La vraie innovation c'est celle pour la condition humaine

Ghyslain MORVAN, on vous voit sur les réseaux parler d’inclusion et de votre nouvelle dimension. En 2023 vous avez collectionné les prix pour la mise en place de solutions RH dans un secteur en forte pénurie de personnel. Que se passe-t-il chez vous ?

Depuis 2018, je travaille sur des opérations ponctuelles pour favoriser l’inclusion avec La bulle bleue, Le Campus de l'inclusion, L'inclusif...

J’avais besoin de donner plus de corps à mes engagements concernant la visibilité du handicap dans les entreprises. C’est pourquoi j’ai créé TRÈFLE , visant à ouvrir les esprits à la différence et offrir des perspectives d’emploi à des personnes en situation de handicap, après un accompagnement et une formation. Je suis convaincu que Trèfle peut changer la donne de l'emploi et de l'inclusion en France tout en nourrissant sainement les collaborateurs des entreprises clientes. Pour cela deux moyens :

• Installer dans les PME, ETI, GE des cantines inclusives pour partager le repas du midi ensemble de façon saine, goûteuse et durable ou
• créer des #événements inclusifs

C’est un public deux fois plus touchés par le chômage. Je pense que face aux écrans et aux circuits imprimés, il faut choisir la chaleur humaine et redécouvrir le goût de l'authenticité et de la solidarité. Voici un élan vers une meilleure QVT pour tous les travailleurs par l’alimentation et l’humanité. J’offre des plats à déguster à qui veut être convaincu.

C’est un formidable projet mais qu’est-ce qui vous a motivé ? Quelle est l’origine d’une telle décision de création ?

Nous opérons une conduite du changement au sein de nos équipes depuis 3 ans pour installer un nouveau modèle d’innovation sociale. En amont, il était important de comprendre ce qui posait problème dans notre secteur d’activité qui chaque année voit la pénurie de personnel augmenter. Nous avons appliqué les piliers de l’intelligence commerciale, mais au service des collaborateurs. Avec cette méthode, notre analyse a mis en lumière des problématiques importantes : la pénibilité du travail, la polyvalence extrême et le manque d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Et pour cause. L’activité traiteur rassemble trois compétences majeures : la production alimentaire, la préparation du matériel/transports et le service.

Concrètement qu’avez-vous mis en place pour répondre aux problématiques ?

Nous avons découpé la chaîne de valeurs en fonction des compétences, de sorte à spécialiser les postes de travail et améliorer les conditions de travail. Dorénavant, nous avons

• Une équipe dédiée à la production culinaire en semaine qui attire des chefs talentueux souhaitant profiter d’une vie de famille.
• Un pôle dédié de la préparation des commandes, la location du matériel et le transport, avec une équipe formée, dotée d’équipements de sécurité et de matériel récent.
• Et enfin, un pôle qui se focalise sur la mise de table, le dressage des buffets, l’accueil du client et le service de réception. Ainsi, jeunes Chefs de rang peuvent venir bosser chez nous, même sans permis, et les plus anciens évitent de finir avec le dos plié.

Chaque équipe peut se concentrer sur son cœur de métier. La restructuration favorise l’accueil des travailleurs en situation de handicap au sein de nos pôles de compétences bien dissociés. En effet, là où la polyvalence extrême était un frein, la spécialisation des postes est une chance de s’intégrer au monde ordinaire.

Quels ont été les conséquences de ce nouveau système ?

Après 3 ans de conduite du changement, nous pouvons désormais garder nos collaborateurs. Nous avons attiré de nombreux talents en passant de 50 à 145 personnes et presque triplé le chiffre d’affaires, avec des économies considérables notamment sur notre consommation d’énergie. Une réussite d’un point de vue RSE qui démontre que nos collaborateurs sont des maillons indispensables de notre évolution. Par ailleurs, les relations sont plus saines. Tout est mis en œuvre pour limiter la pénibilité de chaque fonction.

Quels sont les avantages concrets que vous constatez depuis cette réorganisation ?

Après 3 ans, je peux affirmer que nous avons donné un second souffle à l’entreprise et que les collaborateurs en sont satisfaits. Nous avons dégagé du temps pour chacun, pour nos missions, et nos futurs projets. Réellement, nous avons travaillé pour que ce métier existe encore dans 10 ans, et dans ce format c’est viable socialement. Enfin, j’ai pu personnellement sortir de toutes nos difficultés opérationnelles et me concentrer sur le plan 2 du projet, à savoir œuvrer pour l’inclusion.