La surdité, ce handicap invisible, et pourtant bien présent

La surdité, ce handicap invisible, et pourtant bien présent

Dans le cadre de ses missions de rédaction de débat et de prise de notes, Red’Active a accompagné pendant 6 semaines une jeune femme de 28 ans, atteinte de surdité, dans le cadre de sa formation en vue d’obtenir un poste dans une grande société aéronautique.

Pour cette jeune femme, cette formation représentait sa dernière chance d’intégrer le monde professionnel dans des conditions « normales ». Intégrer le monde professionnel, pour les personnes sourdes comme pour les autres, c’est aussi accéder à une véritable vie sociale, à une véritable indépendance financière, à la propriété, à la famille, à la vie… Les enjeux étaient donc énormes et, de cela, Red’Active a été consciente dès le début de sa mission.

Que se disait-elle ? « Il faut que cette jeune femme réussisse sa formation, qu’elle en comprenne le contenu, qu’elle réussisse ses examens… » Et pour ce faire, comment l’aider ? En prenant pour la jeune femme les notes que Red’Active aurait prises pour elle-même. Eh bien non ! Une personne sourde, en apparence, au vu de la discrétion des appareillages, et au vu de sa capacité à s’exprimer comme tout en chacun, semble parfaitement adaptée à son environnement. Pourtant, et c’est ce que Red’Active a découvert à son contact, mais aussi au contact de l’URAPEDA qui lui a dispensé récemment une formidable formation sur la découverte de la surdité, la personne sourde souffre d’un isolement pernicieux. Pernicieux, car il se cache derrière des apparences « classiques ».

Ce que Red’Active n’avait pas mesuré, c’est à quel point les bruits environnants constituent une gêne de chaque instant pour une personne appareillée, dont le dispositif ne fonctionne de manière optimale que dans un environnement silencieux.

Ce que Red’Active n’avait pas mesuré, c’est à quel point la lecture labiale est complexifiée par un contexte général qui vous échappe.

Ce que Red’Active n’avait pas mesuré, c’est à quel point des rires dont on ne comprend pas l’origine peuvent être source d’angoisse, voire de paranoïa.

Ce qu’elle n’avait pas compris non plus, c’est l’intensité de l’effort de concentration que la personne sourde doit fournir pour faire abstraction des bruits environnants et autres acouphènes pour isoler la parole de l’intervenant, encore moins la fatigue profonde qui en résulte.

Elle n’avait pas compris non plus à quel point l’effort pour saisir le contenu du discours est incompatible avec une mémorisation instantanée de l’information.

Enfin, ce qu’elle n’avait pas compris, c’est à quel point elle devait prendre en note l’intégralité du discours, y compris les digressions et les apartés, car ce dont la personne sourde souffre en premier chef, c’est d’un isolement quasi complet et intolérable face à ce monde qui s’agite autour d’elle, et dont le contenu reste définitivement silencieux et inaccessible.

C’est la raison pour laquelle Red’Active s’est inscrite hier à une formation proposée par le site aixois de l’URAPEDA. Animée par Raphaëlle et Tony, deux professionnels de la surdité dont la passion et le combat pour l’intégration et la reconnaissance de la personne sourde dans notre société sont évidents, cette formation a permis à Red’Active de mieux saisir le mode de fonctionnement de ces déficients auditifs et, surtout, les conséquences nombreuses et pernicieuses de ce handicap. Le Travail de l’URAPEDA est admirable de dévouement et d’acharnement en termes de prise en charge, d’accompagnement et de soutien aux personnes sourdes de manière à ce qu’elles trouvent de vrais interlocuteurs et la véritable place sociale à laquelle elles ont droit au même titre que chacun d’entre nous. Lorsque quelqu’un est trop petit pour attraper un dossier situé en hauteur, il est évident pour tout le monde de s’en saisir pour lui. Lorsque quelqu’un est intolérant à un aliment, il ne viendrait à l’idée de personne de lui en proposer, alors pourquoi personne ne cherche-t-il à s’adapter à la surdité ? Contrairement aux idées reçues, une personne sourde n’est ni muette ni déficiente mentale. Elle n’entend pas, c’est tout. Il suffit donc de comprendre comment elle fonctionne et d’aménager un peu son environnement de travail pour en faire une personne totalement autonome et largement aussi compétente qu’une autre. Alors pourquoi une telle discrimination ? Pourquoi tant de réticences ? C’est le combat que livre l’URAPEDA au jour le jour, et, si elle en a l’occasion Red’Active espère bien pouvoir de nouveau, avec les bonnes armes cette fois, aider cette belle association dans sa mission, en prenant des notes adéquates, complètes et circonstanciées, et en faisant fi de sa propre susceptibilité sans doute totalement déplacée face à la fragilité des personnes souffrant de déficience auditive…


Tony Incandella-Tassignon

Professeur de théâtre chez les petits bouts de chemins, intervenant en accessibilité et compensation LSF<> Fr et formateur en surdité chez URAPEDA-Sud

5 ans

Merci infiniment à RED'ACTIVE pour joli billet

Claude DAUMAS

Retraité, ancien Chargé d'habilitations Formation en Prévention des risques professionnels - Formateur Prévention chez Carsat Sud-Est

5 ans

Et cela exprime parfaitement ce que peut "endurer" un malentendant au quotidien

James Chelim

Business Development Sales Manager Nordics & Baltics for Medline Europe

5 ans

Excellent!!

Frédéric Alary

Directeur Adjoint, Responsable régional des services prestations chez URAPEDA SUD

5 ans

Un grand bravo à Raphaëlle et Tony !

Raphaëlle MARZAL

Responsable pédagogique et conseillère en compensation du handicap auditif chez URAPEDA SUD

5 ans

Merci pour ce beau témoignage!

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