La France en faillite : décrochage et bavardage
La France est au bord de la faillite. C’est la grosse ficelle dont abusent certains politiques pour endosser les habits d’homme providentiel. C’est le propos de comptoir des pessimistes et grincheux de toute espèce. Rien de bien étayé donc. Et qui ne devrait pas donner lieu à une vidéo « redressage d’idée fausse » tant elle est facilement infirmable.
Par Olivier Passet, directeur des synthèses - Xerfi
Il suffit de regarder pour cela les taux d’intérêts auquel la France se finance et se refinance et notamment les spreads qu’exigent les créanciers pour couvrir leur risque. Il suffit aussi d’observer la trajectoire de la dette publique hexagonale, en voie de stabilisation, après l’ajustement a minima des années Hollande.
Mais ce qui est faux dans l’idée de faillite, ce n’est pas tant l’évocation du risque, tout peut arriver on le sait dans notre monde financier déboussolé, que les mécanismes qui le sous-tendent.
La faillite d’une nation recouvre deux principaux scénarios :
1/ soit les déséquilibres globaux, que résume la balance des paiements, sont tels, que les conditions de financement de l’ensemble des agents, privés ou publics en sont affectés. Les spreads augmentent faisant que l’improbable s’auto-réalise. Les conditions de refinancement de la dette qui échoie sont telles que les agents privés puis publics font défaut en chaîne;
2/ soit un agent, bancaire à portée systémique, fait faillite, entraînant dans sa chute l’Etat qui n’aurait pas la capacité de recapitaliser ou de prendre les pertes.
Ce deuxième scénario n’est en rien spécifique à la France.
Nous ne le maîtrisons pas totalement aujourd’hui et nul ne pourrait parier à 100% que les banques sont à l’abri de ce type de danger. Si l’on en croit les résultats affichés des banques françaises, qui ne s’érode que pour les moins spécialisées, les stress tests de cet été, ou encore les perspectives d’embauche pour 2017, ces dernières ne seraient pas dans l’œil du cyclone. Il n’en reste pas moins que l’aplatissement de la courbe des taux, autrement dit le très faible écart entre taux courts et taux longs, fragilise le business modèle des banques du monde entier, puisque c’est de lui que dépend la marge d’intermédiation. Bref, la France est plutôt bien positionnée en termes de risque bancaire, mais le risque d’un craquement demeure à probabilité non nulle.
Reste alors nos déséquilibres globaux somme des déficits cumulés de l’état, des ménages et des entreprises.
Je peux certes me focaliser sur le déficit, et la dynamique de la dette de l’Etat comme beaucoup. Mais je ne trouverai alors rien de véritablement alarmant, Notamment, si je m’en tiens à la définition des organisations internationales de l’insoutenabilité qui correspond à un risque d’insolvabilité qui ne serait pas à la hauteur d’un ajustement réaliste des finances publiques. Au cœur du déficit structurel français, il y a d’abord le fait que le pays lisse plus que d’autres l’ajustement qu’impose la montée de la dépendance.. Mais dès qu’on y regarde de plus près, le système est déjà bel et bien paramétré pour absorber un choc globalement moins ample que dans des pays sans fertilité. Les déséquilibres français sont au final à la hauteur d’un ajustement réaliste qui ne dépasse pas 2 % du PIB.
C’est finalement lorsque je me penche sur le déséquilibre global de la nation, que le point faible français apparaît.
L’affaiblissement de la base productive française fait que le pays connait un déficit persistant de sa balance commerciale. Et c’est un élément structurel, qui résiste même à la baisse des prix du pétrole. Ce talon d’Achille peut légitimement inquiéter. Il ne conduit pas pour l’heure à une accumulation de dettes importantes, car nos multinationales dégagent une masse de revenus à l’étranger qui compensent largement les pertes commerciales. Si l’on regarde la position française en terme d’endettement net vis-à-vis du reste du monde rien de très inquiétant pour l’instant.
Mais la dynamique et les modalités de rééquilibrage de ce déséquilibre le sont plus.
1/ Rééquilibrer la balance commerciale par des flux dégagés à l’étranger, n’est pas neutre. Ce sont des flux non taxables qui de fait participent à l’attrition de notre base fiscale.
2/ Le déficit commercial lui-même qui témoigne de notre éviction productive face à un noyau allemand qui se renforce sur un mode cumulatif est une chose ni facilement ni rapidement réversible.
3/ La dynamique des positions nettes franco-allemandes mettent bien en évidence ce caractère cumulatif qui s’auto-renforce….
Le vrai risque d’insoutenabilité financière française réside là. Et l’aborder sous le prisme exclusif des finances publiques constitue malheureusement un facteur aggravant.
Dessinateur technique-concepteur 3D Indépendant
8 ansA vous de prendre conscience de votre vie, Le confort abolit l'effort Voici un économiste talentueux........ Je suis Olivier Perrin, le vaillant petit économiste. À partir d’aujourd’hui, je vais vous dire tous ces petits secrets que les économistes à la télé ne vous diront jamais mais qui pourtant influent directement sur votre quotidien. Inscrivez-vous gratuitement grâce au lien ci-dessous pour commencer à recevoir mes messages. C’est entièrement gratuit, vous pouvez vous désinscrire à tout moment et votre adresse email ne sera jamais partagée. Vous recevrez immédiatement mon dossier sur « la banque qui fait trembler l’Europe ». À votre bonne fortune, Olivier Perrin, le vaillant petit économiste NOTE : [1] Cette anecdote est tirée de « L’économie du diable « d’Alfred Sauvy, 1976 Je ne suis pas l'auteur de des texte ........................... Cordialement..........
Dessinateur technique-concepteur 3D Indépendant
8 ansEn effet, plutôt que d’acheter directement des biens comme le faux monnayeur, les banquiers centraux ont injecté l’argent via les banques commerciales pour les inciter à le prêter —à faire crédit— de 2 manières : En baissant les taux jusqu’à les rendre négatifs afin de faire baisser au maximum le coût du crédit. En rachetant directement les créances des banques afin de leur permettre d’en émettre de nouvelles. C’est ce que l’on appelle « le quantitative easing ». Or ces injections des banques centrales par l’intermédiaire des banques commerciales se trouvent ne pas quitter les coffres des banques centrales pas plus en 2008 qu’en 2016 : faute de demandes solvables et pour satisfaire à des règles plus restrictives —règles dites de « Bâle III »—, les banques n’ont pas trouvé à distribuer de prêts et ont « préféré » garder l’argent dans les coffres des banques centrales. L’argent reste sous le matelas, comme un billet de 100€ stocké dans un bas de laine. Il ne participe à aucune liquidité alors qu’un billet de 5€ échangé une fois par semaine aura permis 260€ d’échanges au bout d’une année. C’est une crise des liquidités et c’est le mal dont notre économie mondialisée se meure.
Dessinateur technique-concepteur 3D Indépendant
8 ansVous avez un nouveau MESSAGE du petit économiste Cher lecteur, Un faux-monnayeur fabriqua un jour 10 000€ de fausse monnaie. Avec cet argent, il acheta un bijou. Le bijoutier utilisa cet argent pour acheter une voiture puis le vendeur de voiture acheta des meubles et ainsi de suite jusqu’à ce que la fausse monnaie soit découverte et détruite. L’argent avait été échangé 10 fois avec un profit moyen de 20%. Finalement, le faux monnayeur avait gagné un beau bijou, Les 9 premières personnes se partageaient un profit cumulé de 18 000€ et seule la 10e personne perdait, elle, 10 000€. Cette escroquerie avait permis de « créer » 8 000€ d’échanges nets + un bijou. Ces échanges créèrent eux-mêmes du travail, des emplois, des impôts…[1] Cette anecdote veut montrer le rôle déterminant que peut avoir la monnaie dans les échanges. C’est un mécanisme comparable que les banquiers centraux espéraient mettre en place à la suite de la crise de 2008 : injecter massivement des liquidités dans l’économie afin de la réamorcer. Loin de moi l’idée de comparer un banquier à un faux monnayeur, ce dernier aurait sans doute été bien plus efficace à la même tâche. Cette anecdote est tirée de « L’économie du diable « d’Alfred Sauvy, 1976 Suite......partie 1/2
LMC.today, co-président Courant Constructif, design sociétal, prospective, transition systémique du 21e siècle, auteur, conférencier.
8 ansNon, la France n'est pas en faillite, c'est même elle qui s'en tire le moins mal si on la compare à ses partenaires. L'Espagne fait bien plus mal qu'elle alors qu'elle est moins endettée et à moins de déficit budgétaire. L'austérité subie par ses salariés la plombe et l'empêche de se redéployer. L'Italie patauge complètement, ses retraités sont dans la misère, son industrie est archaïque, son modèle passéiste à outrance et sa dette lui est insupportable. L'Allemagne est en faillite perpétuelle, elle exporte son chômage à l'étranger par son comportement monétaire hégémonique. La sous-évaluation de l'Euro par rapport au Mark lui permet de vendre sa marchandise d'une catégorie supérieure aux couches inférieures pour le même prix. Ses retraités sont les plus mal lotis de l'OCDE. Mais si elle lâche un bout elle coule et nous entraîne avec elle. Le Royaume-Uni connaît certes de la croissance, mais son pétrole s'épuise et son déficit budgétaire chronique lui promet un surendettement très rapide et le Brexit, qu'il se produise finalement ou pas, ne sera pas pour améliorer les choses. Finalement, il y a la France au milieu du tas, qui est toujours la plus riche d'Europe, dont le modèle social ploie, perd un peu en efficacité, mais ne cède pas. La France ne balance pas de l'humain par-dessus bord comme un aérostier largue du sable, comme le font ses partenaires. Son industrie du XXIème siècle se développe gentiment. La France a juste du modèle socio-économique qui la fera avancer au XXIème siècle, c'est tout. Mais elle n'est pas en faillite, loin s'en faut... même la dette n'est pas un problème, elle représente le quart de l'épargne des français.
LMC.today, co-président Courant Constructif, design sociétal, prospective, transition systémique du 21e siècle, auteur, conférencier.
8 ansLe modèle productif français devient surtout de moins en moins visible. Nous sommes au XXIème siècle et l'industrie n'est plus sidérurgique ou minière, mais de petits ateliers qui font de la biotech ou de la cybernétique. Si la France était si désindustrialisée, alors même qu'elle a connu la plus forte hausse de la production industrielle d'Europe de fin 2014 à mi 2015, son PIB n'augmenterait plus, voir baisserait. En réalité, son problème est qu'elle est condamnée à évoluer et que la société ne veut pas, fonctionnant sur des préceptes éculés que vous invoquez ici pour un retour à la croissance qui ne pourrait surtout pas se produire. L'avenir est à l'ajout de couches au tissu économique, la disparition de l'emploi salarié et l'émergence d'une société plus contributive reposant sur l'intelligence collective, l'exploitation de l'innovation du capital cognitif, ce qui ajoute plusieurs couches productives. Tant que nous ne le ferons pas, nous n'évoluerons pas.