L'AGENT IMMOBILIER AUJOURD'HUI
L'Agent Immobilier : Intermédiaire et Conseiller.
L'immobilier représente un poids considérable dans notre économie financiarisée. Dans le même temps, l'Agent se trouve en prise directe avec un mouvement de fond d'ubérisation de son offre de service dont les forces contradictoires doivent le faire s'adapter en permanence au marché. Alors qu'il se concentre sur la sécurisation de l'acte, pendant de son devoir d'information, ses honoraires se voient régulièrement mis en cause.
Est-ce une manie culturelle ? Est-ce le monde 3.0 et l'information désormais accessible au grand public qui engendrent cette illusion de la gratuité de son service ?
Non, la rémunération de l'Agent va de soi. Elle ne se remet pas en question.
La Loi HOGUET qui encadre le mandat d'Agent, renvoie au principe de bonne foi à tous les stades du contrat, qui préside le droit des contrats, soumis aux dispositions d'ordre public de l'article 1104 du code civil.
En même temps la nécessité des enjeux économiques a justifié la sécurisation des actes.
Or, il s'agissait d'une véritable valorisation du métier que les dérives actuelles du numérique tendent, quelques fois, à remettre en question.
Ceci posé, il est une deuxième spécificité de l'Agent : sa connaissance fine du marché permet une fluidité de ce dernier. Son rôle de Conseil va donc plus loin que la simple entremise entre une offre et une demande. Ce Conseil élargi passe de fait par sa capacité à donner un prix de marché aux biens immobilisés. Il permet la "liquidité des biens", garantie de l'efficacité du processus de vente. Un bien "liquide", qui se vend rapidement, est un bien dont l'évaluation initiale a été la plus réaliste, à un temps "T" en rapport avec toutes les caractéristiques du bien que ce dernier possède (emplacement, état de la copropriété, qualités intrinsèques du bien, proximité des services et lieux de consommation). Sur un marché tendu, la chose paraît banale mais ne l'est pas tant que ça.
On comprend que les biens sont d'abord un vecteur de caractéristiques, mais plus largement, le prix de la transaction est avant tout celui qu'accorde ce marché (approche hédoniste de l'évaluation).
Acheteurs et vendeurs, lorsqu'ils sollicitent un Agent, se reposent sur cette expertise fondamentale que seul l'Agent est en mesure d'apporter. Dans les attentes des consommateurs, l'Agent intègre deux dimensions fondamentales : celle objective (quartier, budget, format,...), et celle subjective qui compte autant dans le choix final des consommateurs. Et l'écoute y est pour beaucoup.
On sait que la mobilité résidentielle permet "d'amortir les chocs de crise" ( Davezies, La Crise qui vient, 2012, page 13). Lorsque nous perdons sur le marché - même partiellement - la niche des primo-accédants, c'est que l'offre ne répond pas à la demande. En effet, les prix atteignent des sommets désormais inaccessibles à une partie de la population qui se voit poussée "hors les murs", (phénomène de gentrification).
Dans ce cas d'espèce, l'Agent immobilier est un acteur central, observateur, et jugulateur de ces excès du marché. Il doit, dans son devoir de Conseil, toute la transparence sur la valeur des biens. Dans cette déconnexion du marché, l'Agent doit résister à cette pression, et devant les clients en souffrance - être ce garant authentique.
Est-ce-que maintenir notre mission ne serait-elle pas d'aller vers une tarification plus en adéquation avec le marché ? J'en veux pour preuve l'étude commandée par le Center for European Law and Politics (2007) qui distingue quatre grands modèles : le modèle traditionnel latin, (dont nous sommes), celui règlementé Néerlandais, celui qui passe par un Avocat comme au Royaume-Uni et le système scandinave d'Agents immobiliers agréés.
Dans un monde où on a glissé depuis les années 2000 "de la notion de valeur d'usage à la notion de valeurs d'échanges" (Alain BECHADE : La Financiarisation de l'immobilier, atout ou risque pour l'investisseur final et son Conseil ? ", Conférence PATRIMONIA 2007), on sait que la mondialisation des échanges s'accompagne d'une financiarisation de l'économie globalisée, et d'une révolution numérique en marche.
Cependant, les agrégateurs ne remplaceront jamais l'évaluation de l'Agent, tout au plus sont-elles des données mises à la disposition des consommateurs. L'avènement de modèles nouveaux est le miroir du processus de fragmentations des acteurs. Je retiendrai qu'elle met à la disposition des Agents une "pratique de production et de diffusion nouvelle" bienvenue.(JUILLIARD Claire, "Produire des données de prix et de loyers à l'heure de la Proptech" conférence Sciences Po: "Cities and Digital Technology Chair 2020").
Pour ma part je n'oublie pas les mots de François ASCHER : "... La qualité et la vitesse de retour d'informations sont décisives et donnent naissance à des techniques nouvelles de reporting qui vont bien au-delà des tableaux de bords usuels. La connaissance n'est plus séparée de l'action, elle est dans l'action elle-même", in Les nouveaux principes de l'urbanisme, 2010.
Alors, chers CLIENTS(ES), tout comme je n'imagine pas un instant utiliser SYLLABS pour la rédaction des annonces de ventes, n'imaginez pas que l'intelligence artificielle soit déterminante quant à l'analyse de la valeur de votre bien à un moment donné.
L'intelligence artificielle n'a pas d'intention, elle ne sait pas où elle veut aller.
Et ça me va bien.