LA DIVINE "COVIDIE" : Je ne compte que les heures heureuses.
A l’heure de la « divine COVIDIE », il est bon de temps en temps, de faire tonner le canon, et de régler nos montres à midi plein.
En son temps, le sieur Rousseau, horloger de son état, avait installé en 1786 sur commande du Duc d’Orléans, un petit canon solaire en bronze sur le Méridien de Paris, dans les jardins du Palais-Royal à Paris.
Cet ingénieur de la mesure du temps, non content de nous faire une démonstration tonique de son art des aiguilles pourtant ici absentes, a eu l’inspiration céleste de faire graver sur le canon cette impérieuse devise latine « Horas non numero nisi serenas » traduite par : « je ne compte que les heures heureuses » !
Et il est à remarquer, qu’à une époque où les horloges, pendules, et autres montres avaient une fiabilité altérée, le coup du canon à midi permettait de régler les montres, à la lumière zénithale du disque solaire.
Si nous devions maintenant considérer l’urgence à vivre, cette devise horaire résonne comme une suprême injonction au bonheur, avant le lent effondrement -mais inexorable- de notre civilisation.
Dans cette suite logique, la philosophie épicurienne, prônait de jouir, et de profiter de l'instant présent.
Toutefois, il est à relever que l’antique expression "Carpe diem, quam minimum credula postero (cueille le jour sans te soucier du lendemain, et sois moins crédule pour le jour suivant)", a fait l'objet d'une mauvaise interprétation.
Cette injonction n’est en rien une incitation à l'hédonisme le plus exalté, le plus aveugle. La vérité de cette philosophie commande au contraire, à un hédonisme d'ascèse, une recherche de plaisir ordonnée, raisonnée, qui doit éviter tout déplaisir et simultanément toute suprématie du plaisir.
Par conséquent, si notre bonheur se résume à quelques heures dans une vie humaine, il est nécessaire de se rappeler, qu’entre dépression et euphorie, qu’entre le tic et le tac, qu’entre le systole et le diastole, il existe une troisième voie, le neutre, qui permet d’aligner notre cœur le temps de cette vie (la neutralité n’est pas la tiédeur…).
Je regarde -de mon propre angle de vue- cette pandémie comme une tragique perte de repère, et qu’il y a urgence à ne pas considérer la mort comme le plus terrifiant des maux, puisque « nous sommes » et que la mort n’est pas là…
Cet évènement de la COVID promeut une hystérisation des relations humaines, chaque camp cherchant à psychiatriser l’autre, alors que tout bien pesé selon la métaphore théâtrale et dans ce contexte de « divine Covidie », il ne nous appartient pas de choisir le rôle, mais de bien le jouer.
La parole est donc maintenant au canon. Je veux parler du canon et de la beauté de cette magistrale devise, c’est-à-dire de ne compter que les heures heureuses.
Si le temps pénètre nos existences dans nos différentes incarnations, alors il nous faut collaborer avec la providence, et accepter l’heure prédite.
La seule heure heureuse est celle qui est verrouillée dans notre cœur, et ce sera encore la prochaine au milieu du jour, dixit la loi « canonique » du sieur Rousseau.
Nicolas RUIZ alias Bilbao Jet