La gauche est morte, vive la gauche

Alors que la question de la refondation de la gauche agite le débat médiatique de cette rentrée et était au cœur des débats des universités d’été de nombreux partis ce week-end, aucun ne semble pourtant plus s’en revendiquer ! Ou tous cherchent à minima à ne plus se définir uniquement dans le rapport qu’ils entretiennent avec elle et son passé. Souveraineté populaire à la France Insoumise, écologie politique pour Europe Ecologie-Les Verts…même le Parti Socialiste appelle à se dépasser.

Aussi tardive qu’elle soit, nous ne pouvons que nous réjouir de cette prise de conscience.

Emmanuel Macron a en effet été le premier, à considérer que la classique opposition gauche/droite, qui rythmait les alternances jusqu’à son élection, ne permettait plus de rendre compte des enjeux qui structurent désormais le débat démocratique. Comment en effet sérieusement penser, que les idéologies héritées du gaullisme ou du marxisme, peuvent encore fournir des grilles de lecture suffisantes à l’ère du réchauffement climatique et de la mondialisation multipolaire, ou du triomphe « des individus-singularités et du capitalisme d’innovation », pour citer Pierre Rosanvallon ?

Pour autant et si tout le monde semble désormais s’accorder sur la nécessité de dépasser des clivages devenus obsolètes, il reste un travail important à fournir pour les redéfinir et rassembler ensuite le camp du progrès, ce qui, alors que l’alliance des conservateurs et des populistes n’a jamais été aussi proche, devient une impérieuse nécessité.

On ne peut par exemple, se contenter d'opposer peuple et élites. La crise des Gilets Jaunes à bien sur démontrer que ces dernières devaient beaucoup mieux refléter la société et que le processus de décision devait être transparent et ancré dans la réalité. Le président de la République a d’ailleurs été le premier à regretter de pas avoir réussi à réconcilier les français avec leurs dirigeants et cela doit rester un objectif permanent. Mais considérer que l’horizon de la Nation doit se résumer à un « un coup de balai » et à une identification entre le peuple et un homme-providentiel, une « personne sacrée », ne serait qu’une réactualisation des rêves funestes de dictature du prolétariat et des souffrances qu’elles ont générées.

Ces nouveaux clivages ne peuvent pas non plus se construire dans une quête exclusive de la sobriété, en dehors de toute référence au progrès, comme les représentants français de l’écologie politique semblent le penser. Il faut bien sur tourner la page de la société du jetable et de l’obsolescence, une loi importante sera d’ailleurs prochainement présentée par la secrétaire d’Etat à l’écologie Brune Poirson sur ce sujet et la sauvegarde de la planète doit désormais être la première des priorités. Mais alors que la faim progresse à nouveau dans le monde et que la forêt amazonienne est en train de brûler, la protection de la nature ne peut être qu’un moyen au service de celle de l’Humanité et le recours à la science et la coopération entre Etats la seule façon d’y arriver.

Enfin, si une meilleure redistribution des richesses sera toujours nécessaire, la question sociale ne peut plus se poser à partir de corps ou de catégories uniformes, mais doit au contraire être individualisée, pour renforcer l’autonomie et la capacité d’agir de chacun, en tenant comptes de parcours de vie toujours plus singuliers. Certains socialistes semblent pourtant ne l’avoir toujours pas intégrer.

Il s’agit plutôt, désormais, de penser l’émancipation à partir de la multitude qui compose réellement la société et non d’un peuple fantasmé et de mettre à portée, à travers des aides et des infrastructures adaptées, la liberté auquel la majorité de nos concitoyens aspirent mais à laquelle beaucoup n’ont pas accès. De donner, à travers la formation et l’universalisation de la protection, les bonnes armes aux plus vulnérables. De mener les combats au niveau adéquat, l’Europe et la Méditerranée et de construire un récit et des symboles qui n’oublient personne, dans une perspective vraiment inclusive.

Il est à mon sens urgent, sur une base partagée mais dans le respect des différences et des sensibilités, d’œuvrer à un bloc démocrate unifié, dans lequel progressistes et écologistes, qu’ils appartiennent ou non la majorité, ont vocation à se retrouver.

Pour que cela fonctionne, aucun mouvement ou parti ne devra céder à la tentation de l’hégémonie. Il faut au contraire construire dès à présent, des espaces pour dialoguer et travailler et tous ceux qui trouvent cette démarche pertinente doivent y contribuer.

Victor Pescheux

Directeur des services techniques à la mairie de Lucé (Eure-et-Loir)

5 ans

Fallait peut être écouter entièrement les discours de ce WÉ qui mettaient clairement en avant le clivage gauche / droite. Dépassement entre les partis pour se rassembler (sur un projet) et reconquérir et exercer le pouvoir, mais à gauche !

Francis LAMARQUE

Vice-Président at ACESE

5 ans

Je partage à 100% ton point de vue ; un bloc démocrate unifié cela me va bien !

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