La vie vient de me donner un sacré coup de pied au derrière

Celles et ceux qui me sont proches savent que depuis quelques années, je surfe sur des vagues plus ou moins agitées de réflexion sur le sens de ma vie professionnelle. Tout a commencé vers l'âge de 45 ans, peut-être même avant... La fameuse crise de la quarantaine qui a atteint son apogée lorsque la cinquantaine est arrivée, si vite. Étant donné que la vie professionnelle est étroitement liée à la sphère personnelle, cette dernière en a pris un sacré coup également. Impression d'être passée à côté de quelque chose, de m'être encroûtée, d'être confinée dans une sorte de confort devenu une petite « prison », d'avoir perdu le sens et le contrôle, blablabla.

Terrible sentiment, surtout, qu'il n'y avait rien à changer puisque c'était trop tard. J'avais vieilli... Il faut dire que la société est pas mal rude pour les personnes qui « gagnent en maturité » au fil des ans. On a beau dire que plus on prend de l'âge, plus on est certain du chemin que l'on veut emprunter, rien n'est si simple. C'est beau dans les livres de développement personnel, mais dans la vraie vie, ce n'est pas forcément évident. Bref, passé 50 ans, je ne trouve pas de job à la hauteur de mon expérience dans mon domaine d'expertise, je n'ai pas d'attaches, je n'ai pas de maison à payer, ma fille est devenue une jeune adulte accomplie (maman a fait le plus gros de son travail même s'il n'est jamais vraiment terminé...), j'ai une double citoyenneté et une double culture et je suis libre de mes mouvements. Libre, parce que j'ai choisi de quitter mon travail il y a deux ans pour partir à mon compte. Une liberté qui coûte cher mais qui laisse pas mal d'espace pour réfléchir. Parfois même un peu trop...

Faire bouger les choses, ça ne se fait pas tout seul; il faut passer à l'action. Encore faut-il avoir l'énergie de se retrousser les manches et de se retrouver devant les pages blanches d'un nouveau chapitre de sa vie. Car, comme je l'avais fait à 28 ans en quittant tout en France pour venir m'installer à Montréal, je souhaitais un renouveau total, pas un simple petit changement... Mais je procrastinais, j'avançais pour mieux reculer, je m'isolais, je trouvais toutes sortes d'excuses ou de responsables et je déprimais.

Le hasard n'existe pas

J'avais bien un rêve enfoui au plus profond de moi depuis plusieurs années, soit celui d'avoir un jour ma propre boutique indépendante quelque part au bord de la mer en Europe. Mais, étant qui je suis, tout ça n'était qu'un rêve, « irréalisable pour une femme de mon âge ».

Mais, allez savoir pourquoi, depuis plusieurs mois, je travaille sur les grandes lignes d'un plan d'affaires lié aux domaines de la mode et du design et, il y a quelques semaines, j'ai pris contact avec des intervenants dans le milieu. J'ai ainsi pu rencontrer des responsables de la Grappe métropolitaine de la mode de Montréal - dont je suis devenue membre depuis - pour leur exposer les grandes lignes de mon projet. Il a semblé être d'intérêt puisque, dans le cours de notre discussion, ils m'ont informé que le 14 novembre prochain, Mme Isabelle Hudon, Ambassadrice du Canada à Paris, invitait une vingtaine d’entreprises de l’industrie de la mode et du vêtement montréalais et québécois à un événement à sa résidence à Paris. Pour l’occasion, détaillants, agents, distributeurs, média, influenceurs et blogueurs français allaient être présents. Ils m'ont proposé d'ajouter mon nom à la liste des invités. Quelle plus belle opportunité pour se jeter à l'eau, n'est-ce pas ? Mais ça, ça voulait dire aussi « débrouille-toi pour y être, ma grande ».

Ma nouvelle entreprise

Projet d'affaires à préciser, passeport à renouveler, carte d'affaires à créer, billet d'avion à acheter et logement à trouver (un grand merci à ma soeur de m'épauler), la liste est longue mais le coeur y est maintenant que la décision est prise. Ma nouvelle entreprise sera une agence de représentation de créateurs mode et design indépendants au Québec et en France. Pour débuter, je vais représenter des créateurs montréalais sur le marché français et inversement par la suite. Je quitte donc le Québec à la mi-novembre et serai de retour à la fin du mois de mars - après l'hiver :) - après avoir fait mes devoirs : études de marché, sollicitation directe, rencontre avec des joueurs de l'industrie sur place, etc. Bref, je pars prendre le pouls avec des idées plein la tête pour développer mon agence, et je me sens revivre. Comme quoi, un petit coup de pied au derrière peut faire le plus grand bien :)

PS. Avis aux intéressés : en parallèle, je poursuis ma pratique de spécialiste en rédaction en français et en correction d'épreuves au Québec et en France.