LA PRESIDENTIELLE 2017 EN FRANCE EST RELANCEE...
François Fillon sera le candidat de la droite républicaine en France en mai 2017. Attaché aux valeurs traditionnelles du catholicisme, Fillon défend clairement un programme ultra-libéral, fondé sur la lutte contre le déficit budgétaire. Il l'emporte largement sur Alain Juppé, maire de Bordeaux, qui souhaitait rassembler au-delà de son propre parti par un programme beaucoup plus consensuel.
Tous les commentateurs avisés de la scène politique française considéraient l'élection présidentielle de mai 2017 comme jouée d'avance au bénéfice d'Alain Juppé, du fait de l'effondrement de la popularité du président socialiste actuel François Hollande (flambée du chômage, explosion de la dette publique, augmentation de la fiscalité et montée de l'insécurité). La défaite surprenante du maire de Bordeaux, personnalité respectée des Français, à la primaire de la droite et du centre du 27 novembre 2016, relance totalement la présidentielle de 2017. En effet, il est très douteux que François Fillon puisse rassembler au-delà de son parti, Les Républicains, avec son programme ultra-libéral.
Indirectement, la candidature très droitière de Fillon avantage donc tous les adversaires de son propre parti. En premier lieu, le centre pourrait avoir son candidat. François Bayrou, politicien expérimenté des campagnes présidentielles, a une bonne carte à jouer. Il le sait et il se déclarera candidat probablement dans les semaines qui viennent. Au centre gauche, l'électron libre Emmanuel Macron pourrait être tenté de se présenter ou de proposer un binôme inédit Bayrou président/Macron premier ministre, formule assez séduisante aux yeux des électeurs modérés et modernes du centre. Plus paradoxalement, la candidature ultra-libérale de Fillon peut rassurer le parti socialiste au pouvoir. Si le président Hollande laissait sagement sa place de candidat, du fait de son impopularité, à son jeune et dynamique premier ministre Manuel Valls, le PS pourrait même créer la surprise. Il faut souligner honnêtement que c'est le gouvernement Ayrault qui créa, par sa politique fiscale inappropriée, l'essentiel du surplus de chômage et non le gouvernement Valls. Plus à gauche, proche du Parti communiste, Jean-Luc Mélenchon aura certainement plaisir à fustiger le programme outrancièrement libéral de François Fillon. Enfin, le Front National, à l'extrême droite, ne peut que se réjouir de la candidature Fillon. En effet, ce parti, sur les conseils de Florian Philippot, se présente désormais comme le défenseur des ouvriers face au libéralisme et à la mondialisation.
Selon une première estimation, "à la louche", le corps électoral français pourrait se décomposer de la manière suivante en mai 2017 : Mélenchon qui récupère les déçus du PS (10 à 15%), Valls qui doit assumer un mauvais bilan (10 à 15%), Bayrou qui attire les électeurs du centre refusant de voter Fillon alors qu'ils auraient voté Juppé (10 à 15%), Fillon qui s'appuie sur un puissant parti (15 à 20%) et Marine Le Pen (15 à 20%). La campagne sera donc très ouverte. Rien n'est plus joué d'avance. La personnalité des candidats, les programmes proposés et la mobilisation des militants seront essentiels pour pouvoir espérer l'emporter. Un candidat inattendu, mais sachant convaincre les indécis, dans la fourchette originelle des 10-15%, pourrait soudainement monter à 20% des suffrages exprimés à quinze jours de l'élection et atteindre le second tour. Tous les candidats ont donc objectivement leur chance, y compris François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon. La présidentielle française 2017 est ainsi totalement relancée...
Le plus inquiétant est que si logiquement, du fait des sondages actuels, Marine Le Pen et François Fillon sont les candidats au second tour, nous pourrions avoir, à la surprise générale, comme ce fut le cas lors du Brexit et de l'élection de Trump, la victoire de la candidate du FN par refus du programme ultra-libéral de Fillon. En effet, les classes populaires n'adhèreront jamais à un tel programme taillé sur mesure pour le Medef. En définitive, du fait de l'abstention probablement forte au second tour, - qui veut la privatisation partielle de la Sécurité sociale en France, à part le PDG d'Axa? - François Fillon apparaît même comme le candidat le moins susceptible de l'emporter face à Marine Le Pen. Dans le cas de la présence du FN au second tour, les reports de voix se feront mieux en faveur de Bayrou, Valls et même de Mélenchon.
Qui a dit que la droite française était la plus bête du monde?