La dictature du bonheur au travail

La dictature du bonheur au travail

A lire les réseaux sociaux, la quête du bonheur au travail est devenue le nouveau Saint Graal après lequel tout le monde court.

Je suis peut-être d’un ancien temps mais pour moi nul besoin de créer des managers en charge de rendre les collaborateurs heureux. Rien de mieux pour se sentir bien dans son job que d’être à sa place et en harmonie avec son écosystème, ses valeurs et ses schémas de pensées.

Après presque 40 ans de vie professionnelle active, je sais aujourd’hui qu’aucun Chief Happiness Officer ne pourrait m’offrir sous forme packagée ce qui m’a rendue heureuse dans mon job.

J’ai évolué dans des organisations de taille et d’orientations différentes … Je suis passée de la TPE au grand groupe côté au CAC 40 et j’ai toujours su trouver mon « bonheur » au travail par le sens, par le sentiment d’être à ma place et par l’accompagnement de mes managers, de mes pairs et de mes collaborateurs.

Quand l’un de ces éléments venait à faire défaut, alors je m’interrogeais sur ma pérennité dans l’entreprise et sur les moyens de changer la donne. Je n’ai jamais eu recours à du coaching pour me sentir mieux dans mon job, je n'ai jamais demandé un entretien à mon manager, je n'ai jamais eu besoin qu’on me dise d’aller jouer au babyfoot ou de m’allonger dans la salle de repos. Pas eu non plus besoin qu’on m’organise des voyages tous les ans pour créer une dynamique de motivation et d’inclusion.

J’ai peur que l’on passe à côté de l’essentiel en se focalisant ainsi sur la nécessité de trouver le bonheur sur son lieu de travail. Je pense que se sentir bien dans ce qu’on fait au quotidien ne veut pas dire que l’on attend de son organisation qu’elle joue au GO de Club Med.

Ce qui aide à se sentir bien au-delà de l’adéquation de l’entreprise avec ses propres valeurs c’est avant tout la considération, le respect, la confiance, la bienveillance et la reconnaissance de qui l’on est et de ce que l’on fait.

Ce qui aide à se sentir bien, ce sont les échanges informels avec ses pairs, ses managers et ses collaborateurs à tout moment, la capacité à pouvoir parler de ses difficultés éventuelles sans que cela soit pris pour de la faiblesse ou de l’incompétence.

Ce qui aide à se sentir bien, c’est le sentiment de faire ce que l’on fait parce qu’on y croit, pas parce que c’est alimentaire.

Ce qui aide à se sentir bien, c’est d’avoir des managers bienveillants et pas féodaux, des leaders ouverts et accessibles et pas dans leur tour d’ivoire, des leaders réellement en phase avec ce qu’ils montrent et qui ne jouent pas à être accessibles mais qui le sont vraiment.

Ce qui aide à se sentir bien c’est de pouvoir librement exprimer ses accords et ses désaccords sur un projet, de pouvoir défendre ses convictions, de participer à des projets enrichissants sur le plan personnel et sur le plan professionnel.

Ce qui aide à se sentir bien, c’est de pouvoir évoluer, monter en compétences, se développer au sein de sa structure.

Ce qui aide à se sentir bien, c’est que l’entreprise nous offre des horizons diversifiés, des mises en lumière, des possibilités de participer aux décisions, d’être impliqués dans les choix qui sont faits et d’être écoutés.

Tout ceci n’est pas une question de quête du bonheur mais bien une question de quête de sens et de reconnaissance.

Le reste n’est pour moi que cerise sur le gâteau comme on dit quand cela vient en plus, mais ce ne doit pas être l’emplâtre sur une jambe de bois pour masquer des horaires infernaux, une pression permanente sur les collaborateurs, un management à l’ancienne déguisé dans les atours du modernisme et de l’ouverture.

Philippe SEIVERT

Chef d'entreprise Help Confort

4 ans

Il n'y a pas un mot que je ne partage pas.

Anna Mounier (Raza)

"Team member" Editions du Mont-Blanc, ex-cofondatrice SMILAB SAS 😊

5 ans

Avec 6 mois de décalage (mieux vaut tard que jamais), je réagis et je trouve que le ton de votre article est complètement en phase avec vous Denise Christmann, que j'ai découverte lors de la session de mentoring collectif du 26 novembre dernier avec Women's Impact Network ! Super article  👍

Pascal Belkowski

Directeur Commercial Marchandises Madagascar

5 ans

"Tout ceci n’est pas une question de quête du bonheur mais bien une question de quête de sens et de reconnaissance"  On peut retourner l'argumentation en disant que c'est bien la quete de sens et de reconnaissance qui fera atteindre la plenitude et par consequent le Bonheur .... Le bonheur est bien le sentiment Ultime à atteindre

Marielle Roblot

Chargée de Mission Appui Conseil

5 ans

Tellement vrai !

Ok, mais encore faut-il pouvoir s'exprimer, être écouté. combien de salariés ne sont pas reconnus pour leur travail mais continuent à le faire parce qu'il faut bien manger à la fin du mois. combien de salariés continuent de travailler parce qu'ils aiment ce qu'ils font, sans aucune gratification quelle qu'elle soit.  oui, on peut aller chercher du travail ailleurs si on n'est pas bien mais encore faut-il en trouver. Mais pourquoi quitter un poste alors qu'on fait bien notre travail et qu'on aime ce que l'on fait. Je vois encore trop de salariés qui travaillent depuis des années qui aiment ce qu'ils font mais qui on une hiérarchie ignorante et je m'en foutiste, qui ne pense qu'à sauver ses fesses et qui se fout que vous fassiez correctement votre travail ou que crouliez sous les tâches. il faut arrêter de se regarder le nombril. le monde du travail change mais pas forcément dans le bon sens.

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Plus d’articles de Denise Christmann

Autres pages consultées

Explorer les sujets