La Vraie Vie
M. Jean Jouzel, cérémonie de remise de l'Emblème International Entreprendre & Réussir récompensant Sylvain Breuzard, Norsys et la Perma Entrentreprise

La Vraie Vie

Je me permets de partager les grandes lignes du discours de Monsieur Jouzel, Prix Nobel de la Paix 2007, à l'occasion de la cérémonie de remise de l'Emblème International Entreprendre & Réussir récompensant Sylvain Breuzard et son modèle de Perma Entreprise. Prise dans son discours, je l'ai noté à la volée, et espère être fidèle à son style, direct, mais surtout à sa pensée : implacable.

« En matière de climat, ce que nous vivons aujourd’hui, c’est ce que notre communauté scientifique envisage depuis 50 ans, avec le rapport Charney, en 1979 : si on continue nous irons dans un réchauffement de 3e. Tout était dit. Et tout a été confirmé par les rapports successifs du GIEC auquel j’ai modestement contribué avec Claude Laurius. Ce que l’on vit, on l’a envisagé en termes de risque de réchauffement, une décennie après une autre. Et on a eu depuis beaucoup de surprises, comme en 2024 avec le phénomène El Niño. Avec l’accélération de l’élévation du niveau de la mer. La fonte des glaciers, plus rapide. Tout cela, notre communauté l’a correctement envisagé. DONC on doit lui accorder de la crédibilité pour ce qui va arriver sans les prochaines décennies. Qu’envisage cette communauté ? C’est du bon sens. Le réchauffement nous en connaissons l’issue. 


Nous avons la main avec ce que nous allons faire.

Pas pour les 15 prochaines années - qui dépendent de ce que l’on a déjà mis dans l’atmosphère. Mais après : le climat de l’après 2050 dépend de ce que nous allons émettre dans les 15 prochaines années. Le réchauffement est inéluctable et on doit faire de l’adaptation. Mais c’est notre responsabilité, collectivement, de faire en sorte que les jeunes puissent s’adapter dans trop de difficulté au réchauffement climatique.

 

Plus on s’éloigne des 2°C, plus ça sera difficile, ou impossible, de s’adapter.

Où en sommes-nous ? Les premiers accords – Kyoto, Copenhague, - n’étaient pas des accords chiffrés. L’Accord de Paris a chiffré l’ambition à 1,5°C. Tout ce qui est adopté actuellement, les engagements de neutralité carbone, en découlent. Rappel : plus on est ambitieux dans le degré de stabilisation, plus il est important que cette neutralité carbone arrive rapidement. On parle de neutralité dans la 2eme partie du 21ème siècle. On devra aussi pomper du CO2 de l’atmosphère. C’est une nécessité reconnue. L’Accord de Paris s’appuie sur le rapport du GIEC. A la dernière COP de Dubaï, quand on regarde l’Accord mondial, nous, la délégation française, on dit que les ambitions y sont clairement inscrites, mais on dit aussi que l’on n’en prend pas le chemin. Nous allons, délibérément et collectivement vers un réchauffement de 3°C à l’échelle planétaire. Dans le MEME texte on dit qu’on doit faire mais qu’on ne le fera pas. Le point positif : c’est inscrit dans les textes. 100 pays ont inscrit dans leurs objectifs la neutralité à 2050 ! Même les US. Même la Chine, pour 2060 ou l’Arabie Saoudite, 2070.

 

Mais il y a un fossé entre les objectifs, les engagements et la réalité.

Quand on écoute les pétroliers : ils ont l’intention d’utiliser tout le pétrole encore disponible. L’Europe quant à elle a une vraie ambition, avec -55% d’émissions de CO2 à horizon 2030. L’État a un rôle à jouer. La planification écologique est une excellente initiative. La méthode est ok. L’ambition est ok. Ma crainte : les investissements ne sont pas à la hauteur des ambitions.

 

Les collectivités ont un rôle essentiel à jouer, avec à leur main la mobilité, l’urbanisme, l’alimentation, qui sont des clés essentielles pour l’adaptation. Le citoyen a un rôle essentiel. se loger, se nourrir, se déplacer, c’est 2/3 de nos émissions. Les propositions citoyennes de la Convention Citoyenne pour le Climat étaient très pertinentes. Mon regret : très peu de ces propositions ont été inscrites dans la planification écologique.

Les médias sont importants. L’éducation, c’est important. Je suis très impliqué dans le rôle de l’éducation supérieure, la formation des fonctionnaires. Les ONG ont un rôle important. Et quand on regarde le paysage : les entreprises ont un rôle essentiel également : je crois que le système économique actuel et l’ultra libéralisme ne sont pas compatibles avec la lutte contre le réchauffement climatique. On doit requestionner le fonctionnement de notre société.

 

Il faut être clair : il faut repenser la mission de l’entreprise.

J’aime les 3 piliers de la perma entreprise : prendre soin de l’humain, préserver la planète et se fixer des limites et regarder à la répartition des richesses. Quand on regarde le 6eme rapport du GIEC : si nous ne prenons pas la mesure du réchauffement climatique, il deviendra une menace pour notre humanité et la nature qui nous entoure.

 

J’aurais pu vous détailler les conséquences du réchauffement climatique. Mais je ne vous parlerai que de la première : accroitre les inégalités. Je me suis intéressé à la justice climatique en France. C’est très clair : les populations les plus modestes sont aussi les moins à même de faire face au réchauffement climatique. Et les pays riches, les personnes riches, sont les plus émetteurs. Et cela vaut aussi dans un pays comme la France. C’est très important d’avoir ces idées d’égalité en tête.

 

3 mots importants : solidarité – et comme on le voit, au national ou à l’international, on en est loin. Egalite : tout faire pour ne pas accroitre les inégalités entre pays, entre générations aussi. Et sobriété.

Merci Sylvain Breuzard  : tout cela est dans la notion de Perma Entreprise. »

 

C'est là rappeler une réalité qui, soit, gène les convictions de certains qui, aveuglés par leur égoïsme sans limite ' oublient que la terre qui les portent est un ensemble fini, soumis aux caprices d'un système qui la dépasse et concerne l'humanité dans son ensemble. Oui donc le modèle qu'ils portent est remis en question et devra laisser la place à un modèle à créer. De surcroît le partage avec le reste du vivant dont la nature qui l'a créé ne n'autorise pas l'humain à le détruire lorsque cela l'arrange.

Sylvain Breuzard

PDG de norsys, inventeur de la permaentrerprise et auteur de "La permaentreprise, un modèle viable pour un futur vivable, inspiré de la permaculture"

9 mois

Bercy, endroit idéal pour promouvoir un nouveau modèle d'entreprise :-) Avec des intervenants de choix : Jean Jouzel qui a été le premier à démontrer le lien entre la concentration de CO2 dans l'atmosphère et réchauffement climatique, Etienne Klein scientifique et philosophe qui préside le laboratoire de recherche sur les sciences de la matière, François Loos ancien ministre et ex président de l'Ademe. Cet emblème international "entreprendre et réussir" pour la préservation du patrimoine planétaire et de l'humanité, décerné par l'Institut International de Promotion et de Prestige au modèle de Permaentreprise va nous aider à davantage l'essaimer par une énergie de plus en plus collective :-) Merci Céline, de te faire le relais de ce moment avec enthousiasme et du discours de Jean Jouzel. sylvain

Isabelle Plond-Morand

Expert stratégie et management responsables. PDG Cabinet Conseil- Formatrice- Enseignante-chercheuse

9 mois

J'ai rencontré une pépiniériste du modèle il y a quelques mois, et ma fibre de biologiste et de RSE woman a vibré!

Thomas Breuzard

Directeur permaentreprise chez norsys et Co-président de B Lab France : pour une économie utile aux humains et qui prenne soin du vivant

9 mois

Moment privilégié que d'entendre les mots justes d'une personne qui a anticipé tout ce qui se passe depuis 50 ans... Merci Céline Puff Ardichvili ⏲️ d'avoir été là, longue vie à la Permaentreprise pour préserver le climat, et tous les êtres vivants qui en sont tributaires !

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