Innovation globale : "L’ai-je bien disrupté ? "​
Audrey Hepburn dans Funny Face

Innovation globale : "L’ai-je bien disrupté ? "

Ne nous le cachons pas, la zone d’incertitude économique, sociétale, culturelle dans laquelle nous nous trouvons est complexe. Elle nous met en difficulté. La hausse impressionnante du nombre de chômeurs en si peu de temps en est le signe manifeste.

C’est pourtant dans cette période durablement agitée que nous devons réfléchir sur les fondamentaux de nos entreprises et les moyens à mettre en œuvre pour les réinventer.


La tradition au risque de l’innovation

La minuscule librairie de ma petite commune vend aussi quelques DVD pointus. En mars 2019, Agnès Varda décède. Je me renseigne pour commander le coffret de l’intégrale de cette réalisatrice. Peine perdue, l’œuvre est épuisée. Plusieurs mois passent. Le libraire m’appelle pour m’informer de la réédition du coffret qu’il tient à ma disposition. Je peux passer quand je le souhaite.

Comment refuser sa proposition quand bien même son prix de vente était supérieur de 20 % à celui pratiqué par Amazon ?

Dans cette même commune, une association de commerces de bouche a mis en place lors du confinement, sans moyens, tout un ensemble de services pour livrer à domicile les commandes prises par téléphone. La GMS locale quant à elle, membre d’un grand groupe de distribution, n’est pas même parvenue à adapter son service de Drive qu’elle a fermé en plein confinement.

Le risque pour ces commerçants, c’est de ne pas savoir capitaliser sur les nouvelles offres mises en place.


Innover dans sa chaîne de valeur

Or même pour des industries ou commerces traditionnels, des outils innovants existent et permettent de dérisquer l’exploitation. Mieux connaître le besoin client, revoir sa chaîne de production et compléter son circuit de vente est possible.

L’Intelligence Artificielle est désormais accessible. Elle permet par exemple d’automatiser, à coût maîtrisé, une relation client de qualité.

Plusieurs enseignes du secteur de la mode ont compris le bénéfice relationnel de prolonger l’expérience utilisatrice (j’utilise le féminin, plus adapté au contexte) au-delà du point de vente : pouvoir ramener les pièces que l’on ne porte plus, être informée des vêtements d’une nouvelle collection en fonction de ses goûts, et même être suivie dans une habitude de déplacement pour se voir proposer sur un lieu de villégiature la nouveauté qui plaira. Ces services ajoutés permettent de fidéliser durablement la cliente et de dérisquer ainsi l’exploitation.

Une réflexion préalable sur les fondamentaux de l’entreprise est nécessaire. Elle permettra de déterminer l’impact optimal sur la chaîne de valeur. Par exemple ce pourra être la connaissance des besoins clients et de l’enrichissement des services dans le secteur de la mode. Pour la distribution alimentaire, ce sera l’anticipation des commandes en fonction de l’environnement attendu (météo, calendrier sportif, vacances scolaires etc…). Pour ce fabricant d’accessoires d’ameublement, ce sera l’automatisation de sa gestion de stocks ou un outil décisionnel qui l’aidera à déterminer les produits à ôter du catalogue. Mais ni la partie infrastructure, ni la partie soft ne constituent des obstacles insurmontables, même pour une PME.


L’innovation oui, mais globale !

Bien sûr nous admirons l’innovation-invention. Mais elle ne constitue pas, seule, le succès.

Vincent me présente un logiciel complètement disruptif . La démonstration qui suit démontre le caractère innovant de celui-ci. Mais peu de choses sur l’environnement, le marché, la concurrence ni même sur le désir client. L’exemple semble caricatural. J’observe pourtant que l’utilisation de l’adjectif disruptif tient lieu souvent d’ultime viatique. Comme si la seule ingénierie suffisait à son succès.

A l’inverse, Laurent, chercheur au CNRS, est conscient de sa responsabilité de chef d’entreprise. Malgré sa passion pour la recherche, il fait le choix de l'entrepreneuriat et intègre ses recherches dans un projet global d’entreprise. Il veille à connaître le besoin client avant de lancer un nouveau programme de recherches.

Le seul caractère disruptif d’une technologie n’est pas suffisant pour assurer le succès. Il faut mettre l’innovation en perspective d’une stratégie globale. 


C’était mieux avant !

« Que tout redevienne comme avant ». Nous avons entendu cette injonction paradoxale. Souhait de retrouver un avant heureux ( ? ) alors même qu’un grand nombre d’entreprises, de salariés, de travailleurs indépendants connaissent l’incertitude indéterminée.

Une politique d’innovation globale intelligemment introduite dans l’ensemble de la chaîne de valeur semble être le meilleur levier pour répondre aux enjeux générés par notre crise. Optimisation de la relation client, automatisation de la production administrative, amélioration de la gestion de stocks, mise en place d’outils de communication pour le télétravail… ces exemples réalisables de disruption vous permettront, titulaire d’un doctorat ou pas, de réunir les équipes et diminuer l’incertitude du lendemain.

Gilles Fuentes

Sincères remerciements aux dirigeants-créateurs qui m’aident à nourrir mes articles. Et notamment : Jad Rouhana ( Lynxdrone ); Franck Proux ( Wet road sensor ); Gérald Chomat ( Laboratoires Eriger ); Marc Delort ( Spheryplus ); Marc Lévy ( Seventyonepercent ) ; Aymeric Marquaire ( Scale-management ); Cédric Jacquement ( Kerameo ); Hugo Duval ( Breen ); Xavier Datin ( i2s ); Serge Desazars ( Baron de La Truffe ); Franck Thomas ( Bird e Marine ).

* L'ai-je bien disrupté ? Pastiche d'une phrase célèbre dite par l'actrice Cécile Sorel (cf. Wikipedia)


Pour aller plus loin : 

Cycle de conférences en ligne : Innovation globale dans les PME et les ETI : les clés de la réussite pour une croissance durable

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Christophe Wilmart

Helps organisations optimise their training and recruitment processes - Accompagne les organisations dans l'optimisation de leurs formations et de leur recrutements - Senior EMEA Sales and Project Manager

4 ans

Merci Gilles FUENTES de ce rappel. Remettre l’Eglise au cœur du village fait toujours du bien. Le livre « la disruption » de Jean-Marie Dru (1996) est mon « livre de chevet ». Depuis le terme est souvent galvaudé mais ce qu’il exposait il y a près de 25 ans est toujours d’actualité. « Disruptons » mais avec intelligence en remettant « l’autre » au cœur de nos réflexions

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