La pénurie de main d'oeuvre, un sujet mal barré.
Il y aurait selon plusieurs déclarations et prévisions, des centaines de milliers d'emplois vacants au Québec. C'est la crise. Mais d'où viennent ces postes vacants? De la croissance économique, pas du tout, Le PIB est d'un peu plus de 2% et depuis quelques mois il est en régression. Cette faible croissance n'est pas l'explication, trop facile. Les retraites, possible en partie mais aucunement en lien avec les centaine de milliers de postes non comblés, trop facile. Le faible de taux de chômage est aussi une illusion. Même si ce taux était à 6-8%, le même phénomène se produirait.
Cet extrait du dernier rapport IMT (Information sur le marché du travail, Québec) parle par lui-même:
Les postes pour lesquels aucune scolarité n’était demandée affichaient toujours la plus forte proportion (30 %) de l’ensemble des postes vacants au premier trimestre de 2019, tandis que la proportion de postes exigeant au plus un diplôme d’études secondaires (DES) était la même qu’un an auparavant (53 %).
La transhumance des talents n'a jamais été aussi forte. Les talents délaissent les terres arides pour des pâturages plus verts. La rareté, voire la pénurie sectorielle ne sont pas juste un simple calcul de + et de -. Ce déficit d'employés intéressés vs postes vacants n'est pas causé par ce que plusieurs pensent. C,est pas mal plus un constat d'échecs sur l'adaptation des employeurs (surtout publics) aux nouvelles opportunités que les gens recherchent (60% veulent changer d'emploi). Bonne nouvelle, je connais plusieurs employeurs dans des secteurs déclarés en pénurie qui possèdent une liste de candidats qualifiés...sur la liste d'attente. Ils sont et font quoi de différent vous pensez?
Ce qui se passe est qu'il y a plus que jamais des salariés qui veulent changer d'emploi et ils le font. De plus, plein de postes pourtant intéressants ne sont pas valorisés et les candidats potentiels et salariés quittent ces secteurs (ex. agriculture, restauration, commerces de détail et hôtellerie). Les travailleurs étrangers temporaires et les taux d'immigration sont essentiels pour contrer ce phénomène de désintéressement, fort bien.
La crise vient en fait que pour une première fois dans le marché du travail, les salariés malheureux changent d'employeur. Les secteurs qui écopent sont ceux qui se croient encore dans les années 60. Alliance RH+, une firme de recrutement de talents dont j'ai le bonheur d'en être copropriétaire le constate à chaque semaine. Trouver des candidats n'est pas un problème. Il faut travailler dur, contacter et annoncer mais les résultats sont là. La quasi totalité des CV reçus sont ceux de gens qui travaillent déjà.
L'autre cause est l'échec lamentable des universités et CEGEP qui, malgré les avis d'il y a plus de 10-15 ans, n'ont pas adapté leurs ressources et programmes en prévision de ces déficits de candidats formés dans plusieurs professions et métiers.
Chez Alliance RH, ceux qui nous remettent leur CV sont à la recherche d'un milieu de travail stimulant, offrant des perspectives d'avenir et surtout, à la recherche d'entreprises humanistes, soit des entreprises qui se passionnent sur chacun de ses employés, qui veulent savoir qui il sont et ce qui les motive. Le salaire, un peu plus c'est bien mais s'ils peuvent éviter le transport en commun ou les embouteillages monstrueux, c'est mieux.
Par conséquent, sauf pour les entreprises à trop faible rémunération (10% des employeurs), la pénurie est un argument politique fallacieux et un mythe d'économistes et surtout, un symptôme des faiblesses et défauts d'adaptation de l'État et des employeurs, dont particulièrement les emplois du secteur public, complètement diabolisés par les syndicats et les médias (préposés, infirmières, enseignants etc.).
La cause fondamentale de cette situation est donc les croyances dépassées et surtout le manque d'intéressement pour les gens. On vit présentement la plus belle époque pour la GRH. Quand les directeurs RH, superviseurs, gestionnaires et dirigeants aimeront gérer les humains, la pénurie ne sera qu'un mauvais souvenir. Présentement, y'a de très nombreux cadres et dirigeants dont le rêve est de ne pas avoir à diriger des humains. Trop compliqué, ils disent. Dommage, ils passent à côté de l'essentiel.
Quant aux organisations publiques et entreprises incapables de comprendre et de changer, je vous souhaite de belles funérailles. Il y aura toujours une solution pour vous remplacer.
Directrice générale
5 ansEntièrement d'accord avec toi Dénis
Avec Fynlam "Faites parler vos données achats"
5 ansIntéressant comme analyse Denis. Un autre virage à prendre pour les organisations soit celui de commencer à véritablement gérer les ressources essentielles à leur croissance. Ne tardons pas trop!