La littérature française des IXe-XIe siècles
Les premiers textes littéraires français s’éloignent peu à peu des modèles liturgiques latins dont ils sont issus.
À ce titre et en guise d’illustration à notre propos, nous en évoquerons trois.
Citons tout d’abord La Séquence de sainte Eulalie (IXe siècle, vers 881-882) : il s’agit d’une pièce de vingt-neuf vers, attribuée à Hucbald de Saint-Amand.
Dans le manuscrit où elle figure, elle succède à un poème latin en l’honneur de la même sainte et elle précède un poème allemand, de nature différente. Elle est née dans un milieu trilingue.
Le culte de la sainte s’est développé dans la région de Saint Amand (près de Valenciennes, dans le Nord de la France) à la suite de la translation de ses reliques en 878.
La Séquence de sainte Eulalie est un poème destiné à être chanté, à l’église, le jour où l’on célèbre la fête de la sainte.
Elle a pour but de faire connaître aux fidèles sa vie, son martyre. La sainte préfère conserver sa virginité et sa foi dans le Christ plutôt que de servir le diable.
La Séquence de sainte Eulalie a un rôle pédagogique ; c’est un poème religieux, liturgique.
Ensuite, évoquons La Vie de saint Léger (Xe siècle) qui est un poème octosyllabique, qui a une source latine ; il s’inspire de la Vita de ce saint écrite par le moine Ursinus.
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Ce poème a pu être chanté à l’église lors de la célébration de la fête du saint ; mais il a pu aussi être chanté par des jongleurs à la même occasion comme le suggèrent les nombreuses adresses faites au public.
Enfin, considérons La Vie de saint Alexis (écrite au milieu du XIe siècle) qui est un poème de plus de six cents vers : ce qui est nouveau en français.
En outre, sa versification élaborée traduit une maîtrise de la technique littéraire (dialogues, monologues vivants et pathétiques). Sa forme annonce les chansons de geste.
La légende qui a une origine syrienne, date du Ve siècle. Nous en avons un récit grec du IXe siècle et des adaptations en latin au Xe siècle.
Le poème retrace la vie de l’ascète Alexis au IVe siècle.
Alexis est fils d’un grand seigneur de Rome ; il consent à un brillant mariage, mais le soir de ses noces, il renonce à la vie facile qui l’attend pour se consacrer à Dieu. Il s’enfuit, distribue ses biens aux pauvres. Il revient à Rome des années plus tard, et se fait héberger sous l’escalier de sa demeure sans que son père le reconnaisse. Pendant dix-sept ans, il subit les brimades et les railleries des serviteurs. Puis, sentant la mort venir, il écrit l’histoire de sa vie sur un parchemin. Une voix céleste conduit pape et empereurs à son chevet ; là, sa famille le reconnait mais il est trop tard…
Cette histoire connaîtra un large succès au cours du Moyen Âge ; au début, le public est ecclésiastique mais il s’élargira ensuite.
La littérature religieuse en français sera abondante tout au long du Moyen Âge (comme les vies de saints, prières, traités édifiants, récits de miracles…) mais elle reste tributaire de la tradition latine ; elle n’est pas originale.
Il faudra d’autres créations littéraires à la fin du XIe siècle pour que la littérature de langue française prenne véritablement son essor.
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1 ansSynthétique mais tellement passionnant…