La vierge et l'enfant
J’y reviens sans personnage. Se raconte une histoire sans foi ni loi. Personne ne croit à rien. Le type se fait les ongles. Il n’a pas de sexe. Ça arrive. Aucun personnage n’existe. Il regarde ses doigts. On voit ses lèvres bouger. Il parle ou marmonne, ce qui peut aussi arriver à quelqu’un qui n’existe pas. En l’occurence, personne n’existe. Au mieux, il s’agirait de morts en instance de parler. La chose se retourne. Je ne parle pas d’une personne. La chose avance en direction du lecteur. Venez ! Qui parle ? À qui vous adressez-vous ? Je ne suis pas là. Une voix s’agite. Aucune scène n’existe. On part d’un tableau abstrait. Inutile de raconter des conneries. On voit des couleurs circuler. La chose se situerait au milieu des couleurs. On se dit, mais quelqu’un existe. Mais on ne sait pas qui. Si personne n’existe, comment se fait-il que le tableau donne l’impression d’être vivant. Couleur parle à Couleur. Formes et couleurs se conjuguent. Je veux savoir ce qui se passe. Je ne me suis pas déplacé pour rien… L’intrigue se situe dans la couleur qui chevauche une ombre informe. Difficile de distinguer ce que ça serait. Le tableau existe bel et bien. Le reste passe à la trappe à mesure qu’on y plonge le regard. Vous venez ici depuis toujours et depuis toujours, vous vous demandez ce qui se passe. Concrètement, vous savez. Je viens ici parce que je ne sais pas. Si je savais, je ne viendrais pas. Je reviens ici parce que je ne sais toujours pas ce que je fous ici. Vous tournez autour. Vous cherchez à voir. Peut-être est-ce derrière. On place un tas de choses dans le derrière. Au cul, peut-être que l’énigme sera résolue. J’ai l’impression d’approcher. Vous pénétrez carrément dans le tableau. La pénétration aide à voir plus avant. Je sais que c’est là. J’ai la tête dedans. Ça sent. On dirait de la merde… On dirait que le peintre a voulu fabriquer de la merde et pour faire beau, il a dessiné, par dessus des ombres, des personnages fantasmatiques. Je vois une femme qui allaite un enfant mais je ne vois pas d’homme. Derrière, ça sent. C’est bizarre. Si j’avais les narines bouchées, je ne crois pas que je sentirais et je m’arrêterais aux personnages de façade. La scène de la vierge et l’enfant est maintenant évidente. Toutes les scènes du monde sont ici. L’homme n’existe pas. Il n’a jamais existé. C’est faux de penser que l’homme existe. La femme est vierge et l’enfant vient du ciel. Il tête goulument le mamelon du sein. Il a faim et soif. Il se nourrit. La femme l’abreuve et le remplit de l’autre… L’enfant semble maintenant repu. Il rote. On voit ensuite sur la gauche la femme en train de pisser puis de chier copieusement. Une belle merde tombe parterre. Personne ne voit mais moi qui aie le nez dessus, je ne peux pas faire autrement. Ça fume. L’enfant est content. La femme ne dit rien. ©PN P23.81 Patrick Nicolas art cruche peinture photographique scène vierge enfant https://www.ebay.fr/itm/334785490624