La France championne des dépenses publiques : comment fausser un débat ?

La France championne des dépenses publiques : comment fausser un débat ?

Les éléments de cadrage sur la fiscalité et les dépenses publiques mis en ligne sur le site du Grand Débat présentent de nombreux biais qui induisent les citoyens en erreur. Loin de tirer le constat du mécontentement social pour remettre en question les priorités de sa politique économique, le gouvernement les pose comme un contexte inébranlable : la France, championne des dépenses publiques, vit au-dessus de ses moyens et les Français ne veulent plus payer d’impôt. Il faut donc réduire les uns et les autres. On demande alors seulement aux citoyens quels impôts supprimer et quelles dépenses couper.

Le dernier article des Chroniques de l'Anthropocène se penche sur ce que recouvrent véritablement les dépenses publiques et revient sur les idées reçues entourant ce sujet. Loin d'être une charge pour la société, les dépenses publiques constituent autant de revenus pour les entreprises et les ménages tout en assurant des services collectifs essentiels. Les comparaisons internationales se fondant sur les seuls ratios comptables ne sont pas pertinentes car elles ne comparent pas la même chose. Le discours et les politiques visant à stigmatiser les dépenses publiques en insistant sur leur « nécessaire » réduction contribuent à alimenter la contestation sociale et la montée des extrêmes en délégitimant l’action publique, en développant le sentiment de culpabilité et d’abandon et en menant in fine à la dégradation des services publics.

> Lire l'article sur le blog des Chroniques de l'Anthropocène

Didier BERNATEAU

consultant- expert en aménagement urbain et développement économique terrritorial chez Agence STRUZYNSKA BERNATEAU

5 ans

Absolument ! et Sortir du dilemme "taxe versus péage" ou "contribuable versus usager" pour financer les infrastructures et services, ouvrir l'équation " plus de service public avec plus de taxes" et la combiner avec les partenariats techniques , organisationnels et financiers du marché, dépasser l'idée que " le bonus-malus fiscal infléchit les comportements des agents économiques tout en maintenant la dynamique du marché" car le marché est toujours plus créatif pour contourner les contraintes et profiter des effets d'aubaine en l'absence d'un suivi compétent et diligent , ne pas cliver la société avec une lutte des classes "les possédants contre les pauvres" (car avec son coefficient de Gini actuel , la France n'a pas vraiment ce problème, mais plutôt celui des ultra-riches et des oligarchies dont le faible nombre n'impacte pas le coefficient, mais dont la présence exacerbe les inégalités et les orientations délétères)… Ne pas se contenter de la croyance que l'innovation, la créativité et les investissements créateurs de valeur ajoutée et accessoirement d'emplois sont le fait des "premiers de cordée" et tout miser dessus, ne pas se satisfaire de l'idée que libérer les contraintes dans le sommet de la pyramide sociale et enrichir les plus riches permet d'accroître le bien –être de tous et donc des plus pauvres par un effet de "ruissellement" ( mais en physique, l'eau monte aussi, par capillarité et l'argent des plus pauvres va aussi et toujours aux plus riches…); ne pas oublier que cette création de valeur est une œuvre commune qui implique l'appareil complet de la société, l'éducation, le renouvellement générationnel des ses individus, ses infrastructures, son tissu associatif, culturel, technique, la promesse de l'ascenseur social et culturel, la combinaison des énergies et des volontés, l'addition des richesses personnelles et collectives et ne pas oublier que toute fracture et tout écartèlement conflictuel est un facteur de déréliction pour tous. Sortir du raisonnement selon lequel "la dette est nécessairement un appauvrissement collectif" : à condition qu'elle ne finance pas qu'une consommation non renouvelable mais des investissements productifs (et par productif, toujours entendre au plan social, environnemental, et pas seulement économique) : la dette est ce qui permet un effet levier dans l'investissement et il faut se donner les moyens de mesurer ce "retour sur investissement" pour en décider l'engagement. Mais encore faut-il se rendre compte que souvent le TRI à 1 ou 2% au mieux que la puissance publique accepte pour ses propres investissements (quand toutefois elle le calcule) génère souvent 10, 15% et plus pour les acteurs privés… D'où la nécessité d'une analyse correcte des investissements, des externalités créées, etc. et d'où une piste proposée d'une ingénierie publique compétente. Et donc…appuyer une politique non pas sur des équations comptables partielles ou erronées mais sur une action du politique pour déclencher la valeur sociale, économique, écologique, humaine avec des leviers qui ne sont pas seulement ceux de la communication et du marketing, de la fiscalité et de l'arsenal réglementaire, mais ceux de l'action publique opérationnelle compétente, promotrice du bien commun et partenaire éclairée de la dynamique et de l'innovation entrepreneuriale  

Je pense que M.Alain Grandjean se trompe totalement. Il semble ne pas connaître la structure des dépenses du Budget de l'Etat. Le théorème selon lequel la totalité de la dépense publique serait soit affectée aux services publics soit redistribuée à l'économie nationale ou à des depense de solidarité est évidemment faux. Le dogme selon lequel toute dépense publique serait en soi bienfaisante relève de la foi et non de la raison! Les commentaires ci-après sont souvent passionnés, mais mobilisent jusqu'à présent peu d'économistes et moins encore de spécialistes des finances publiques.

Si la France dispose des meilleurs services du monde, alors, on peut admettre que les prélèvements y soient les plus élevés du monde...

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