"L'air est plus propre qu'avant la révolution industrielle" : un scénario optimiste pour le climat en 2050
Cet article, présentant un scénario optimiste, est à lire en parallèle avec son pendant pessimiste: "'La seule question est de savoir combien de temps nous allons encore ternir', le pire scénario pour le climat en 2020"
Nous sommes en 2050. Nous avons réussi à réduire les émissions de moitié tous les dix ans depuis 2020. Nous nous dirigeons vers un monde qui ne se réchauffera pas de plus de 1,5°C d'ici 2100.
Dans la plupart des endroits du monde, l'air est humide et frais, même dans les villes. Cela ressemble beaucoup à une promenade en forêt. L'air est plus pur qu'il ne l'était avant la révolution industrielle. Nous devons remercier les arbres pour cela. Ils sont partout.
Ce n'était pas la seule solution dont nous avions besoin, mais la prolifération des arbres nous a donné le temps nécessaire pour vaincre les émissions de carbone. Lorsque nous avons commencé, c'était purement pratique, une tactique pour lutter contre la crise climatique en déplaçant le carbone : les arbres emmagasinait le dioxyde de carbone de l'air, libéraient de l'oxygène et remettaient le carbone là où il devait être, dans le sol. Cela a bien sûr contribué à atténuer la crise climatique, mais les bénéfices étaient encore plus importants. À tous les niveaux, la sensation de vivre sur une planète à nouveau verte a été transformateur, en particulier dans les villes.
La restructuration des villes a été cruciale pour résoudre le problème du changement climatique. Mais des mesures supplémentaires devaient être prises, ce qui signifiait que les efforts mondiaux de réaménagement devaient aller bien au-delà des villes. La couverture forestière mondiale est maintenant de 50 % et l'agriculture a évolué pour devenir plus arboricole. De nombreux pays sont désormais méconnaissables, dans le bon sens du terme. Les pâtures à perte de vue et les monocultures sont des choses du passé. Nous avons maintenant des pâturages parsemés de bosquets ombragés et de vergers ainsi que de grands parcs naturels qui s'étendent à perte de vue: de nouveaux havres de paix pour les populations d'insectes pollinisateurs qui sont maintenant présentes en masse.
Le passage vers un monde neutre en carbone est principalement dû à notre électricité: pour atteindre la neutralité carbone, il a fallu non seulement une révision des infrastructures électriques existantes, mais aussi un changement structurel majeur. D'une certaine manière, le démantèlement du réseau traditionnel et la décentralisation de l'électricité se sont avérés faciles. Nous ne brûlons plus de combustibles fossiles. La majeure partie de notre énergie provient désormais de sources renouvelables telles que le vent, le soleil, la géothermie et l'hydroélectricité. Toutes les maisons et tous les bâtiments produisent leur propre électricité: chaque surface disponible est recouverte d'une peinture solaire qui contient des millions de nanoparticules qui récoltent l'énergie de la lumière du soleil, et chaque endroit venteux est équipé d'une éolienne. Si vous vivez sur une colline particulièrement ensoleillée ou venteuse, votre maison produit plus d'énergie qu'elle ne peut en utiliser, auquel cas l'énergie est simplement renvoyée vers le réseau intelligent. Comme il n'y a pas de coût de combustion, l'énergie est pratiquement gratuite. Elle est également plus abondante et plus efficacement utilisée que jamais.
Partout dans le monde, les maisons et les bâtiments deviennent autonomes bien au-delà de leurs besoins en électricité. Par exemple, tous les bâtiments collectent désormais l'eau de pluie et gèrent leur propre utilisation de l'eau. Les sources d'électricité renouvelables rendent possible le dessalement localisé, ce qui signifie que l'eau potable peut désormais être produite à la demande partout dans le monde. Nous l'utilisons également pour irriguer les jardins hydroponiques, les chasses d'eau et les douches.
Les voitures à essence et diesel sont des anachronismes. La plupart des pays ont interdit leur fabrication en 2030, mais il a fallu encore 15 ans pour que les moteurs à combustion interne soient complètement retirés de la circulation.
Ce qui est étrange, c'est qu'il nous a fallu tant de temps pour réaliser que le moteur électrique est tout simplement une meilleure façon d'alimenter les véhicules. Il vous donne plus de couple, plus de vitesse quand vous en avez besoin, et la capacité de récupérer de l'énergie quand vous freinez et il nécessite beaucoup moins d'entretien.
Nous partageons aussi les voitures sans y réfléchir à deux fois. En fait, la réglementation et la sécurité des voitures autonomes ont été les plus grands obstacles à surmonter dans les villes en matière de transport. L'objectif a été d'éliminer la propriété privée des véhicules d'ici 2050 dans les grandes zones métropolitaines. Nous n'en sommes pas encore là, mais nous faisons des progrès.
Nous avons également réduit les besoins en matière de transport terrestre. Des drones organisés le long de couloirs aériens livrent désormais des colis, ce qui réduit encore le besoin de véhicules. Ainsi, nous rétrécissons actuellement les routes, supprimons les places de parking et investissons dans des projets d'urbanisme qui facilitent la marche et le vélo en ville.
Si nous avons réussi à réduire les émissions de carbone, nous devons encore faire face aux conséquences des niveaux records de dioxyde de carbone dans l'atmosphère. Les gaz à effet de serre à longue durée de vie n'ont pas d'autre destination que l'atmosphère déjà chargée. Ils continuent donc à provoquer des conditions météorologiques de plus en plus extrêmes, même si elles le sont moins que si nous avions continué à brûler des combustibles fossiles.
Les glaciers et la glace arctique continuent de fondre et la mer continue de monter. De graves sécheresses et la désertification se produisent dans l'ouest des États-Unis, en Méditerranée et dans certaines régions de Chine. Les conditions météorologiques extrêmes et la dégradation des ressources continuent de multiplier les disparités existantes en matière de revenus, de santé publique, de sécurité alimentaire et de disponibilité de l'eau. Mais les gouvernements ont désormais reconnu les facteurs de la crise climatique et leurs effets multiplicateurs. Cette prise de conscience nous permet de prévoir les problèmes et de les solutionner avant qu'ils ne se transforment en crises humanitaires.
Tout le monde comprend que nous sommes tous dans le même bateau. Une catastrophe qui se produit dans un pays est susceptible de se produire dans un autre en quelques années seulement. Il nous a fallu un certain temps pour réaliser que si nous trouvions le moyen de sauver les îles du Pacifique de l'élévation du niveau de la mer cette année, nous pourrions alors trouver le moyen de sauver Rotterdam dans cinq ans.
L'air du temps a profondément changé. Nos sentiments à l'égard du monde ont changé, profondément. Et, de manière inattendue, ce que nous ressentons les uns pour les autres a également changé.
Lorsque la sonnette d'alarme a été tirée en 2020, en grande partie grâce aux actions menées par des jeunes du monder entier, nous avons réalisé que nous souffrions de trop de consommation, de concurrence et d'intérêt personnel avide. Notre attachement à ces valeurs et notre recherche du profit et du statut nous avaient amenés à mettre la pression sur notre environnement. En tant qu'espèce, nous étions hors de contrôle et le résultat a été le quasi-effondrement de notre monde.
Nous sommes sortis de la crise climatique en tant que membres plus mûrs de la communauté de la vie, capables non seulement de restaurer les écosystèmes mais aussi de déployer nos potentiels dormants de force et de discernement humains. L'humanité n'a jamais été aussi condamnée qu'elle le pensait. Vaincre cette croyance était notre véritable héritage.
Cet article est tiré et traduit d'un article du Guardian paru le 15 février, lui même tiré du livre The Future We Choose: Surviving the Climate Crisis de Christiana Figueres et Tom Rivett-Carnac, publié par Manilla Press.
Passioned Graphic designer and Illustrator
4 ansSympa ce petit billet optimiste ;)