La livraison : talon d'Achille d'Amazon ?
Intéressant article du prospectiviste Philippe Cahen dans les Echos du 22 janvier 2018.
"Et si Amazon se prenait les pieds dans le tapis ? (...) En effet, le coût de livraison pratiqué par le géant américain de la distribution en ligne est très avantageux. Et rien ne dit que ce coût soit effectivement réglé par le client, quand il achète un produit. (...)
L’une des martingales d’Amazon dans le e-commerce est le client Prime. Celui-ci, après une cotisation de 99 dollars (49 euros pour quelques pays d’Europe), devient un client privilégié pour la rapidité de la livraison (...) Des clients Prime plus nombreux, c’est plus de chiffre d’affaires, mais surtout plus de livraisons : plus de 5 milliards de livraisons Prime en 2017. Si Amazon communique les dépenses d’un client Prime, on ne connaît pas en parallèle le coût d’une livraison pour un panier moyen de 28,9 dollars (5 milliards de livraison pour 85 millions d’abonnés Prime dépensant 1.700 dollars par an) augmenté de 1,7 dollar de cotisation Prime."
Est-ce que ce 1,7 dollar finance la livraison d'un panier de moins de 29 dollars ? Il est évident que ce n'est pas le prix aux Etats Unis ou ailleurs. Même avec une flotte d'avions et de camions comme Amazon en dispose aux USA... Toute livraison au client final a un prix que connaissent parfaitement tout industriel ou commerçant. Ce coût varie habituellement 3 et 8 euros en France pour la plupart des entreprises en fonction des poids et de la typologie de produits transportés.
Si globalement, la livraison perd de l’argent, Amazon pourrait être menacé. Alors bien sûr, sa rentabilité est forte sur sa place de marché et surtout son activité de serveurs virtuels AWS, ce qui lui permet de compenser ces pertes en livraison. Mais un commerçant quel qu'il soit, ne peut vendre éternellement à pertes.
Philippe Cahen poursuit : "Reste que le dernier kilomètre est trop cher pris séparément, livraison par livraison. La menace pour Amazon est de perdre de l’argent à chaque livraison. Un jour, la livraison à domicile approchera de son vrai prix. Amazon est un économiseur de temps, mais acheter du temps, une vie facilitée, a un prix. Sans prix, Amazon ne tient pas. (...) Alors le commerce en dur, le point de vente, retrouvera sa place et le e-commerce ne sera qu’un canal de vente, celui du smartphone, un point d’achat".
Tout ceci ne doit pas nous amener à jouer la politique de l'autruche en refusant d'affronter la réalité en face. Amazon est un compétiteur impressionnant par sa force, ses innovations et son potentiel de destruction des marchés. Pour autant, son business model devra continuer à évoluer et on pourrait parier sur une modification de l'offre de livraison à terme (une fois de nombreux concurrents traditionnels éliminés ?)
Contrôleur de gestion groupe chez Groupement Les Mousquetaires
6 ansBon article
Collaborative Green Supply Chain Solutions Architect chez Green Squadron
6 ansMerci Philippe Nantermoz pour cette superbe contribution à la réflexion sur la limite de l'absorption des coûts de transports par Amazone (comme malheureusement beaucoup de e-retailer , qui eux n'ont pas la puissance de feux d'Amazone). J'ai lu il ya quelques temps une contribution en Anglais sur le budget transport achat d'Amazone et sa facturation sur linkedin , mais je n'arrive pas à la retrouver. Le débat est ouvert sur le fait que cela reviennent moins chêre à Amazone de transporter par ses propres moyens , plutot que de bénéficier de l'effet de mutualisation des transporteurs et intégrateurs , j'en doute très fortement , surtout si l'on considère que le e-commerce dans l'ensemble ne représente que 4.6% de la distribution des produits de grande consommation au niveau mondiale , et on projette 10% en 2025 , qui bénéficient des 95.6 % restant ...l'ensemble des transporteurs traditionnels , qui eux se doivent de respecter leur rentabilité. Il y a 4 ans on débattait d'une part de marché du e-retail de 20% en 2020 , ce qui pouvait en effet poser des questions sur la réorganisation des flux et l'impacte sur l'organisation régionales des plateformes et en définitif cela aurait été une belle cata , si des esprits bien "éclairés " (dont je faisais partie), avait décidé d'anticiper ces changements. Donc pas d'affolement , pour moi il y a beaucoup d'effet d'annonce ( dont les drones qui ferait fi des interdit de survol des agglomérations et des ..digicodes , très bien illustré par Alain Borri , il y a quelques temps . Enfin pour conclure et privilège de l'âge , la grande distribution dans les années 70 avait ses propres moyens entrepôts et transports et on fait leur mue et s'en porte très bien je pense ... Cordialement Jean Pierre LAMBLIN