La France en récession

La France en récession

Selon la Banque de France, la croissance française a chuté d'environ 6% sur le premier trimestre 2020, plombée par l'épidémie de Covid-19 et la mise à l’arrêt d’une partie de l'économie. La France a donc mis un pied en récession. Reste à estimer l’ampleur de la contraction du PIB sur l’ensemble de l’année.

A en croire Bruno Lemaire, la croissance française risque en 2020 d’enregistrer son plus mauvais résultat depuis 1945. La crise financière de 2008 avait déjà plombé le taux de croissance qui avait alors atteint son plus bas niveau à -2,2%. Et le Ministre des Finances d’alerter : " Nous serons vraisemblablement très au-delà de ce chiffre ».

Déjà en mars, le climat des affaires perd 10 points à 95 – la plus forte baisse mensuelle de l’indicateur depuis sa création en 1980. L’indicateur de climat de l’emploi connaît également sa plus forte chute depuis le début de la série (1991). Il perd 9 points et atteint 96. L’indice d’activité de référence pour les marchés financiers, le PMI composite enregistre sa plus forte baisse depuis sa création (22 ans). Il passe de 52 en février à 30,2 en mars entrainé par la forte contraction de l’activité dans le secteur des services. Selon l’INSEE, la perte d’activité économique est estimée aujourd’hui à 35% par rapport à une situation normale. Un confinement d’un mois a un impact d’une douzaine de points de PIB trimestriel (soit 3 points de PIB annuel).

Une économie qui est mise en pause brutalement et volontairement est une situation inédite.

Il est donc difficile d’en estimer le coût final. Compliqué en effet de faire le lien avec les autres chocs que la France a dû traverser par le passé. Que ce soient les guerres, les récessions économiques ou les crises financières, chacune de ces situations a eu des effets particuliers plus au moins durables sur l’activité économique.

Aujourd’hui, l’ampleur des dégâts sur l’activité repose en partie sur la durée de l’épidémie et donc du confinement, mais aussi sur la capacité à disposer d’un traitement efficace pour endiguer la maladie et ensuite sur l’efficacité des mesures de soutien pour construire l’après, c’est-à-dire pour être en mesure de créer les conditions du rebond.

Si les deux premiers paramètres restent en dehors du champ de l’analyse économique, le troisième facteur peut être exploré. Le gouvernement prévoit une prise en charge du coût du chômage partiel, ainsi que le report des charges et des impôts et la garantie des prêts bancaires à hauteur de €300 milliards pour aider les entreprises à passer cette période de confinement.

Dans l’incapacité de générer du chiffre d’affaires, nombreuses vont être les entreprises à devoir puiser dans leurs réserves ou faire appel à l’emprunt.

Devoir s’endetter pour passer la crise sanitaire

Les entreprises en manque de trésorerie vont donc se tourner vers leurs banques pour chercher un financement avec la garantie de l’Etat. Mais, il reviendra au secteur bancaire de valider ou non le recours à l’endettement et d’évaluer ainsi la capacité de chaque firme à rebondir après la crise et donc de rembourser les dettes contractées. Pour les entreprises qui étaient déjà en équilibre précaire, de toute évidence ce choc sanitaire risque d’amplifier leurs difficultés et de précipiter pour certaines leur faillite.

Pour celles qui arrivent, bon an mal an, à maintenir leurs comptes à flots, nombreuses d’entre elles vont devoir avoir recours à l’endettement pour supporter la charge que va représenter l’arrêt de leur activité en période de confinement. Il y a une distinction à effectuer entre le manque à gagner et la perte nette. Ce choc sanitaire va avoir des effets dévastateurs sur l’activité et les effets de rattrapage après la crise ne pourront qu’en partie compenser ces points de croissance perdus.

Un coût incompressible pour une majorité d’entreprises

C’est pourquoi, les syndicats patronaux réclament que la prise en charge des catastrophes de l’épidémie soit considérée au même titre que les catastrophes naturelles. La Confédération des PME souhaite voir décréter un « état de catastrophe sanitaire » permettant, en complément de l’état de catastrophe naturel, aux entreprises concernées de faire jouer leur assurance perte d’exploitation. » Or, la couverture de ce risque existe déjà mais elle est très peu utilisée. A charge lors des exercices suivants pour les assureurs de se mettre en ordre de marche pour offrir une couverture visant à offrir une meilleure garantie pour faire face au risque de perte d’activité liée au confinement. Mais, pour l’heure, les entreprises vont devoir supporter le coût de l’arrêt de leur activité.

Rappelons qu’en économie la confiance est une variable déterminante pour créer un environnement favorable à la croissance. La perte induite par l’épidémie pour les entreprises risque de durablement impacter le climat des affaires en particulier si le confinement se prolonge au-delà de la durée moyenne de la trésorerie des entreprises.

En revanche, le gouvernement a décidé de développer l’activité partielle pour éviter les vagues de licenciements massifs pendant la période de confinement et pour permettre à une reprise de l’activité rapide grâce au maintien de la masse salariale. L’Etat prend en charge intégralement l’indemnité jusqu’à une rémunération brute de 4,5 fois le Smic. L’employeur a toujours la possibilité de compléter l’indemnité du salarié pour que celui-ci ne subisse pas de baisse de revenu. Aujourd’hui, 5,8 millions de français sont au chômage partiel.

Plus la période de confinement sera étalée, plus la croissance sera affectée et plus les entreprises vont avoir du mal à rebondir. Il faudra alors compter sur la propension des consommateurs à dépenser davantage lors du « décloisonnement ».

Mais, le choc de demande pourrait laisser place à une préférence pour l’épargne, du moins tant que l’épidémie ne sera pas jugulée définitivement. Le rebond, dans ce contexte, risque d’être mesuré.

La période de rattrapage qui succédera au choc conjoncturel, pourrait ne pas être en mesure d’effacer totalement les effets du confinement sur l’économie. La reprise en V telle qu’elle est espérée, est difficilement envisageable. Il faudra avec le recul se convaincre que les Etats et en particulier la France ont su prendre des mesures drastiques pour éviter le pire. Il conviendra pour le plus long terme de repenser nos modèles de production et de consommation pour qu’ils soient plus en phase avec les nouveaux enjeux à la fois sanitaires, économiques et environnementaux.


Christophe Fabre

Fondateur du réseau MA VIE DE LEADER | Coach certifié ICF | Coaching en affaires et en relation - Franchissez le niveau supérieur en passant de manager à leader ! Intervention dans toute la Francophonie

4 ans

A chaque période conjoncturelle, les schémas se reproduisent et il est nécessaire de garder un cap et d'avoir une tête d'avance sur la concurrence pour rester en tête durant la récession voir prendre des parts de marché en misant sur nos produits d'entrées de gamme rentablent et axés sur les clients craintifs que l'on soit en B to B ou en B to C et ce n'est qu'une clé parmi les multiples que je vous explique mercredi 22 avril 2020 dans une conférence gratuite sur internet à 11h30. En savoir plus ? cliquez sur le lien ci-dessous https://www.lecampus.online/conferences/christophe-fabre

Joel BOMIER

RETRAITÉ exploitation autoroute et oenologie

4 ans

Si l'économie compte sur les dépenses des consommateurs accrues après le confinement nous sommes mal partis. Les ménages auront souffert plus que les entreprises pour un coût de vie non compressible, en ayant eu une perte minimale de -16% sur leur revenu pour ceux en chômage partiel voire beaucoup plus pour les indépendants sans activité ou avec activité marginale. les coûts fixes liés à la masse salariale sont compensés entièrement pour les entreprises ce qui pèsera sur les finances publiques. Je n'ai pas fait le total des milliards accordés aux entreprises en allègement de charges et réductions d'impôts sans contrepartie pour les salariés qui au contraire n'ont pas vu l'augmentation de leur pouvoir d'achat contrairement aux actionnaires qui ont vu leurs dividendes s'envoler ces 10 dernières années. Alors il faudra d'abord compter sur l'argent dépensé par les actionnaires puis les entreprises de grande taille (investissement en France). Sinon il faudra passer par la case impôts sur le bénéfice au cas ou les dividendes ne seraient pas immédiatement réinvestis dans l'économie réelle sur notre territoire

Raphael Lesault

Conseiller en protection sociale

4 ans

Merci pour cette analyse précise et compréhensible. Qui donne une vision potentielle, sans les fioritures médiatiques...

Yannick Joannes

Conseil en investissements

4 ans

il manque un bouton je ne like pas.....en même temps,c'est pas avec les mesurettes prises que ça va s'arranger.....

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