La vie est un scaphandre
À quoi sert d’être vivant ? S’il n’y a pas de raison divine ou de finalité surnaturelle à l’existence, la question de l’intérêt de la vie se pose avec d’autant plus d’acuité.
Rien ne peut convaincre un être en bonne santé que la seule chose à faire est de tourner en rond jusqu'à son dernier jour, sans autre résultat que de tourner. Il peut décider que la vie est une entreprise vaine, mais non pas que l’agitation et la répétition constituent un but en soi.
Travailler, courir, manger, se reproduire, se disperser, disparaître, tout cela ne forme pas un programme très excitant pour l’esprit. Ce n’est qu’un système transitoire, une mécanique indifférente, dont le seul intérêt est d’assurer l’intendance. Il faut sortir de ce cercle, réussir à se mettre au service de ses projets les plus aigus : amour, vision, création. Par eux on commence à ressentir la vitesse de sa vie, et le plaisir qu’on peut en tirer.
Il ne s’agit pas de « croire à la puissance de l’esprit », mais de s’en servir pour autre chose que des fins immédiates et concrètes : c’est-à-dire pour le bonheur.
Le bonheur est l’opération de l’esprit par excellence. Il consiste à établir un rapport direct entre l’ensemble de nos activités volontaires et le sentiment de maîtrise et de plénitude qu’on éprouve à échapper au temps.
Bien sûr, un corps qui ne souffre pas, une existence qui n’est pas un naufrage, y participent grandement. Mais rien n’a lieu, ni ne peut avoir lieu, sans passer par le prisme de l’esprit, qui transforme la répétition en durée, et l’avenir en projection du présent.
Toute vie est imaginaire. C’est une suite de constructions fictives de la réalité la plus immédiate. Mais il y a des fictions tristes et des scénarios inaboutis. Il y en a d’autres qui valent la peine d’être suivis jusqu'au bout. Notre seule chance réside dans une certaine continuité et une certaine tension de nos actes conscients. Il faut que chacun d’eux produise une imagerie féconde, c’est-à-dire concrète. Cela suppose de se soustraire au système en boucle des images stéréotypées, dont on voit bien qu’il constitue un des destins possibles de l’humanité.
La promesse du bonheur façon Matrix, en pure illusion virtuelle, la tête dans les fantasmes et le corps rivé à un univers insalubre et hideux, est le piège même, le contre-sens parfait. Un prisonnier sous électrodes n’est pas libre, il est mort. L’intérêt de la partie que chacun de nous dispute est qu’elle a lieu dans la réalité immédiate : pas demain ou ailleurs, mais ici et maintenant.
L'imagination est le langage de l'âme et le partage des connaissances est la joie de la pensée💫
6 ansJ'apprécie immensément vos écrits. Merci infiniment ! Oui nous devons vivre dans l'instant présent car lui seul est nécessaire pour accéder à notre bonheur sur ce grand fil d'Ariane !