire une entreprise avec ces nouvelles règles du jeu. En prenant un peu de recul, on se rend compte que ce que l’on vient de vous raconter est évident. Enfin, ça devrait l’être et ça le deviendra sans doute, mais il va falloir du temps. En tant que jeune boite agile, nous nous devons, aux côtés de milliers d’autres, de donner le tempo pour que toutes les entreprises qui se sont construites avec d’autres paradigmes puissent changer rapidement leur vision et agir.
L’idée est belle, mais nous devons gardons les pieds sur terre et avancer pas à pas pour ne pas se planter. Concrètement si on avait essayé par exemple de proposer des emballages 100% compostables dès le premier jour, on n’aurait jamais pu en assumer le coût.
Le long terme et l’équilibre.
Pour avoir le maximum d’impact possible, notre enseigne doit donc monter en puissance, se développer pour à la fois avoir plus de moyens pour changer les choses et aussi être plus solide pour ainsi assurer sa pérennité. Une entreprise qui veut avoir de l’impact doit être une entreprise pérenne. Ce développement implique d’ouvrir des restaurants, d’innover, de développer notre savoir-faire, de communiquer, d’accompagner nos franchisés, etc. Pour assurer ces tâches, nous avons créé une équipe. Cette équipe et les charges afférentes à leurs missions sont pour l’instant trop lourdes pour être financées par les seuls revenus de nos restaurants existants. Nous devons la soutenir financièrement jusqu’au jour où nous aurons suffisamment de restaurants qui pourront en assumer les coûts. Et pour ouvrir ces nouveaux restaurants, nous avons également besoin de financement.
Pour trouver ces fonds indispensables à notre développement, il nous est d’abord apparu naturel de nous tourner vers les fonds d’investissement classiques.Mais l’objectif que nous nous sommes fixés répond à une vision de long terme. Il va nous falloir du temps pour construire cela, comme il nous en a fallu pour trouver notre modèle actuel.Quand on a interrogé les fonds d’investissement, on a compris qu’il fallait anticiper qu’ils puissent impérativement vendre leurs parts 5 ans plus tard avec une rentabilité minimale exigée.
Comment peut-on créer de la valeur sociétale à long terme s’il faut assurer à son fonds d’investissement une sortie rapide et chère ? Comment avoir un minimum de recul sur son business quand on est contraint par une rentabilité court-termiste ? Comment organiser une transition écologique sereine avec 5 années de pressage de citron ? Parce que oui, 5 ans, c’est court, beaucoup trop court. Pour imaginer et mettre en place des actions efficaces et cohérentes face aux enjeux écologiques et économiques actuels, il faut regarder bien plus loin.
Il est tout à fait normal pour un investisseur d’espérer un retour sur investissement. Il met de l’argent dans un projet à risque. Cet argent, il ne le reverra peut-être jamais. En revanche, il est tout aussi normal qu’un producteur soit rémunéré à la hauteur de son travail et au client de payer le prix juste pour le produit qu’il achète. Il est aussi normal que les salariés soient également payés au prix le plus juste pour leur travail et que l’entrepreneur perçoive les fruits de son engagement et de son audace. De la même manière, l’investisseur doit avoir un retour sur investissement au prix le plus juste pour le risque qu’il a pris.
Un déséquilibre dans cette répartition de la valeur créée par une entreprise contribue dans une certaine mesure à la ? disharmonie sociétale. Au-delà des différents mécanismes de redistribution des richesses qui existent au niveau étatique, nous sommes convaincus que l’entreprise a un rôle important à jouer pour une société plus juste et plus durable. Cet équilibre doit bien sûr inclure l’entreprise elle-même. Elle doit garder suffisamment de ressources pour réinvestir, assurer son avenir, répondre aux enjeux de demain et pouvoir intégrer les solutions évoquées plus haut dans son modèle économique. Nous avons construit jusqu’à présent notre économie en négligeant le paramètre sociétal à long terme. Il doit être maintenant pris en compte, d’une manière ou d’une autre. Les entreprises doivent prendre leur part de responsabilité, les investisseurs doivent pour cela les laisser respirer.
Biocoop, partenaire particulier.
Bioburger doit respirer et trouver un investisseur qui comprend que les enjeux financiers et extra-financiers se jouent à long terme. Que l’argent n’est en fait qu’un moyen pour mettre en œuvre des choses bien plus importantes. Nous nous sommes donc adressés aux acteurs qui nous semblaient partager ces valeurs et la fameuse coopérative Biocoop a répondu présente.
En 2018 Biocoop a investi 1.000.000€ chez Bioburger, sans volonté de sortie, avec une participation minoritaire, sans entrave à la gouvernance de Bioburger et avec un objectif de rentabilité long-termiste et modéré. L’objectif de Biocoop, depuis plus de 30 ans, est de développer la filière bio en France. Cet investissement chez Bioburger leur permet de poursuivre leur engagement de manière différente, en promouvant une autre manière de consommer bio et en touchant d’autres typologies de personnes.
Aujourd’hui nous continuons notre chemin librement, avec ce poids lourd de l’alimentation durable à nos côtés et sans pression de rentabilité à court terme. C’est un avantage concurrentiel énorme. Nous pouvons sereinement afficher des prix plus bas que nos concurrents qui ont choisi un autre modèle, faire moins de marge, sans que cela soit un problème.
Plus on est de fous…
Dès 2018, lors de cette levée, nous savions qu’il faudrait renouveler l’exercice un an plus tard afin d’avoir suffisamment de fonds pour atteindre notre rentabilité prévue en 2021. Biocoop nous ayant déjà beaucoup soutenu, il a fallu trouver un nouvel acteur. Nous avons fait le choix du financement participatif via LITA, spécialiste du financement participatif à impact.Quoi de plus naturel que de faire entrer au capital d’une société les acteurs qui la font vivre quotidiennement ? Nos fournisseurs, nos salariés, nos franchisés et nos clients vont pouvoir être actionnaires de Bioburger ! Grâce à eux, nous allons poursuivre notre aventure tout en gardant cette liberté de prendre du temps pour faire les choses bien, de manière équilibrée et pérenne.
La suite de cette aventure s’annonce d’ailleurs passionnante. Nous ne sommes plus seuls ! Bioburger se construit jour après jour avec l’énergie, les idées et les initiatives de ses salariés et de ses franchisés, partageant tous les mêmes valeurs et la même vision, chacun apportant son expérience et son caractère propre.
Cette richesse est maintenant la plus grande force de Bioburger, et elle demeure son principal atout pour devenir, un jour, la référence et l’exemple de la restauration responsable.
Anthony et Louis
Juin 2019.
Agora Groupe
5 ansValentin PIOGER
Entrepreneur
5 ansVous avez levé combien et sur quelle valo ? :)
CEO Emiles.fr : LA plateforme du pouvoir d'achat pour salariés | Nous accompagnons les dirigeants de TPE - PME et élus CSE
5 ansIl est important que des acteurs comme Biocoop participent de manière différente au développement de la bio via des initiatives comme la vôtre. Bravo pour votre réussite et le chemin parcouru.
Naturopathe chez Miss BIO
5 ansOn croit souvent que c'est impossible jusqu'à qu'on le fasse. J'aime beaucoup le concept. Je vous encourage
Responsable Commercial Enodis France - Région Grand Est, Bourgogne Franche-Comté, LU & BE
5 ansMerci Louis, très intéressant ! Une très belle histoire, une très belle entreprise, une très belle réussite !