La magie des premières fois

Dans cette période de profond changement et de questionnement, mes élèves me demandent souvent comment j’ai fait pour trouver ma place. J’aime leur répondre que j’ai répété "les premières fois".

Back to the future

2013. Mes journées sont bien remplies : famille, copain, boulot, achats compulsifs dans des magasins... La roue infernale de la vie tourne à plein régime. Toutes mes journées se ressemblent, les jours de mon calendrier sont des sosies. Rien de neuf. On me dit que tout va pour le mieux.

Pourtant, un jour au boulot, une voix intérieure m’interrompt et me demande : “Quelle est la dernière chose que tu aies faite pour la première fois ?”. Sur le moment, rien ne me vient. Après quelques secondes, toujours rien. Le temps sans réponse, devient suffisamment long pour que cette petite voix me relance avec un : “Et ouais, vive la routine”.

J’ai 31 ans, mes cheveux ne sont pas encore remplis de poussières, pourtant je m’enracine. C’est maintenant clair, si je n’ai pas de réponse à cette question, c’est bien que je suis en pleine stagnation.

Cet instant devient un déclic. Il est temps de se réconcilier avec “des premières fois”. Temps de redevenir pro-actif, de tester toutes sortes de choses dans mon quotidien afin de trouver sa voie. Ce qui n’était qu’une réflexion au départ, va devenir un grand jeu tout au long de ces 5 dernières années. Et ce jeu a le pouvoir de transformer sa vie.

Cet article résume l'état d'esprit et les changements que j'ai pu voir lors de mes différentes expérimentations professionnelles, personnelles, à la maison, dans mes loisirs, en me formant, auprès des gens... Il est le reflet d'une expérience.

Je vous explique.

Avant de se lancer

À cette époque, j'étais rouillé, il fallait remettre un peu d'huile. Comme un sportif se préparer. Voici avec quelle posture il m'a fallu renouer avant de se lancer.

• Se laisser guider par ses émotions

Souvenez-vous de votre premier baiser ? C’est bon, vous l’avez ? Juste ce moment où vos lèvres vont se poser sur les lèvres de quelqu’un d’autre ? C’est pas mal hein ? Souvenez-vous, un mélange de joie, de peur, de curiosité et d’excitation s’empare de vous. Le corps tremble. À ce moment précis, il y a peu de chance que vous ayez besoin d’un slide rempli de camemberts pour savoir si la situation dans laquelle vous vous trouvez est rentable. Le courant n’alimente plus la région de la rationalité. Le câble est débranché, vous lâchez prise.

C’est pile ce moment, et la sensation qui en découle avec laquelle il me fallait reconnecter. Plus la vie avançait, plus ces moments s'effaçaient. Pour expérimenter de nouvelles choses, il était indispensable de couper le mental, de reprendre confiance en mon corps et mes émotions.

• Apprendre à dire “OUI"

Au quotidien, on voit bien les difficultés qu’il y a parfois à accueillir la nouveauté avec un grand “OUI”. Pourtant ces 3 voyelles peuvent tout changer.

On ne parle pas du petit “oui” hésitant que l’on répond à son boss quand celui-ci nous présente sa prochaine idée révolutionnaire pour réorganiser l’équipe. On parle du grand “OUI”, celui qui nous encourage quand on est seul devant son miroir. Celui qui nous donne l’opportunité de construire quelque chose de différent. Celui qui nous ouvre au monde. (Ce n’est d’ailleurs pas pour rien, s’il finit généralement avec un beau sourire sur le visage.)

Un “OUI” franc, c’est s’engager, embrasser le changement, reprendre le contrôle de ce qui nous entoure. À lui seul, il nous donne la force dont on a besoin pour y aller. Et, lui encore, je l’avais oublié...

Astuce : Le grand “OUI” peut faire peur... “Mince, dans quoi je m’embarque”. Il est possible de redescendre la pression en se posant cette simple question : “Peut-on reculer ?”. La réponse est oui ? Foncez. Il y aura toujours une porte de sortie. Mis à part pour "avoir un enfant", ça marche dans tous les cas, rassurant non ? ;)

• Ne plus avoir d’objectifs

“Apprendre à faire des choses juste par plaisir d’apprendre”. Encore une phrase qu’il m’était difficile de prononcer il y a quelques années. Elle sonnait comme une fausse note sur la partition de la vie. Pourtant, sans ça, difficile de tester de nouvelles choses.

Chaque nouvelle expérience nous fait démarrer du bas. Peu de chance de devenir champion olympique dès son premier 100 mètres. Pourtant, notre recherche d'anticipation et de résultats nous poussent, parfois, à définir des objectifs trop ambitieux dès le départ. Objectifs finissant par nous pétrifier et nous décourager.

Pour se lancer, il faut se détacher des objectifs. Et s'il doit y en avoir, alors choisissons la curiosité et le plaisir. Mettons le reste sur liste d'attente.

• Oublier ce que l’on sait

Notre culture, notre histoire, nos expériences passées nous enferment dans une vision du monde, le reflet d’une réalité. Mais notre réalité, n'est pas LA réalité. Un petit pronom qui change tout. Accepter que d’autres réalités soient possibles, que d’autres chemins existent, c’est déjà un grand pas vers la nouveauté. Il faut savoir oublier ce que l’on sait pour se dépasser. Savoir passer du “Pourquoi” au “Pourquoi pas".

Se laisser guider par ses émotions, apprendre à dire "OUI", ne plus avoir d'objectifs, oublier ce que l'on sait... ne se font pas du jour au lendemain. Une bonne dose de discipline et d'entraînements sont nécessaires. Mais avec la répétition "des premières fois", tout s'accélère. Petit à petit, on met en place le bon état d’esprit pour s'ouvrir un maximum de portes.

En chemin

Une fois la machine lancée, d'autres mécanismes se mettent en place. C'est magique !

• Se centrer

Passer dans différents univers, faire des choses pour la première fois, qui vont parfois à l’encontre de nos croyances, peuvent être déstabilisants voire perturbants. Pour ne pas trop en souffrir, il est important de se recentrer. Se souvenir du pourquoi on est là et de ce que l’on vient y chercher. Bref, devenir conscient de nos actions. Une habitude quotidienne qui nous évite d’être dans la réaction. Une opportunité de mieux se connaître, de mieux savoir qui l’on est. Une opportunité pour apprendre et ressentir ce que cela nous fait.

• Oublier ses certitudes

Aller aux contacts de personnes nouvelles, accueillir de nouveaux points de vues, c'est réussir à mettre de côté ses certitudes. En oubliant ses certitudes, on laisse respirer ses doutes. On laisse entrer la nuance, l’ouverture, l’humilité dans notre existence. En vadrouillant à droite et à gauche, on se rend compte que le monde dans lequel on vit est complexe et vaste. Bien trop complexe pour avoir des certitudes sur tout. S’ouvrir aux autres, c’est trouver des réponses pour soi.

• Apprendre à digérer ses déceptions

Essayer plein de choses, c’est avoir des réussites mais aussi des échecs. Personne ne nous apprend à vivre avec le sentiment d'échec. Pourtant, il est tout aussi légitime que la victoire. Il est donc bon d’apprendre à vivre avec, à l’accepter. S'il y a bien une manière pour commencer à apprivoiser l'échec, c'est de le vivre. Le répéter. Quant on devient à l'aise avec, on en a plus peur. L’expérience adoucit les échecs...

Idée : Proposons une nouvelle matière à l'école "L'échequitude : l'art d'échouer"

Et maintenant

Après 5 ans de pérégrinations, j'ai trouvé mon équilibre. Avec le recul, voici ce que cette période m'a fait gagner.

• Confiance en soi

Au début, difficile de s'imaginer ce qu'on est capable de faire. Et puis, au fur et à mesure "des premières fois", on commence à avoir moins peur pour se lancer dans de nouvelles choses. Ça devient une habitude, une manière de vivre, un état d'esprit, on y fait même plus attention. Et après quelques mois, quand on regarde dans le rétro, ça donne le vertige de voir l'étendue de nos capacités.

Tout ça c'est bien, mais "Comment on fait pour se lancer la première fois quand on a pas confiance en soi ?" La seule réponse qui me vienne, c'est de surpasser ça. La magie est juste derrière ce premier pas.

• Savoir dire non

En vous inspirant de votre vécu, vous commencez à savoir ce que vous voulez et comment vous souhaitez le faire. Et quand vous savez, vous pouvez commencer à refuser tout le reste. Savoir dire non, c’est généralement le signal que vous êtes prêts à vous créer une vie sur mesure, à créer votre propre quotidien : vos horaires, vos activités, vos manières de faire… Vous n’avez pas à l’expliquer, vous savez. Il se peut même qu’au bout de 5 ans, votre job se soit créé sous vos yeux, sans même vous en rendre compte. Tout ça, à votre rythme, naturellement.

• Se transformer

Ce n’est pas facile de changer… mais c’est possible. Ces "premières fois" ont clairement bouleversé ma manière de voir mon quotidien et ce qui m'entoure. J'ai sincèrement ressenti le pouvoir que cela avait. Depuis, je rêve d'une école où les élèves ne passeraient leur temps qu'à faire des choses pour "la première fois" pour dessiner leur vie.

Ce passage de vie a bouleversé mon quotidien. Si elles ont eu ce pouvoir sur moi, pourquoi pas sur vous ?

Si vous avez eu la volonté de lire ce texte jusqu’au bout, MERCI. Avec cet article, j'espère avoir pu donner un éclairage, une manière de voir les choses pour trouver son chemin. Les mots seuls ne suffisent pas, mais ils ont ce pouvoir de faire réagir. L'action, elle, a ce pouvoir de nous faire vraiment comprendre.

On s’y met quand ? Maintenant ?

Alors je vous pose cette question, “Quelle est la dernière chose que vous ayez faite pour la première fois ?” Si vous avez une réponse, n’hésitez pas à la laisser en commentaires. Si vous n’avez pas la réponse, vous savez ce qu’il vous reste à faire ;)