La Chine à la conquête du monde

« Le président Xi Jinping veut que la Chine devienne la nation la plus puissante au monde ». Ce constat de la Présidente de la Commission européenne l’a poussée à faire part de sa préoccupation « par les raisons qui motivent ce retour sur la scène mondiale ».

Avec l’objectif affiché de devenir à l’horizon 2049 la première puissance mondiale, la Chine mène une politique étrangère offensive, qui conjugue influence et économie pour dénoncer l’hégémonie occidentale et rallier sous sa bannière des pays moins attachés aux valeurs démocratiques.

Après avoir décrit les objectifs des dirigeants chinois, l'article abordera les aspects économiques de leur politique étrangère avant d’aborder le projet de renversement de l’ordre mondial établi par les démocraties libérales.

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1.      Une politique étrangère conquérante au service d’une ambition de domination

Évoquant une « cristallisation des principaux antagonismes », la Revue nationale stratégique 2022 souligne que l’objectif principal des instances dirigeantes chinoises, parti communiste et armée populaire de libération, consiste à « supplanter les États-Unis comme première puissance mondiale », une analyse partagée par de nombreux médias occidentaux. L’activisme au service de cette politique s’exerce dans tous les domaines, qu’ils soient politique, militaire ou diplomatique.

Cette évolution de la politique étrangère de la Chine inquiète Ursula von der Leyen, qui observe que les relations avec ce pays « sont devenues plus distantes et plus difficiles », par suite de la « recrudescence d’actions de plus en plus affirmées ». Parmi celles-ci, les plus notables comprennent les actions militaires en mer de Chine méridionale, les mesures de rétorsion économiques ou encore le refus de condamner l’agression russe en Ukraine.

Marc Julienne, responsable des activités Chine à l’Institut français des relations internationales, a également mentionné durant son audition « la pression militaire croissante sur Taïwan » ou « l'éclatement d'un conflit meurtrier au printemps 2020 avec l'Inde ». Malgré cet épisode, l’Inde s’aligne sur la Chine quand lors de la visite de Narendra Modi à Paris, la France est seule à condamner « avec force l’agression illégale et injustifiée des forces russes ».

2.      L’arme économique au cœur de la lutte d’influence chinoise

Dans un article paru à l’occasion de la visite officielle du Président brésilien à Pékin, Frédéric Lemaître rappelle l’importance du partenariat économique liant les deux nations. Il évoque en particulier la signature d’un accord de principe pour réaliser de futurs échanges sans avoir recours au dollar américain, une « nouveauté de taille » qui permettra de réduire les coûts financiers en limitant les pertes de taux de change.

Cette volonté de réduire la dépendance aux États-Unis en matière économique s’affiche également au travers de la Nouvelle Banque de Développement, la banque des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), une institution pilotée par la Chine et mise en place « pour rivaliser avec le système international actuel » aux dires d’Ursula von der Leyen, alors que son objectif officiel est d’« aider à financer les économies en développement ».

En lien direct avec la création de cette banque, l'initiative chinoise « une ceinture, une route » a permis à la Chine de devenir le principal prêteur aux pays en développement. En retour, ces pays ont autorisé la création de nombreux points d’appui, dont une base militaire à Djibouti, et cédé le contrôle d’au moins sept ports en Indopacifique, dont le port pakistanais de Gwadar, débouché du corridor économique Chine-Pakistan.

3.      La dénonciation d’un ordre ancien dépassé, nouveau projet fédérateur

En concurrence directe avec le G7, l’enceinte des BRICS, au sein de laquelle « la Russie et la Chine communient dans une bataille idéologique anti-occidentale », titre d’une chronique récente d’Alain Frachon, accueillera prochainement d’autres nations telles que l’Arabie Saoudite, qui « ne compte pas rater l’occasion de faire pleinement partie de l’ère multipolaire, ni à se retrouver parmi les retardataires et mauvais élèves, représentés par les nostalgiques de l’unipolarité » (Agora Vox).

La Revue nationale stratégique constate effectivement que le régime chinois profite de la remise en cause par de nombreux États, souvent illibéraux, d’un modèle et de valeurs défendus par les démocraties libérales pour jouer de son influence sur ceux-ci et cibler un « leadership occidental sur l’ordre international » qu’il juge déjà fragilisé. Le passé colonial de celles-ci est ainsi opposé à leurs discours axés sur les valeurs humanistes.

La Chine montre à chaque occasion sa détermination à promouvoir une autre vision de l'ordre mondial. Un an après le début de l’invasion par la Russie, sa proposition de « règlement politique de la crise ukrainienne » ne manque pas de cibler sans les citer les États-Unis et leurs alliés en demandant de « renoncer à la mentalité de la guerre froide » ou encore de « mettre fin aux sanctions internationales ».

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L’ordre mondial issu de la seconde guerre mondiale donnait la suprématie aux États-Unis et à ses alliés et partenaires. Celle-ci est désormais disputée par les dirigeants chinois, qui profitent du développement économique des dernières décennies pour tenter d’imposer leur modèle et rallier les pays moins enclins à adopter celui des démocraties libérales occidentales.

Les États-Unis ont choisi la confrontation pour répondre au défi posé par la politique étrangère chinoise. Il serait préférable de réunir ces deux pôles d’influence pour lutter contre les vraies menaces qui pèsent sur l’espèce humaine.