L'africapitalisme 2.0 est en marche !
La première journée de l'Africa CEO Forum a permis de prendre le pouls du capitalisme africain. L'accent a finalement été très peu mis sur les difficultés conjoncturelles liées aux crises sanitaires, géopolitiques et économiques qui ont secoué le Continent au cours des derniers mois. Cela montre, s'il était encore permis d'en douter, que les acteurs africains ont développé une remarquable résilience face à ce type de crises. Et c'est peut-être l'un des enseignements les plus importants de l'édition 2015 de ce Forum, qui s'impose comme l'un des temps forts dans l’agenda annuel du business africain.
L'optimisme des participants sur les perspectives à moyen et long terme du continent africain se reflète aussi dans l'essor du capitalisme familial, qui a été particulièrement bien mis en valeur, à travers un panel d'une grande qualité, associant les dirigeants de plusieurs de ces groupes familiaux qui sont en train de vivre une véritable révolution silencieuse, loin des projecteurs médiatiques.
Le capitalisme familial africain connaît la même transformation que celle expérimentée une génération auparavant par le capitalisme familial asiatique : changement de gouvernance par ouverture à des managers professionnels extérieurs à la famille, mise en place de plans de contingence et de processus de gestion permettant de réduire le risque lié au facteur humain, réorganisation du portefeuille d’activités. Comme cela a été bien exprimé par Abdelmajid Fechkeur, le dynamique patron du groupe privé algérien RedMed, spécialisé dans l'ingénierie et la prestation de services aux entreprises, la priorité aujourd'hui est à la mise à niveau des groupes familiaux africains pour en faire de véritables champions nationaux et pour accélérer leur diversification et leur internationalisation.
Un autre constat frappant est la qualité des tops managers africains, leur niveau de prise de conscience des grands problèmes régionaux et mondiaux, et leur ouverture aux autres continents, notamment à l'Asie émergente. Il n y a plus de "complexe africain" vis-à-vis d'autres zones du monde, mais une émulation revigorante. La présence du groupe Olam au forum illustre cette nouvelle tendance d'émulation et de développement des échanges Sud-Sud. Olam, une entreprise contrôlée par le fonds souverain singapourien TEMASEK, réalise l’essentiel de son chiffre d'affaires en Afrique où elle met en place des filières agro-industrielles intégrées allant de la culture à la transformation des produits agricoles.
Enfin, l'intervention du prospectiviste Jeremy Rifkin a permis de sensibiliser les grands décideurs africains aux enjeux d'une innovation disruptive, seule à même de permettre aux Africains de reprendre en main leur destin et de résoudre les défis collossaux de l'énergie et des infrastructures. On peut ne pas être d'accord avec sa théorie du "coût marginal zéro" et sa vision d'un "Internet de l'énergie" décentralisé. Mais on ne peut qu'agréer à son injonction de "penser différemment". On peut ainsi rêver d'une intégration économique africaine portée par des infrastructures d'un genre nouveau, autour d’une « colonne vertébrale numérique », - une sorte de super Ali Baba africain à l'échelle du continent -, qui mettrait en réseau producteurs, distributeurs et consommateurs.
L'africapitalisme 2.0 est en marche. Il ne faut pas occulter l'ampleur des problèmes socio-économiques que l'Afrique doit encore résoudre, mais les entreprises peuvent apporter des solutions à ces problèmes. Libérée des lourdeurs et des rigidités bureaucratiques, l'entreprise africaine peut montrer la voie vers une croissance inclusive, durable et partagée.
Economist - Senior International Adviser - Member of Boards
9 ansOlam est très liée à l'Inde Le nouveau gouvernement en Inde va signer le renouveau de la relation Inde-Afrique À suivre aussi Japon-Afrique Dans tous ces cas la France a sa place, est sollicitée
X-Mines, IA, GreenTech, DD, MENA
9 ansAfrique : horizon essentiel pour la France
Buisness Development and Partnerships Specialist
9 ansJe suis d'accord avec vous Alexandre Kateb car pour que l'Afrique puisse se développer et optimiser son potentiel, il faut miser sur le business et surtout l'innovation dans la façon de faire les affaires. D'autant plus que le modèle social et économique africain ne peut être appréhendé de façon classique vu la grande diversité et des opportunités et des menaces. De plus, pour ce qui est manque d'énergie, je pense que vu la géographie du continent, l'énergie solaire est la forme à adopter pour non seulement palier au manque mais même en faire une base d'échange commercial avec les pays du nord.