La « redirection » : nouvelle mission des responsables RSE ?
Human connections de la société Interface

La « redirection » : nouvelle mission des responsables RSE ?

La "redirection" (écologique et sociale) est un concept qui vise à réorienter les activités des organisations humaines en réponse aux défis écologiques et sociaux contemporains.

Ce terme, inspiré par le designer australien Tony Fryn, se distingue des notions de transition écologique ou de développement durable en proposant une approche radicale (i. e. qui s’intéresse aux causes racines) et systémique (i. e. qui prend en compte les relations et les interdépendances entre les parties).

La redirection se présente comme un cadre conceptuel et opérationnel conçu pour aligner les organisations publiques et privées, ainsi que les infrastructures et instruments de gestion, avec les limites planétaires et les planchers sociaux (cf. théorie du Donut).

 Elle demande aux entreprises de renoncer à certaines activités délétères et d’imaginer des activités à impact positif après s’être posé la question de leur incidence sociale, environnementale et/ou sociétale (voir l’exemple emblématique de redirection réalisée par la société Interface et dans une moindre mesure par Expanscience). 

 Sa mise en œuvre implique non seulement de comprendre les impacts écologiques et sociaux des activités humaines, mais également de déconstruire la relation de nos organisations avec le Vivant, et de mobiliser nos capacités d’innovation sociale et technique … en s’appuyant idéalement sur des politiques publiques ambitieuses.

 En période d’incertitude ou de turbulences économiques, la « redirection » apparaît pour nombre de dirigeants comme un concept irréaliste, alors qu’ils cherchent à sécuriser l’atteinte de leurs objectifs commerciaux et financiers pour l’année courante.

 Ainsi, face au « réalisme économique », les professionnels du développement durable constatent amèrement le manque de moyens alloués à leur mission et leur incapacité à enclencher de véritables plans de transformation, à défaut de redirection.

 Pourtant, les dirigeants d’entreprise ne peuvent raisonnablement pas exclure un scénario de convergence des crises (écologique, sociale et économique), et de nouvelles compétences stratégiques doivent permettre de veiller à la pérennité de leur entreprise en identifiant des opportunités de « redirection », en développant des offres de produits-services écologiques, en prenant en compte les risques opérationnels et financiers (réputation et échouage d’actifs notamment), ainsi que le risque fiscal qui résulterait d’une remédiation insuffisante des impacts négatifs de leur activité (principe pollueur -payeur).

Dès lors, les responsables RSE doivent s’affirmer comme les stratèges de la redirection de leur entreprise, et essayer ne pas se laisser engluer dans des activités de greenwashing.

Dans le cadre de la mise en œuvre du rapport de durabilité (CSRD), ils doivent vigoureusement prendre en charge la définition des politiques et des cibles ESG, des plans d’actions et des moyens qui permettront de « rediriger » aussi rapidement que possible l’activité de leur entreprise (partie narrative de la CSRD), tout en laissant aux financiers le soin de produire et de contrôler les chiffres demandés par las normes ESRS.

La CSRD ne fait rêver personne, mais seuls les responsables RSE pourront lui donner un sens.

Merci Lionel BIANCHI pour cette découverte de concept de "redirection" ! Pas sûre que les financiers dussent uniquement produire et contrôler - Dans la fabrication de cette redirection vers une valeur redéfinie, ils peuvent être moteurs de nouveaux récits

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Autres pages consultées

Explorer les sujets