La Grande Bellezza
La vie, nue de toute habitude. La conscience accrue de l’autre, de la distance à l’autre, des objets, des animaux, de l’air, de ce qui circule dans l’air. La conscience exacerbée de tout ce qui nous entoure, nue de toute négligence, de toute certitude. Le soleil qu’on attend, qui nettoie, qui éclaire. Les enfants, les circonstances neutres qu’on voit dans le regard des enfants, les pensées qui transforment les circonstances. Les filtres de chacun, les jugements de chacun. Prendre soin de soi pour prendre soin de l’autre. Prendre soin de soi n’est plus lié à l’égoïsme. Ça a toujours été vrai, maintenant c’est exigé.
Rester chez soi, vivre de ce qu’on a. Prendre soudain conscience du tout. De la mort qui est sur la table, tout le temps, tous les jours, pour tout le monde. Plus rien n’est acquis. Et l’autre est aussi là, face à ses émotions, débarrassé de la course, des allers retours. Les émotions qui s’imposent, qui précèdent le tout. Et le nouveau stress : on ne peut pas se battre, on ne peut pas fuir. On est là, confinés. Ce mot : confinement. La liberté qui prend un nouveau sens, qui nous questionne. La liberté qui s’emmêle avec la responsabilité. Est-ce qu’on est emprisonnés ou responsables ?
Le collectif. La résignation à l’impuissance de l’individu. Le collectif aujourd’hui s’incarne dans un problème universel, se définit par rapport à un problème à résoudre, à un risque qui est à la fois porté et résolu par l’action collective. L’autre est là par ses pensées, ses émotions, sa présence, rend possible la prise de recul, la distanciation. L’autre est un risque, l’autre est la solution.
La solitude. A l’extérieur, le ciel prend toute son ampleur. Sortir devient un acte rare, conscient, qu’on justifie, qu’on signe : je sors pour telle raison. Chaque mouvement a maintenant un sens. Chaque souffle a un sens. Chaque souffle est un risque. La vie a toujours été un risque. Et cette question : qu’est-ce qu’on veut faire de tout ça ? Si tout devait s’arrêter, alors quoi faire aujourd’hui ? Si le tout continue, avec quoi sortir de cette expérience-là ?
Je m’apprête à rentrer. Un bus passe, vide. Le chauffeur me regarde, sourit et me fait un grand signe de la main. Est-ce que ça aurait été possible en d’autres temps ? Avec l’émotion surgit le souvenir de ce film : La Grande Bellezza.
Social Worker / HR
4 ansSuperbe ! Merci..
Directrice des Ressources Humaines chez Reolian
4 ansExcellent article sur le sens de la vie et ce que l’on veut en faire ... merci Amira ! Prends soin de toi. A très vite,
Metteure en scène - Lyon-Paris-Tunis Coordinatrice Les Plateaux France-Tunisie
4 ansAmira ! j'aime beaucoup beaucoup ta chronique. Les belles et fortes questions que tu sais décliner sereinement. Lorsqu'on est "Débarrassé de la course !" l'exacte situation... "Le ciel prend toute son ampleur", une vision (j'ai écouté une émission disant que les oiseaux réapparaissaient depuis cette crise sanitaire, qu'on les entendait davantage...Que viennent-ils nous dire ? Nous renvoient-ils notre image ? Qu'on leur avait cloué le bec ou retenus prisonniers par la glues du grand progrès, de la consommation ?)...Qu'est ce qu'on veut faire de tout ça ? la seule question. Cette responsabilité qu'on ne peut plus contourner, au-delà des pouvoirs qui dirigent. Les ailes devraient nous pousser. Bravo !!!!! (ainsi donc je vais lire les chroniques précédentes...) et chercher cette Grande Belleza...
Partner Agile, Coach, Formatrice OKR & Agile, Executive Coach, Entreprise Business Agility Strategist
4 ansExcellent article, merci pour cette mise à nue et ce partage de réflexions aussi personnelles
J’accompagne coachs, formateurs et dirigeants d’entreprises à optimiser leurs performances globales grâce à des programmes de coaching, de tutorat et de formations basés sur les neurosciences
4 ansWhat a nice moment you have just given me reading your thoughts. Thank you so much for this precious gift! I can't wait to see the results of our all self-thinking to get more clarity in our life!