La mobilisation sur la retraite relève plus de l’éco-anxiété que d’une révolte politique.
La peur de l’avenir… La protestation contre la réforme des retraites est du même ordre que la mobilisation pour l’environnement ou contre la pandémie. Elle se nourrit d’un manque de compréhension ou d’explications de phénomènes contemporains qui participent à ce mal du siècle.
Ce n'est pas une maladie...
Si l’éco-anxiété se manifeste par la peur collective de l’avenir, c’est devenu le mal du siècle. Ça n’est pas une maladie que la médecine pourrait soigner, c’est un phénomène sociologique qui a suscité déjà beaucoup de travail de recherche, notamment en Amérique du nord et plus particulièrement au Canada, mais aussi en Europe. Il existe dans toutes les écoles de Sciences politiques, moult travaux qui, malheureusement, n’ont pas apporté de solutions efficaces à ce mal qui ronge nos sociétés.
La notion d’éco-anxiété relève de la contraction d’écologie et d’anxiété. L’écologie se veut être la science qui étudie les relations des êtres vivants (au sens large) avec leur environnement, mais aussi avec les autres êtres, vivants notamment humains. L’anxiété, c’est un trouble bien connu des médecins psychiatres. Depuis les travaux d’un médecin belgo-canadien Véronique Lapaige en 1997, ce concept a beaucoup été utilisé dans l’analyse des comportement humains que la science politique et sociale avait du mal à expliquer.
Mais il n’existe pas de définition consensuelle notamment en France. L’organisation des nations unies et l’OMS, l’organisation mondiale de la santé, ont toutefois commencé à mesurer ce phénomène sur la base d’études de comportement.
Au départ, l’éco anxiété était liée aux crises environnementales et plus précisément, aux changements climatiques, à la multiplication des catastrophes naturelles et leur incidence sur les modes de vie : tous les phénomènes météorologues, la pollution, la déforestation, le déficit d’eau potable, la fonte des glaciers polaires, l’envahissement des plastiques au fond des océans et bien sûr, le réchauffement de la planète, sans parler très récemment du Covid qui a mis toute la planète à l’arrêt pendant presqu’un an.
En France, la mobilisation des opinions contre toutes les réformes structurelles s’inscrit dans cette tendance à l’anxiété qui alimente le mal être, la frustration et même la colère.
Pour les chercheurs, il s’agit en grande partie d’une anxiété d’anticipation. L’inquiétude ne concerne pas le court terme, mais l’avenir. Dans tous ces phénomènes, on a peur que des mauvaises choses se produisent dans l’avenir, des problèmes pour nous et nos enfants. On a peur de la fin du monde, on a peur de tout perdre, on a peur pour nos enfants … En bref, on a peur de perdre à terme tout ce qu’on essaie d’accomplir.
Plus grave, il y a un médecin épidémiologiste, Alice Desbiolles, qui a expliqué que tous les scénarios que les organisations internationales ou les gouvernements consacrent à ces problèmes sont eux-mêmes anxiogènes.
Beaucoup trop d'utopie !
Alors cette « eco-anxiété » n’est pas une maladie mentale, on peut donc difficilement la soigner par quelques pilules antidépresseurs. En bref, toutes les explications techniques, raisonnables et même responsables qu’on peut donner sur les raisons de ces évolutions inquiétantes sont inaudibles ou même aggravantes.
Les partis politiques ne manquent pas de suggestions, de propositions mais ils ne sont pas convaincants.
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Pour une grande partie de la gauche, y compris pour les écologistes, la raison de ce futur inquiétant est liée aux abus du système capitaliste. Très simple et tellement facile. Donc la solution serait de balayer le système capitaliste et de le remplacer par… Et là on replonge dans un abime d’incertitudes qui est pire que le mal.
Pour beaucoup de gouvernants, les solutions peuvent être techniques mais elles sont très limitées. Le monde entier n’est pas synchronisé mais le monde entier doit contribuer à l’effort si on veut des résultats. Donc on est dans l’utopie. C’est flagrant avec la question du réchauffement climatique. Le monde entier devrait lutter pour le climat mais une partie de monde a d’autres priorités.
Enfin, certains gouvernants ou leaders d’organisations ONG se rejoignent sur la question : de la responsabilité individuelle avec une mise en scène très culpabilisante. D’où les expériences de tri des déchets, les appels à faire des économies de chauffage ou à se priver de voyage en avion. Pour diminuer les empreintes carbones. Mais ça ne marche pas.
Les résultats ne sont pas à la hauteur des promesses et comment pourrait-il en être autrement?
Les êtres humains ne changent leurs comportements que s’ils y trouvent intérêt immédiat. La promesse d’une amélioration future ne leur parait pas crédible et ils ont raison. Keynes, le plus grand économiste de l’après-guerre, ne raisonnait qu’à court terme. Parce qu’à long terme disait-il, nous seront tous morts, alors à quoi bon.
Heureusement que les entreprises ont lu Schumpeter, son collègue et adversaire, qui a expliqué que la clef de l’avenir dépendant de nos investissements. Il a démontré aux chefs d’entreprises que leur intérêt d’aujourd’hui était lié au montant de leur investissement pour l’avenir. Keynes a sans doute empêché les systèmes capitalistes de mourir face à la pression des systèmes collectivistes. Mais Schumpeter leur a donné les moyens et les outils de survivre et surtout de prospérer sur l’ensemble de la planète grâce à l’innovation.
Personne ne met en avant les effets positis de la réforme.
La question des retraites en France est l’objet d’une mobilisation importante parce que les réformes sont porteuses d’inquiétudes sur l’avenir.
Le gouvernement a eu raison de faire une réforme parce que le système de gestion des retraites est fragile. L’opinion sait bien qu’il faudrait travailler plus et plus longtemps puisque la vie s’allonge (grâce à Schumpeter). L’opinion est anxieuse de ce phénomène, pas pour elle-même mais pour son avenir. Cela dit, personne n’a été capable d’expliquer à cette opinion publique qu’il pouvait y avoir des effets positifs à la réforme. Des effets macroéconomiques (plus de travail, c’est plus de croissance pour tout le monde), des effets financiers (un système d’assurance ne tient que s’il est en équilibre) mais aussi, il fallait dire que cette réforme allait changer le travail et la vie dans l’entreprise.
La mise en valeur des effets positifs de la réforme des retraites n’a pas été faite. Les écologistes ont le même problème avec le réchauffement climatique. Ils ont peu d’argument à livrer au débat sur les avantages d’une croissance plus propre.
Dans l’écologie comme dans le modèle social, les systèmes d’économie de marché peuvent apporter des alternatives. L’entreprise qui écoute le consommateur va modifier ses produits et sa façon de les fabriquer. Son investisseur aussi. Quant aux salariés, ils connaissent aussi les entreprises qui respectent l’environnement et celles qui ne s’y intéressent pas encore
Dans l’écologie comme sur le terrain social, les crises, les mutations naturelles ou démographiques sont des opportunités de changements profonds et enrichissants.
Et quoi qu’on dise, il existe beaucoup d’avantages positifs à la réforme. Mais il faut les décrypter. C’est long et difficile. Les gouvernements, les syndicats et les parti politiques ont rarement ce talent dont les effets ne seront visibles à plus long terme. Alors les responsables préfèrent passer en force et les imposer, parfois même ils les imposent par la peur, c’est un peu ce qui s’était passé au moment du Covid. Faute de convaincre, les gouvernements sont obligés d’affronter cette mobilisation. Cette « éco-anxiété » qui mine toutes les démocraties occidentales.
Vers une Nouvelle Société Française, faire équipage et arriver ensemble.
1 ansDans cette réforme, les « ciblés » par la prolongation du temps de travail ne comprennent pas la raison de l’effort au vu des résultats, pour l’exemple et premier cirière la dette publique 3000 MILLIARDS : que l’on commence par "GERER" ailleurs plutôt que de faire porter la charge toujours par les mêmes, bas salaires et classe moyenne. Si vous êtes cadre dirigeant ou haut-fonctionnaire, c’est apparemment différent: ne sont pas rares ceux poursuivant…retraite largement acquise… Sinon l’anxiété s’explique : -un enfant naît avec 40 000 euros de « passif » d’où baise de la démographie, inutile de faire des malheureux qu’on aura des difficultés à élever, -santé : gros doute, -école : gros doute -justice, en avoir besoin s’accompagne de délais…. -sécurité… Etc. Cette réforme fait resurgir le « POURQUOI » du travail ou le sens et corrélativement la qualité du travail versus le management , on est souvent plus proche de l’administration… Pour mémoire, nous sommes tous dans le même navire…. Et quoi qu’on dise, il existe beaucoup d’avantages positifs à la réforme » Lesquels sont-ils?