La réduction des inégalités hommes femmes : une priorité du Président coréen Moon Jae-in.

Les inégalités économiques entre les hommes et les femmes en Corée sont parmi les plus importantes des pays développés. Le taux d’emploi des femmes en Corée, à 56,9 % de la population d’active en 2017, est nettement inférieur à celui des hommes (77,6 %). Il est également en-dessous de la moyenne de l’OCDE (59,4 % pour les femmes) ou de celui de la France (60,8 %). Le taux d’emploi des femmes de 35 à 44 ans est particulièrement faible, reflétant le fait que nombre d’entre elles choisissent d’interrompre leur carrière lorsqu’elles ont leur premier enfant. L’écart de salaire entre les hommes et les femmes en Corée est également de loin le plus élevé de l’OCDE et s’élève à 37,2 % du salaire masculin médian (le Japon est en deuxième place avec 25,7 %). Le dualisme du marché du travail coréen affecte davantage les femmes : 40,2 % des femmes occupent des emplois non-réguliers, contre 26,5 % des hommes ; cette différence explique une grande partie de l’écart de salaire entre les sexes. 74 % des femmes travaillent dans le secteur des services, où les salaires sont inférieurs.

La situation des femmes sur le marché du travail est un problème économique majeur pour la Corée, dans un contexte de vieillissement accéléré de la population (la population active a commencé à décliner en 2017). L’augmentation du taux d’emploi des femmes, régulièrement recommandée par le FMI et l’OCDE, permettrait d’amortir l’impact de la baisse de la population active et est essentielle pour maintenir la croissance potentielle à son niveau actuel (environ 2,8 %). Les difficultés que rencontrent les femmes pour concilier carrière et vie de famille sont par ailleurs l’un des facteurs expliquant le faible taux de natalité de la Corée (1,05 enfant par femme) et le vieillissement de la population.

Le nouveau gouvernement de Moon Jae-in est conscient de ces difficultés : la rallonge budgétaire de 10 Md USD votée au mois de juillet doit permettre, entre autres, de développer les programmes de formation pour les femmes réintégrant le marché du travail après une interruption, de rehausser le montant de la prestation versée lors des congés parentaux et d’augmenter le nombre de crèches. La réduction du temps de travail hebdomadaire maximum, de 68 heures à 52 heures adoptée en février 2018, devrait également faciliter l’équilibre entre carrière et vie de famille. Conformément aux promesses de campagne de Moon Jae-in, le nouveau cabinet ministériel est par ailleurs composé à 30 % de femmes, parmi lesquelles figure notamment la première femme ministre des Affaires étrangères, Kang Kyung-hwa, et la première femme ministre du Traval et de l’emploi, KIM Young-joo.

En Corée, les femmes restent peu représentées en politique comme dans le monde des affaires : 83,7 % des députés sont actuellement des hommes et 97,9 % des membres des conseils d’administration des entreprises coréennes sont également de sexe masculin. Les dirigeantes de grandes entreprises sont peu nombreuses et sont pour la plupart issues des familles fondatrices des chaebols : Lee Boo-jin, la fille du président du groupe Samsung Lee Kun-hee, est par exemple la directrice générale d’Hotel Shilla. La PDG de Naver depuis mars 2017, Han Seong-sook, fait figure d’exception. Kwon Seon-joo dirige par ailleurs la banque publique Industrial Bank of Korea (IBK) depuis septembre 2013, devenant ainsi la 1ère femme PDG dans le secteur de la finance en Corée.Ce thème était à l’ordre du jour de la rencontre entre la Ministre du Travail, Mme Muriel Pénicaud, et la Ministre du Travail et de l’Emploi coréenne, Mme Kim Young-joo, le 13 mars 2018 à Paris, les deux pays ayant décidé de renforcer leur coopération bilatérale dans ce domaine.