L'égalité des chances pour nos jeunes : un défi exacerbé par la crise

Si la COVID-19 épargne globalement les jeunes de notre pays, l’impact économique et social de la crise sanitaire les frappe de plein fouet et jette une lumière crue sur le grand défi de l’égalité des chances.

Avant même que le virus ne fasse irruption dans nos vies, la situation de certains jeunes était déjà loin d'être évidente ; par exemple, un élève sur trois renonçait déjà à se former pour des raisons financières.

Le confinement puis le couvre-feu et la crise économique ayant réduit les opportunités d’emplois étudiants, cette situation s’est sans surprise aggravée, étiolant encore davantage l’égalité des chances.

Le pacte républicain voudrait pourtant que chaque jeune puisse réussir à la mesure de son talent et de ses efforts, et ce, sans jamais être pénalisé par son origine sociale.  

 C’est dans cette optique, que nous avons décidé, sous l’impulsion de l’association Article 1, de dédier une enveloppe de 20 millions d’euros qui servira à proposer des crédits sans garant aux étudiants boursiers qui souhaitent poursuivre leurs études dans l’un des établissements membres de la Conférence des grandes écoles et dans lesquels ils sont aujourd’hui largement sous-représentés.

Ceci est d’autant plus important que la crise que nous vivons enferme cette jeunesse dans un court terme jonché d’obstacles, alors même qu’il lui faudrait pouvoir se projeter dans le long terme. Plus que jamais nous voulons leur dire : « ne vous fixez pas de limites, concentrez-vous sur les études qui vous animent, et visez haut car vous trouverez les moyens pour réussir ! »

Il est certain qu’il faut disposer des leviers nécessaires et avoir conscience du champ des possibles pour viser haut, et ceci peut être un exercice rendu quasi impossible quand on est isolé. 

Les médias font régulièrement état de la détresse et de la solitude ressentis par cette génération. On imagine combien il doit être difficile de mener des études supérieures à distance, dans un contexte matériel parfois très précaire, et sans pouvoir embrasser une vie étudiante pleine.

Les universités, les écoles, tout le corps enseignant déploient des efforts extraordinaires, mais ces efforts ne peuvent pas complètement rétablir le système habituel. L’alma mater, la façon dont on est formé, les relations que l’on se crée, le lien avec les professeurs, sont des éléments essentiels qui ne se déroulent pas normalement en ce moment. Pour cette même raison, cette génération est aussi privée de toutes les rencontres fortuites, qui enrichissent la vision que l’on se fait du monde.

Cet apprentissage particulier, qui se fait dans l’échange, peut cependant être partiellement rétabli par d’autres moyens. Le mentorat par exemple. Les quelques 500 salariés de BNP Paribas devenus mentors grâce au tissu associatif avec lequel le groupe travaille depuis des années, et les étudiants qu’ils accompagnent, confirmeraient sans doute que leurs échanges permettent de se projeter au-delà de milieu dont on vient, d’apprendre à s’ouvrir et d’acquérir de nouveaux codes.

Même effectués à distance, les stages et l’alternance offrent l’opportunité de gagner en assurance et en confiance en soi ; de se nourrir intellectuellement, professionnellement et humainement.

Sur ce point, les grandes entreprises peuvent aider concrètement en maintenant l’accès aux stages et aux postes d’alternance quand d’autres employeurs sont en incapacité de le faire. BNP Paribas sera naturellement au rendez-vous et nous recruterons, en 2021, 2000 alternants et 2000 stagiaires.

En 2019, nous nous sommes engagés à accueillir en stage d’observation, 1500 collégiens issus des quartiers dits Politique de la Ville, ce qui représente 10% de l’effort demandé par le Président aux entreprises privées, parce qu’il ne faut pas attendre que ces jeunes aient 18 ans pour élargir leur champ de vision. Près de 1000 d’entre eux ont déjà pu en bénéficier et nous ne relâchons pas l’effort.

C’est aussi pour cette raison que nous nous sommes associés, avec IBM et Orange, au projet P-tech qui apportent aux adolescents un soutien individuel de la seconde jusqu’à l’obtention de leur BTS pour leurs permettre d’acquérir des compétences digitales.

Si nous, les entreprises, devons-nous engager ainsi, ce n’est pas seulement au nom de notre responsabilité sociétale. Notre propre performance et compétitivité en dépend également. 

Les profils formatés et le manque de diversité sont des dangers pour une entreprise, car ils l’enferment dans une vision étriquée, figée et fausse du monde. Pour s’en prémunir, il faut aller chercher les talents avec des parcours de vie les plus divers possibles, et c’est bien dans cette optique que nous allons recruter 2000 nouveaux collaborateurs l’année prochaine, la plupart arrivant fraîchement sur le marché du travail.

 En tant que première banque européenne, nous avons le devoir d’accompagner cette génération qui porte en elle l’écologie, la diversité, l’égalité des sexes ; tous ces combats pour un monde plus juste.