La formation est un élément critique pour faire face aux défis de la transition écologique.
Le projet ECOMOB, c'est une équipe de créateur, mais c'est également tout un réseau de soutiens : industriels, universitaires et associations. Cette semaine nous donnons la parole à Rémi Bastien , Vice président de NextMove et Ex-VP innovation de Renault Group
La « transition écologique » devient une sorte de fil rouge pour toutes les organisations humaines après la prise de conscience portée entre autres par les scientifiques du GIEC.
Seulement, pour passer du slogan aux actes concrets qui permettrait de conserver une planète vivable dans la durée (climat, biodiversité, ressources minérales, qualité de l’air, etc…,), il va falloir mobiliser des efforts sans précédents car… l’anthropocène n’a pas d’antécédent dans l’histoire de la planète. Il va falloir aussi développer des compétences pointues et les préparer à piloter ces mutations en s’assurant que les remèdes seront bien adaptés et n’entrainent pas d’effet pervers. Autrement dit, parier sur un progrès continu des technologies, des processus, des organisations ou des compétences est illusoire : il faut engager les ruptures nécessaires.
Recommandé par LinkedIn
Comme les compétences sont les fondations pour réussir ces mutations, il est donc essentiel de considérer la formation et notamment l’enseignement supérieur.
Le projet ECOMOB me semble donc venir à point nommé. Il est pertinent de faire naitre une formation pluridisciplinaire (car les dimensions du problème sont très vastes et systémiques) et entièrement dédiée à cette transition écologique. L’école des ponts et chaussées et celle des mines sont nées à un moment où la société avait besoin de développer massivement les routes et aussi l’industrie qui nécessitait des minerais. Il est donc aujourd’hui pertinent de dédier une école à ce sujet devenu structurant. Cette initiative sera complémentaire aux écoles existantes et servira d’éclaireur. En effet, en partant de la page blanche, elle ne subira pas l’inertie d’une institution établie mais pourra explorer ces nouveaux territoires et peut très bien s’associer à d’autres écoles d’ingénieur pour partager avec elles les enseignements qui pourraient y être déployés.
Ce projet me semble pertinent aussi par son approche pédagogique. Le temps n’étant pas dilatable, ses fondateurs ont dès le début travaillé à une répartition des matières qui se concentre sur celles qui sont absolument indispensables à la transition écologique. L’exigence scientifique doit rester au meilleur niveau, car essentiel pour prendre des décisions fondées sur des connaissances irréfutables, mais cette formation doit se concentrer sur les disciplines pertinentes dont la compréhension fine du monde du vivant et de la matière. Les fondateurs ont ainsi choisi de s’affranchir de certaines branches des mathématiques qui ne trouveraient pas d’applications dans ce cursus. De même, ils ont choisi de laisser plus de place à la pratique par des projets, des stages et en réduisant la part des cours en amphi.
En tant que contributeur au The Shift Project et compte tenu de mes différents engagements pour participer à conserver une planète vivable, je suis convaincu que ce projet ECOMOB est une magnifique opportunité pour pouvoir former nos jeunes talents à devenir les meilleurs acteurs de cette transition écologique qui sera plus une rupture qu’une lente évolution. Ce projet ambitieux nécessitera des coopérations et je suis disponible pour aider ses fondateurs à initier ces coopérations, et j'invite les lecteurs de cet article à soutenir ce projet.