La pratique philo, l'intelligence, les élites et les autres.

La pratique philo, l'intelligence, les élites et les autres.

Avec quelques collègues et amis passionnés nous avons à coeur de faire connaître la pratique philosophique, car depuis quelques années nous faisons l’expérience que c’est une pratique qui s’adresse à tous même si elle est exigeante, même si elle demande de la patience, une capacité à questionner, à se remettre en question, à oser penser.

Elle s’adresse à tous, mais tous n’en reconnaissent pas le sens et jamais elle n’attirera des foultitudes de likes, de coeurs, jamais elle ne fera le buzz et si c’était le cas il faudrait s’inquiéter. Elle peut tout au plus se faire connaître un peu plus qu'elle ne l'est aujourd'hui.

Elle s’adresse à tous, même si parmi ceux que nous avons croisés certains n’y ont pas trouvé d’intérêt soit qu’elle leur semble demander trop d’efforts et de patience pour peu de résultats, soit qu’ils estiment qu’elle est douloureuse, car elle pousse à se regarder, à se remettre en question, à risquer son statut, à écorner sa belle image et ils ne veulent pas de cela.

Toutefois la pratique philo est aussi très stimulante pour quelques autres que nous avons rencontrés et qui y trouvent du plaisir et même de la joie : mettre de l’ordre dans ses idées, entrer en dialogue avec les autres, comprendre comment ils pensent, penser de façon libre, oser se déprendre des dogmes qui tentent sans cesse de s’imposer.

Voilà pourquoi voyager, pourquoi changer de milieu social et de culture : parce que nous ne pouvons pas savoir à l’avance pour qui la pratique philosophique fera sens. Et au fil des années je me suis rendu compte que le sens qu’on y trouve n’a rien à voir avec le niveau d’études.

Je ne crois pas que l’intelligence soit réservée aux élites et à ceux qui possèdent un haut niveau d’études.

J’appelle intelligence capacité à oser penser, à ne pas craindre de se tromper, à ne pas craindre le jugement des autres, à inventer des hypothèses puis à en vérifier la validité avec attention. L’intelligence implique aussi de savoir suspendre son jugement pour se laisser surprendre (plutôt que de remplir notre esprit avec des idées préconçues qui nous empêchent de voir et comprendre).

Ceux qui ont un haut niveau d’études sont parfois trop formatés pour développer cette forme d’intelligence.

Sur mon chemin, j’ai rencontré des personnes classées comme intellectuelles, mais aussi d’autres qui ne le sont pas : des artisans, des bouchers, des postiers, des forestiers, des paysans, etc., et je fais régulièrement l’expérience que ces derniers (même s’ils nourrissent parfois des complexes) ne sont pas les plus inaptes à proposer des idées stimulantes, loin de là.

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