L'éternité n'est pas de trop pour Vous - Chère Diane!
La semaine dernière, Diane de Margerie, romancière, essayiste, traductrice, membre pendant 35 ans du jury du Prix Femina (dénichant et couronnant notamment François Cheng pour « Le dit de Tianyi » - une pépite!), et qui, jadis, vécut en Chine (à Shanghai & Pékin lorsque son père était Ambassadeur de France, et que l’un de ses précepteurs s’appelait Pierre Teilhard de Chardin), tira sa révérence, avec beaucoup d’élégance. Elle avait 95 ans et des poussières...
Au début de l’été, tandis que je lui rendais visite à l’heure du thé, rue Saint-Dominique, la retrouvant parée de ces couleurs chatoyantes rouge-orangé – ses préférences, les ongles bien laqués comme à l’habitude, elle me confia l’un de ses regrets : elle aurait tant aimé pouvoir continuer à écrire, écrire, écrire davantage si la DMLA ne l’en avait cruellement empêchée... Écrire sur la vieillesse. « On a peu écrit sur la vieillesse ». Dans un petit éclat de rire (Diane adorait rire en presque toutes circonstances !), elle déclara en tirant sur les consonnes : « c’est teRRible – la vieillesse ». Au passage, nous trouvâmes un titre pour cet ouvrage qui ne verrait jamais le jour: « Tout simplement ». Oui ! cela serait pas mal ce titre-là – me dit-elle. « Tout simplement ». Ses beaux yeux bleus ne voyaient plus depuis longtemps. A peine pouvaient-ils distinguer les lettres du Scrabble dont elle raffolait. J’évoquai alors le documentaire de Laure Adler : « La révolte des vieux ». Edgar Morin, le centenaire qu’elle avait rencontré, et les autres. Elle voudrait le visionner un jour – ce film de Laure Adler… Absolument !
Hier matin, à Paris, en l’Église Saint-Pierre du Gros Caillou, nous lui dîmes au revoir (la famille, les amis, des académiciens, des diplomates, des écrivains tels Patrick Grainville pour ne citer que lui, du violoncelle, un orgue, des chants grégoriens et beaucoup d’amour...). Laetitia, sa fille, mon amie, m’avait demandé de lire un poème rédigé pour Diane quatre ans plus tôt, par François Cheng. Voici l’extrait en question, paru en 2019, chez Gallimard, dans « Enfin le royaume » ; ainsi que deux liens journalistiques (visuels et phoniques). Car en plus d’une pertinence de plume, Diane jouissait d’une grande beauté physique ; et d’une voix cinématographique sans pareil. « Un peu d’éternité en ligne n’est pas de trop – pour vous - ma Chère Diane. Soyez en paix ».
A Diane
Où vont-elles, les douleurs du monde ?
Où vont-elles, les beautés du monde ?
Passage d’un nuage entre abîmes ?
Sillage d’une barque sur l’onde ?
Vallées fidèles à nos étés d’antan, auge
Par où l’intarissable source nous exauce ;
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Tendue vers la plus haute voûte, entonnoir
Qui nous re-verse d’enivrantes étoiles.
L’étang étale paisible ses eaux.
Son beau souci est de rester limpide,
Pour capter au loin d’insoucieux nuages…
(Attention ! Vers toi, bondit un chevreuil !)
François Cheng
Sinologist & Intercultural Communication (China APAC)
1 ansMerci ma douce Sylvie LEVEY pour ce remarquable témoignage en hommage à une très grande femme. Comme toujours avec toi et grâce aux mots que tu sais si bien choisir, nous avons le sentiment d'y être rue Saint-Dominique. 🙏🏼
Industrial Operations Manager chez Dassault Aviation
1 ansBonjour Sylvie Je ne connais pas cette dame mais j’apprécie le portrait que tu en as fait Paix à son âme Amitiés Thierno
EX vp sustainable development at Groupe SEB now retired
1 ansOn est poussière d étoile mais aussi une étincelle d éternité…bien que mortel en ce monde
Président chez DJOHI, association pour l'étude et l'usage du Yi Jing
1 ansmerci Sylvie pour ce témoignage d'une grande dame qui a toujours beaucoups à nous apprendre cyrille Javary