La réussite de nos entreprises passera par la transformation de la posture des leaders

La réussite de nos entreprises passera par la transformation de la posture des leaders

Durée de lecture : 3’

Se former à la facilitation en tant que CEO d’une entreprise est un acte décisionnel conséquent, entraînant des modifications fondamentales à tous les niveaux de l’organisation.

La transformation essentielle se situe pour moi dans le fait que le rôle de leader se commue, à force de travail sur soi, en facilitateur adoptant volontairement une posture basse. Le leader-facilitateur se met au service non d’une structure organisationnelle, mais au service des intelligences humaines qui la composent.

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« Ça n'a pas de sens d'embaucher des gens intelligents puis de leur dire quoi faire. Nous embauchons des gens intelligents afin qu'ils puissent nous dire ce qu'il faut faire. » Steve Jobs  

Le leader-facilitateur va tout d’abord poser un cadre qui va garantir à son organisation et aux membres de son équipe que tout projet accepté sera le fruit d’un consensus, gage d’un meilleur engagement de chacun à sa réalisation. Ce cadre va également servir de garde-fou au leader-facilitateur qui va devoir à tout moment vérifier qu’il ne se pose pas en garant du résultat, mais en garant du processus qui va mener au résultat. Avec des processus comme la gestion par consentement, la réunion de triage, l’élection sans candidat ou la réunion de régulation, le facilitateur va faire le nid de la créativité collective tout en prenant garde de ne pas endosser son habit de « sauveur » (= trouver une solution à la place de celui qui amène une tension), rôle vers lequel son poste de manager le destine si souvent (sauver l’entreprise, sauver des emplois, et parfois se sauver lui-même en parachute doré…). Quitter son rôle de sauveur n’est en rien un signe de déresponsabilisation, mais un mouvement de bascule d’une intelligence isolée vers une intelligence collective.

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 « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. » Proverbe africain

Cette posture basse implique un long, lent et permanent travail de l’ego toujours avide de reconnaissance personnelle. Saurais-je me réjouir d’une proposition collective qui n’est peut-être pas LA meilleure décision selon mes critères, mais celle qui a reçu l’approbation de l’ensemble de l’équipe, c’est-à-dire qui n’a fait l’objet d’aucune objection ? La motivation d’une équipe relève-t-elle de la volonté de son leader à trouver l’idée du siècle ou de la stimulation d’une équipe où chacun est valorisé dans le rôle qu’il occupe, car il trouve du sens à donner son avis dans des processus de décision collective ? Les leaders-facilitateurs ont la sagesse de célébrer les compositions collectives, entraînant la cohésion des collaborateurs, leur sentiment d’appartenance au groupe, ingrédients de base du succès d’une entreprise.

Cette posture basse est tellement peu naturelle dans notre société qui pousse à la compétition, que ses détracteurs peuvent taxer cette attitude de « faiblesse » alors qu’elle nécessite une force, une maîtrise de soi peu commune pour prendre au sérieux chaque idée émergente, lui donner un espace pour s’exprimer, la faire évoluer tout en veillant à ce qu’elle reste collée à l’objectif pour lequel le groupe est réuni, mettre de côté son propre avis sur le fond pour placer son énergie au service du processus de bonification collective. S’il vous a fallu de la patience pour parvenir au bout de la lecture de la longue phrase précédente, ce n’est rien à côté de la persévérance qu’il vous faudra pour maîtriser vos attitudes de dominant qui afflueront au fur et à mesure de votre transformation. Combien de fois serez-vous pris en flagrant délit d’influence : « Es-tu sûr que ton objection est valable ? » (sous-entendu : « je ne comprends pas bien ton objection, donc je la juge a priori comme non valable »).

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« Il y a deux sortes d'efficacité, celle du typhon et celle de la sève. » Albert Camus

 

Enfin, il vous faudra continuellement entretenir votre foi, votre confiance en l’intelligence collective. Cette dernière sera mise à rude épreuve tant les manifestations individuelles de prise de pouvoir seront nombreuses. Les recadrer avec fermeté quant au respect du processus et avec bienveillance quant au respect des personnes sera un challenge de tout instant, mais la fluidité que vous acquerrez à mesure de la pratique des outils renforcera l’efficacité et la rapidité dans l’exercice de la prise de décision. Sans compter la satisfaction de célébrer ensemble le pouvoir du consensus autour d’une proposition amendée par tous.

Merci à Dimitri Biot, Guillaume Dorvaux et Jean-Luc Christin de l’Université du Nous qui nous ont accompagnés durant la formation Facilitation et Animation. Ils incarnent cette nouvelle forme de gouvernance partagée et, par leur détermination à la bienveillance, leur intelligence des processus et leur cohérence, ils nous ont « déposés » sur le chemin de la facilitation en nous montrant la direction à suivre et non la certitude du but à atteindre.

Sandrine Greze

Manager - responsable administrative

4 ans
Thierry PACE

Senior Advisor chez Luxfactory

4 ans

Le leader facilitateur a-t-il une posture basse ? doit-il avoir une posture basse ? C'est lui qui fixe le cadre et c'est lui qui le fait respecter par chacun. Il s'assure donc par son questionnement que les propositions faites par le groupe rentrent dans le cadre. Des remarques comme celle sur la validité de l'objection est tout à fait légitime dans cette optique. Il participe à l'intelligence collective de l'équipe dont il fait partie et lui permet des constructions plus solides. Il est tout à fait vrai que c'est une forme de pouvoir différente. Le "chef" devient un support de l'équipe, celui qui permet d'avancer plutôt qu'un censeur. Pour rester sur ce thème contestable du pouvoir, celui qu est construit de cette façon est très grand : tout le monde a envie de travailler avec cette "personne qui permet". Les résultats d'un leader sont ceux produits par son équipe, non ?

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