La France et la fête foraine des startups
Le texte ci-dessous est extrait du livre blanc "100 #PortraitDeStartuper - Saison 2" et a été rédigé par Emmanuel Vivier cofondateur du HUB Institute.
Depuis la première vague de startups et l’éclatement de la bulle internet des années 2000, l’hexagone a fait bien du chemin. En quasiment 20 ans d’Internet, la France a définitivement enterré le minitel. Ces 4 à 5 dernières années, on peut même parler d’un véritable engouement grand public pour le numérique et les startups.
Un vent de Silicon Valley souffle sur la France
Les réussites de la Silicon Valley, que ce soient le succès des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), des NATU (Netflix, Airbnb, Tesla, Uber) ou de centaines de startups prometteuses, font rêver toute une nouvelle génération d’entrepreneurs. Les media français ont enfin arrêter de snober les sujets technologiques. Grâce à leur couverture médiatique massive des levées de fonds ou des valorisations parfois stratosphériques (qui font trop souvent oublier le nombre bien plus grand des fails), le grand public se découvre une âme d’entrepreneur. A l’heure où les jeunes sont confrontés au chômage massif, et les cadres expérimentés se font licencier brutalement même dans les grands groupes, le grand saut ne semble plus si risqué. Et un lancement en France est désormais bien moins cher qu’à San Francisco, où les salaires indexés sur ceux de Facebook ou Google deviennent inaccessibles aux plus petites startups. Le prix du lancement d’une startup s’est aussi réduit grâce aux logiciels en SAAS, au cloud et aux APIs. Les coûts d’un outil deviennent ainsi accessibles pour quelques euros par mois à une petite structure. Ou il est possible de construire sur des infrastructures robustes grâce au cloud ou aux APIs.
Les nouvelles écoles de l’entreprenariat
On assiste aussi à une multiplication des structures d’accompagnement des startups : incubateurs, accélérateurs, mentoring, coworking… Si certains tiennent plus du gadget opportuniste, on pourra cependant se réjouir de voir un partage d’expérience et d’expertise d’entrepreneurs qui ont déjà réussis. En effet, les bonnes pratiques spécifiques au lancement d’une startup (levée de fonds, business model, MVP, ab/testing ; growth hacking, monétisation…) sont rarement enseignées en école. Et vu la complexité et la difficulté de ce type d’activité, autant profiter au maximum des erreurs passées des deux premières générations de startupeurs. Que ce soit le NUMA ou The Family, les salariés y trouveront des conseils très concrets et pratiques pour se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. Mais aussi et surtout un écosystème pour échanger, trouver des talents avec qui collaborer et s’entraider. Bref un joli filet pour se lancer.
Take my money and run
Le marché du financement est aussi devenu très mature en France. Des business angels, en passant par les nombreux fonds chacun adaptés à certaines tailles d’investissements, les investissements de grands groupes et d’industriels, ou même la BPI, il n’a jamais été aussi simple de lever des fonds, enfin si vous avez un vrai business model, une équipe au top et souvent déjà un prototype ou même une activité lancée. Avec le nombre de français à New York et dans la Silicon Valley, la visibilité croissante de nos startups aux Etats-Unis (comme au CES par exemple), les passerelles avec les fonds américains se développent aussi. Si le nombre de structures de financement liées au « capital-risque » s’est multiplié, le métier est plus mûr aussi. Et le niveau d’exigence aussi sur la qualité des projets.
Small is beautiful, même pour les grands groupes
Après des années à ignorer les PME considérées comme risquées, les grands groupes se découvrent aussi subitement une passion sans limite pour les startups et les entrepreneurs. Quasiment toutes les entreprises du CAC40 ont lancé un incubateur ces 12 à 36 derniers mois. Incapables de faire face à la vague numérique, pénalisés par leur manque d’agilité, les grands groupes deviennent des apôtres de l’open innovation. Ils proposent d’héberger des startups, de les financer, de collaborer et plus rarement de les racheter. Certes une grande partie de ces initiatives sont souvent lancées dans un certain désordre avec comme priorité l’aspect communication afin de montrer que « chez nous, on innove, la preuve on travaille avec des jeunes pousses ». Pas certain que la majorité des incubateurs ou accélérateurs aboutissent à de vraies innovations, mais on pourra se réjouir que les mentalités des grandes entreprises évoluent et deviennent enfin ouvertes aux petites entreprises agiles.
On ne devient un vrai capitaine que dans la tempête
Pourtant si de nombreux indicateurs ont été au beau fixe ces derniers mois, attention aux prochaines vagues ou à la prochaine tempête. La vie d’une startup est loin d’être un long fleuve tranquille et il faut bien comprendre que la grande majorité sera amenée à échouer. Un certain nombre de nuages commencent à s’amonceler et présagent de certaines difficultés à venir.
L’Europe, quelle Europe ?
L’Europe et la France ont toujours énormément de mal à simplifier la vie des startups malgré de nombreux effets d’annonces. En effet le marché unique est bien théorique. Multiplicité et complexité des langues, des règlements, des taxes... on est bien loin d’un grand marché unifié. Les états cherchent constamment à imposer de nouvelles régulations, et de nouvelles taxes qui ralentissent un peu plus les nouvelles jeunes pousses face à la concurrence mondiale.
Et pourtant le temps presse, les acteurs américains déjà très performants et innovants bénéficient d’un avantage presque déloyal avec leur maitrise de l’optimisation fiscale. Comment vous battre à armes égales si votre concurrent déjà plus grand, mieux financés et très innovant est d’office 20% plus rentable que vous ! Cette optimisation fiscale est rendue possible à cause du législateur. C’est à lui qu’incombe l’urgente nécessité de palier à ce problème. La technologie avance très vite et chaque mois qui passe ce seront des startups européennes qui seront mis sur le carreau par leurs concurrents américains. Et c’est sans compter sur les acteurs digitaux asiatiques qui commencent déjà à poindre le bout de leur nez.
Quand les Etats-Unis et l’Asie s’enrhument
Depuis quelques mois, les valorisations américaines semblent connaître une certaine correction. On est loin de parler d’un éclatement de la bulle mais le nombre de levées et la taille des montants tend à se réduire. En France cet été, on a pu assister à une multiplication des annonces de startups en difficultés comme Take It easy, ChicTypes, Save… On ne parle pas de mauvaises sociétés, mais juste de startups qui n’ont pas réussi leur nouveau tour de table, faute de générer une marge suffisante, d’avoir atteint leur seuil de rentabilité ou même de promettre un multiple suffisamment alléchant à leurs investisseurs. La croissance économique européenne fait toujours du surplace, alors que l’Asie ralentit et que le contexte du terrorisme impacte déjà de nombreux secteurs.
Avis de grain sur les startups
Attention donc, les startups ont définitivement un bel avenir mais nous allons assister à un vrai tri dans les prochains mois. Les startups qui n’auront pas suffisamment levé, celles qui n’auront pas démontré leur capacité réelle à devenir rapidement rentable (au-delà de la croissance rapide, cette « traction » qui était encore l’alpha et l’oméga ces derniers mois) ou celles dont les équipes ne sauront pas résister à la pression quand il faudra affronter de vraies difficultés (licencier, revoir ses coûts…), vont dans le mur. Et même celles qui ont levé beaucoup d’argent vont devoir faire bien attention. L’argent est souvent mauvais conseiller et pousse souvent à multiplier les erreurs.
Emmanuel est reconnu comme l’un des experts internationaux du marketing et de la transformation. Emmanuel est le cofondateur du HUB Institute, un « think thank » international dédié à la digitalisation et la formation des grandes marques. Emmanuel a animé et est intervenu à plus de 700 conférences et séminaires ces 7 dernières années au niveau mondial. Il a formé plus de 7.000 cadres pour de grandes marques comme L’Oréal, Orange, Nestlé, Celine, Hermès, Chanel, Michelin, … Il partage régulièrement son expertise sur son blog www.emmanuelvivier.com ou Twitter (@emmanuelvivier) quand il n’est pas en train de voyager entre Paris, Moscou et New-York.
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7 ansEmmanuel Vivier