La révolution des paiements : quatrième acte (*)

La révolution des paiements : quatrième acte (*)

L’évolution des modes de consommation continue sa profonde mutation, gagnant tous les jours horizontalement de nouveaux adeptes et verticalement de nouvelles transactions, sur les achats de la vie quotidienne de faible montant notamment.

L’année 2017 aura été une année importante pour le monde des paiements.

Au plan technologique tout d’abord, de nombreuses innovations permettent à présent de rapprocher la vente en magasin et la vente en ligne pour fluidifier le parcours d’achat des consommateurs et le personnaliser.

Au plan réglementaire, l’arrivée de la DSP 2 dont l'objectif vise à assurer plus de sécurité et davantage de transparence des services de paiement électronique sur Internet.

Le règlement européen impose aux e-commerçants d’offrir aux acheteurs la possibilité de choisir la marque de leur carte bancaire (CB, Visa ou Mastercard) au moment du paiement. Ce choix imposé de la marque va ajouter une étape supplémentaire au processus de paiement. C’est un nouveau défi pour les E-commerçants qui vont devoir imaginer de nouveaux scénarii de paiement en 2018 pour se conformer à cette nouvelle réglementation.

Fin novembre 2017, la Commission européenne a publié les derniers standards techniques et réglementaires (RTS) de cette nouvelle DSP. Ces standards visent notamment à réguler les échanges de données bancaires et à renforcer la sécurité.

-  L’ouverture par les banques aux donnés bancaires via un accès direct sécurisé pour les prestataires de paiement permettra à coup sûr de créer de nouveaux usages via des APIs et, par rebond, de proposer plus d’agilité et d’innovation dans les services de paiement.

-  La généralisation du système d’authentification va imposer aux banques d’avoir recours à deux systèmes de vérification au moins pour confirmer l’identité des clients. Cette authentification va accroître l'échange d'informations entre les commerçants et les banques des clients - potentiellement à l'insu du plein gré de ces derniers. 

-  Les « marketplaces » vont devoir fournir plus de transparence à l’acheteur en faisant notamment apparaître de manière systématique sur le relevé de compte de l’acheteur (donc a posteriori) , le nom du sous-marchand.

L’enjeu pour le commerçant ne sera pas d’atteindre 0 impayé, au risque de bloquer des ventes "saines", mais de trouver le bon équilibre entre fluidité de la transaction et protection contre la fraude afin de maintenir un taux d’impayé en dessous de 0,13% pour un panier d'achat qui ne dépasse pas 100 euros, ce qui lui permettra de pouvoir débrancher le processus de 3D Secure systématique.


L’application de la DSP 2 devrait être effective au plus tard fin 2019.

Dans les mois à venir, les paiements en Europe devront donc bénéficier d'une authentification plus forte.

Une authentification forte (3D Secure) requiert donc l'utilisation d'au moins deux éléments indépendants parmi les trois sous-mentionnés :

1.     le téléphone ou boîtier électronique

2.     un identifiant et/ou un mot de passe

3.     une empreinte digitale, la reconnaissance vocale ou la reconnaissance faciale

Avec la DSP 2, la banque de l’acheteur (banque émettrice) devra donc estimer le niveau de risque d'une transaction et ainsi décider du niveau d'authentification requis. Si la banque estime que le paiement a un niveau de risque trop élevé, elle pourra demander des données supplémentaires à son client pour l'authentifier.

Les grands établissements financiers de la Suisse sont déjà au standard de la DSP 2. En France et en Allemagne, à quelques exceptions près, le 3D Secure actuel ne répond pas à ces critères. Il devra donc laisser la place à de nouveaux protocoles de sécurisation des paiements.

La fluidité des nouveaux processus à imaginer est cruciale afin de ne pas favoriser le développement d’un commerce gris dans la mesure où les Etats de l'Union Européenne souhaitent parallèlement, dans le cadre de la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, limiter le nombre et la nature des transactions en cash et éviter le rush sur les crypto-monnaie dont le contrôle leur échappe totalement en ce qu’il est supranational.

Autant de défis passionnants à relever pour toutes les parties prenantes au cours des prochains mois !  


(*) La pièce se jouera-t-elle en cinq actes ?

Acte Premier : création de la monnaie, dont tout le monde ou presque a oublié qu’il s’agissait de l’impôt de Zeus (à méditer)

Acte Deux : création de la monnaie papier, à l’origine adossée sur l’Or (et aujourd'hui, sur l'armée nord américaine pour le Dollar, quid pour l'Euro ?)

Acte Trois : création de la carte bancaire (invention géniale d'un français né au Caire : Roland Moreno dans les années 70)

Acte Quatre : développement des transactions sur Internet (grâce à Amazon, un australien est mon voisin)

Epilogue : les crypto-monnaies, la disparition du cash… ? Les meilleures histoires ne sont-elles pas celles qui n’ont pas de fin !




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