L'énergie positive de l'innovation

Hier s’est déroulée une manifestation absolument exceptionnelle par la qualité de son contenu et l’efficacité de son organisation. Une journée consacrée à l’innovation et l’entrepreneuriat, où les enjeux de société et l’environnement, en particulier le changement climatique, occupaient une place de choix. Cet évènement, qui a réuni 43 000 participants, essentiellement des entrepreneurs, était marqué par l’énergie créative et un véritable enthousiasme à mettre au point des solutions nouvelles. Il y avait une certaine jubilation à voir les cartes de l’ordre établi si rapidement rebattues : pas un groupe qui ne soit obligé de se réinventer à toute vitesse, sans prendre le risque de voir sa position érodée en quelques années seulement par des outsiders venus de nulle part.

Sans surprise, la convergence des révolutions digitales en cours (big data x intelligence artificielle x Internet des objets x cloud x …) a occupé une place de choix dans les échanges. D’une part elles renferment un potentiel d’innovation et de réinvention absolument phénoménal. D’autre part bon nombre de créateurs et de chefs d’entreprises (Michelin, Open Classrooms,…) ont souligné la transformation du rapport à l’emploi et les enjeux RH que cette révolution implique : la formation continue sera plus que jamais vitale pour permettre à chacun de se réinventer au cours de toutes ses vies professionnelles (jusqu’à 15 métiers successifs et parfois plusieurs activités en parallèle). Cette transformation estompe déjà depuis longtemps les frontières nationales ; elle va aussi recomposer profondément la relations au travail (sens, choix,…) et diluer les frontières mêmes des entreprises.

Tous, absolument tous les secteurs sont concernés par les révolutions en cours : à titre d’exemple, selon Olivier Brandicourt, le patron de Sanofi, en 2050, les personnels de la médecine seront en grande majorité des ingénieurs et des data-scientists plutôt que des médecins. Autre exemple : TOTAL collabore étroitement avec Google Cloud pour mettre l’intelligence artificielle de l’exploration pétrolière et gazière, tandis que depuis son acquisition de Direct Énergie, le groupe déploie un modèle de fourniture d’énergie B2C très compétitif (4 millions de clients approvisionnés grâce à seulement 400 salariés).

Je retiens aussi une phrase très juste de Karim Sy (Jokkolabs) : l’Afrique est l’avenir du monde. Soit sa transition économique réussit et ce continent, qui pourrait héberger pas moins de 2 milliards d’habitants à l’horizon 2100, devient un immense marché prospère, aux portes de l’Europe, soit il devient un foyer d’instabilité majeur pour le monde. Mais ne nous y trompons pas, la rapidité des transformations va nécessiter de repenser rapidement nos équilibres de sociétés, à commencer par les pays occidentaux. Ce qui se joue, c’est l’équilibre même de nos démocraties. C’est « un combat d’adaptation ».

Enfin, ce qui m’a le plus marqué dans ces échanges et ces rencontres, c’est l’importance donnée aux valeurs humaines (humanistes ?) et au capital humain : c’est un fait déjà maintenant, les attentes des clients évoluent, en particulier sous l’effet des transformations du marché de l’emploi et de la prise de conscience de la réalité du changement climatique. J’ai relevé une grande convergence de vue sur le fait que l’empathie, l’intelligence émotionnelle, la créativité et le sens, seront de puissants leviers de différenciation et de réussite pour les entreprises de demain. La responsabilité sociétale des entreprises n’est plus une option : elle est devenue un levier fondamental de la réussite des entreprises.

Peut-être peut-on y voir une saine réaction à un monde qui se veut de plus en plus algorithmé. En tout cas, j’y trouve un formidable réalignement avec mes propres valeurs. Et un fabuleux volant de créativité. « Il ne s’agit pas de prévoir l’avenir mais juste de le rendre possible ».

Marc Gillmann

https://tv.bpifrance.fr/Best-of-Bpifrance-Inno-Generation-4_v3929.html