LA DISPARITION DES LIKES SUR INSTAGRAM

Qu'est-ce que ça va changer ?

Par @MyBetterSelf

Instagram est actuellement en train de tester une nouvelle fonctionnalité : celle de cacher le nombre de likes affichés sur chaque photo. Depuis cette annonce, les médias rivalisent d’articles annonçant “la fin de l’influence” et autres théories fatalistes/funestes.

Qu’est-ce que ce changement va réellement impliquer et comment s’y adapter au mieux ?C’est ce à quoi je vais tâcher de répondre dans cet article, en me basant à la fois sur mes propres connaissances du réseau social - où je suis aujourd’hui suivie par un peu plus de 250 000 personnes - et celles de Julie Pellet, responsable du développement d’Instagram France, que j’ai reçu sur mon Podcast - notre conversation est disponible juste ici.

Les likes, pour quoi faire ?

À l’origine, les likes sont apparus sur Facebook - maison mère d’Instagram - afin d’encourager les utilisateurs à interagir les uns avec les autres. Le like était une façon d’apporter son soutien, de manifester son intérêt, son appréciation d’un post réalisé par un proche. Puis sont arrivées les pages Facebook, les professionnels, les médias; et avec eux, les nouvelles fonctionnalités : celle du dislike - “Je n’aime pas”, et plus récemment, le choix d’emojis proposés pour représenter au mieux les émotions que nous suscitent un contenu. C’est ainsi qu’une hiérarchie s’est installée sur les réseaux : la volonté - voire la nécessité - de “performer” le plus possible, d’empocher le moins de dislikes possibles et le plus de likes possibles. Ce schéma s’est reproduit sur Instagram, en se limitant au bouton “J’aime” : mais celui-ci a suffit à imposer une pression aux utilisateurs, qui souhaitent récolter le plus de likes possible sur une photo. Après tout, qui n’a jamais demandé à un.e ami.e de liker une de nos photos ?

Si l’on a assez de recul, cette course aux likes peut être prise à la rigolade. Mais pour beaucoup d’adolescents, ce n’est pas le cas - les histoires de jeunes supprimant leurs posts parce qu’il n’a pas récolté assez de likes, d’humiliation au collège pour une photo qui n’aurait pas assez bien performée, ne sont malheureusement pas des cas isolés. C’est avec cette réalité en tête qu’Instagram a souhaité tester cette fonctionnalité. Parce que quand on arrive sur Instagram, on a envie de se sentir bien, comme le rappelle Julie Pellet, responsable du développement Instagram France. Retourner à un partage plus spontané, moins anxiogène, à une utilisation d’Instagram plus bienveillante : c’est ce à quoi la plateforme aspire. Et c’est somme toute assez louable.

Continueront-ils à avoir autant d’influence maintenant que les likes risquent de disparaître ?Il est probable que oui.

En effet, les partenariats réalisés avec les marques dépendent aujourd’hui de plusieurs facteurs : la taille de l’audience (le nombre d’abonnés), l’engagement de celle-ci (le nombre de likes et de commentaires), et pour les plus respectables d’entre elles, le message et les valeurs véhiculés sur la page du créateur de contenu. D’une part, le nombre d’abonnés et le nombre de commentaires ne sont a priori pas prêts de bouger. D’autre part, le créateur lui-même aura toujours accès au nombre de likes qu’a suscité son post - et pourra ainsi le communiquer aux personnes qui le demandent. C’est déjà comme cela que ça se passe pour les stories, dont personne ne connaît le nombre de vues sauf celle qui les a postées - et ça n’a pas l’air de déranger du tout les annonceurs, car près de la moitié des partenariats influenceurs aujourd’hui sont réalisés par le biais des stories. Il sera surement plus difficile de mesurer l’engagement d’un créateur de contenu avec la disparition des likes - il faudra désormais le contacter  directement afin d’avoir ses statistiques; mais espérons que cela permettra aux marques d’affiner leur processus de sélection et d’aller au-delà du fameux chiffre qui jusque-là régnait.

Mettre fin à une pression malsaine, encourager un partage plus libre, tuer les bots proposant de l’achat de likes, et renforcer la considération des créateurs de contenu pour le message qu’ils partagent plutôt que pour sa performance, il semblerait que la disparition du nombre de likes sur Instagram ait plus d’aspects positifs que négatifs. Ces derniers sont en réalité assez dur à anticiper, si ce n’est peut-être le délaissement de la fonctionnalité like en elle-même - à quoi bon liker si on ne voit pas à quoi ça “sert”, si on ne voit pas le chiffre concrètement augmenter ? C’est un risque réel, et dont la solution semble s’inscrire dans la démarche actuelle d’Instagram - celle d’en faire un réseau social plus libre et qui sert les intérêts de chaque utilisateur : leur donner la possibilité de choisir, tout simplement, de voir les likes s’afficher sur leur feed ou non.

Si vous avez des remarques sur cette nouvelle fonctionnalité, partagez-les en commentaires - je sais que @JuliePellet regarde et partage tout le feedback des utilisateurs au QG d’Instagram pour sans cesse améliorer l’expérience utilisateur :)

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